Grands-parents : droits, devoirs, plaisirs…
65 pages
Français

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Description

« Trouver sa place de grand-parent, cela demande d’avoir réfléchi au temps et à l’énergie que l’on est prêt à consacrer à ses petits-enfants, de marquer ses limites comme d’accepter celles que mettent les parents, mais surtout de faire preuve de souplesse en s’adaptant à toutes les circonstances de la vie qui conduisent parfois loin des principes que l’on s’était donnés. » « En tant que grands-parents, nous n’avons pas l’obligation de nous comporter en maîtres détenteurs de l’autorité, nous pouvons la faire respecter avec un petit clin d’œil. » « Nous pouvons en quelque sorte être des ponts entre les parents et l’adolescent, relativiser ce qui semble insurmontable... »

Ces brèves réflexions de grands-parents illustrent quelques spécificités de la grand-parentalité : capacité d’adaptation, bien sûr, mais aussi, un nouveau rôle à s’approprier et à ne pas confondre avec celui de parent. Écoute, conseil, aide en tout genre, transmission de l’histoire familiale, de valeurs ou encore de compétences/connaissances sont autant de façons possibles pour les mamys et les papys de bâtir une relation avec leurs petits-enfants, toujours dans l’espace qui leur est laissé par les parents.

Mais parfois, pour diverses raisons, il se peut qu’aucune place ne leur soit accordée. Ainsi, un certain nombre de grands-parents s’interrogent sur leurs droits et entreprennent des démarches en espérant pouvoir être présents dans la vie de leurs petits-enfants. À l’inverse, d’autres grands-parents sont, quant à eux, sursollicités... et doivent parfois encore répondre aux demandes de soutien de leurs propres parents. Pris en sandwich, il peut leur être difficile de conjuguer ces interpellations émanant de toute part, qui plus est lorsqu’ils sont encore actifs professionnellement... N’y aurait-il pas un couac dans l’organisation sociétale ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782931191033
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Grands-parents : droits, devoirs, plaisirs…
Dossier n° 130
Sommaire Introduction Le contexte C’est quoi, des grands-parents ? Trouver sa place Être grands-parents, un rôle en recomposition Au quotidien Mes grands-parents et moi… Grand-mère aujourd’hui, j’innove Du rêve à la réalité Des liens d’amour plus forts que les liens de sang Boma, elle m’a donné des racines Analyses Une grand-parentalité surinvestie… Quand le grand-parent est pris en sandwich ! Garder un enfant : quelles responsabilités ? Quels droits pour les grands-parents ? Pistes Graines de pistes à picore r La médiation, un moyen de régler les conflits intergénérationnels Lutter contre le sentiment de solitude Nous empruntons la Terre à nos petits-enfants Conclusion Boîte à outils
Introduction
C’est un fait, certains grands-parents ne peuvent plus voir leurs petits-enfants et bien souvent, cette situation est source de souffrance. Pour y remédier, les grands-parents se questionnent quant à la manière de pouvoir arranger les choses sans passer par la justice. Ils sont en quête d’informations ou de services qui pourraient les aider dans une démarche de médiation. Ils veulent aussi en savoir plus sur leurs droits de grands-parents.

Ce constat émane d’observations directement faites dans notre pratique quotidienne chez Couples et Familles. Régulièrement, des grands-parents — qui ont l’impression d’avoir déjà fait tout ce qui était en leur pouvoir pour améliorer la situation, mais en vain — sollicitent notre aide. Dès lors, il était plus que temps de mettre au point une étude vers laquelle toute personne concernée par les problématiques inhérentes aux relations impliquant les petits-enfants et leurs aïeuls puisse se tourner.

Ainsi, cette étude vise un triple objectif. Prioritairement, répondre aux principales questions que se posent les grands-parents qui cherchent des solutions pour rester en relation avec leurs petits-enfants. Mais aussi, aborder la question de la relation à établir avant que le problème ne se pose. Et surtout, donner l’occasion aux lecteurs de s’interroger sur la façon dont ils fonctionnent dans les questions relationnelles.

L’aspect juridique, ou autrement dit, les droits des grands-parents, ne constitue donc que le point de départ de cette étude qui se prolonge en s’attardant sur d’autres épreuves de la grand-parentalité, telles que le poids des diverses sollicitations (financières, idéologiques, temporelles, etc.) qui peut parfois peser sur les épaules des seniors, ou encore, les tensions qui peuvent survenir lorsque les options parentales et grands-parentales sont en conflit… sans parler de l’apprentissage, tantôt naturel, tantôt complexe, du rôle à tenir dans une nouvelle configuration du schéma familial impliquant notamment d’« autres » grands-parents.

Toutefois, la grand-parentalité, au-delà des droits, des devoirs et des tracas, c’est aussi, dans pas mal de cas, une porte ouverte sur de la joie, du plaisir, de l’enchantement. Mais même quand la relation entre grands-parents et petits-enfants est établie sur de bonnes bases, il n’en demeure pas moins que les grands-parents sont parfois en prise avec d’autres préoccupations — voire obligations — qui viennent altérer la façon dont ils imaginaient vivre leur grand-parentalité.

Par exemple, les soins à procurer aux arrière-grands-parents qui viennent se combiner à la garde des petits-enfants ; tout cela alors que le grand-parent est peut-être toujours actif professionnellement.

Bref, grand-parentalité est encore loin de rimer avec tranquillité… Quand les politiques publiques s’empareront-elles de la question pour enfin reconnaître la charge qui incombe aux grands-parents, et surtout, les en soulager ?

Audrey Dessy,
Couples et Familles,
Éditions Feuilles Familiales
Le contexte
C’est quoi, des grands-parents ?
Mille réponses qui diffèrent en fonction du vécu de chacun sont possibles. Andrée De Smet a tenté en quelques phrases de résumer son ressenti d’enfant et sa conception du rôle de grand-mère, sans autre prétention que le partage d’une histoire, d’une réflexion, d’une expérience…
 
Est-ce parce que je n’ai connu aucun de mes quatre grands-parents, tous morts dans les années trente, que dès ma plus tendre enfance j’ai été fascinée et attirée par des « aïeul(e)s » conformes au portrait que mon imagination avait fait du grand-père idéal ou de la parfaite grand-mère ?
 
Un grand-père ? C’était un homme qui savait plein de choses et que tout le monde respectait, mais aussi un homme à la voix grave, une voix qu’il utilisait plus pour taquiner que pour gronder, et qui était expert dans l’art de faire sauter les enfants sur ses genoux… Et qui mieux que Victor Hugo pourrait illustrer cette définition ? Souvenez-vous de ce texte que nous avons appris à l’école :
 
Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,
Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,
J’allai voir la proscrite en pleine forfaiture,
Et lui glissai dans l’ombre un pot de confiture.
 
Et la suite, exquise : toute la famille s’insurge devant ce geste jugé contraire aux lois et estime que le grand-père mériterait aussi d’être au pain sec… Et la petite lui murmure tout bas Eh bien, moi, je t’irai porter des confitures . (Victor Hugo, L’art d’être grand-père )
 
Une grand-mère ? C’était un regard chargé de bonté, c’était une bonne fée en quelque sorte, qui soignait les bobos et les gros chagrins, qui faisait des galettes, qui connaissait plein de secrets et savait des histoires de l’ancien temps… Aux commandements de Jésus, Grand-mère ajoutait ses conseils, mille recettes de bonne vie qu’elle avait recueillies tout le long du chemin comme des fleurs de tilleul, de mauve, de sureau, de bourrache et autres, qu’elle tenait dans son grenier en réserve pour les maux . (Marie Noël, Petit-Jour )
 
La littérature abonde de portraits hauts en couleurs. J’ai un faible pour Mémé, le merveilleux livre de Philippe Torreton, qui raconte cette grand-mère pauvre et simple qui lui a tant appris rien que par sa façon d’exister et par son rapport aux choses et aux êtres, cette grand-mère qui lui a donné des racines et une identité. Tu peux partir mémé, on va s’en sortir (… ). On peut mettre un doigt sur la carte mondiale des sentiments et se dire « je viens de là ». On sait faire des choses grâce à toi. Tu ne m’as pas fait découvrir Mozart, ni Shakespeare, ni Rimbaud. Tu ne m’as pas emmené à l’opéra, on ne courait pas les expos (…) Mais je connais grâce à toi la vie qui pousse derrière les étables, cette vie d’herbes longues comme la pluie, cette vie acide et moite. Je connais l’endroit exact où poussent les secrets (…) Plus tard, en lisant Shakespeare ou Rimbaud, en écoutant Mozart, j’avais le cartable rempli, j’avais de quoi comparer, je savais distinguer le moineau de l’épervier quand le vent est au sud, le grincement des tiges de glaïeul me disait quelque chose et le son lointain de la clarinette avait déjà fait s’envoler mes rêves à aigrettes…
 
Dans mon imagination d’enfant, les grands-parents, c’était un univers de tendresse infinie. Mais que se passe-t-il en nous quand nous accédons au « titre » de grands-parents ?
 
Lorsque l’enfant paraît
 
On le sait, la naissance d’un enfant bouleverse la dynamique du couple. Mais c’est en fait le « statut » de toute une famille qui change puisqu’elle entraîne la naissance non seulement d’un papa et d’une maman, mais également de deux grands-pères et de deux grands-mères, et, si ce n’est pas un premier né, de grands frères et/ou de grandes sœurs. Avouez que c’est amusant : à l’arrivée d’un tout petit, tous les membres de la famille montent en grade puisqu’ils deviennent « grands » ! Mais au-delà de la boutade, cela donne à réfléchir sur le miracle que représente la venue d’un nouveau-né car il fait basculer l’ordre établi : aussi petit qu’il soit, il prend toute la place et nous conduit à une certaine humilité, nous fait changer notre regard sur les choses.
 
C’est à nouveau Victor Hugo qui exprime merveilleusement cette métamorphose. Nous avons de lui l’image d’un géant de la littérature, l’image d’un homme impressionnant qui n’hésitait pas à taper sur la table pour défendre ses idées et nous nous souvenons aussi de la photo d’un homme se tenant le front dans une attitude de penseur… Et que dit-il, ce grand homme, dans L’art d’être grand-père  ?
 
L’adorable hasard d’être aïeul est tombé
Sur ma tête, et m’a fait une douce fêlure.
 
« Une douce fêlure »… Oui, le fait d’avoir des petits-enfants l’a complètement transformé et il en est bien conscient, puisqu’il écrit aussi :
 
Moi qu’un petit enfant rend tout à fait stupide,
J’en ai deux (…)
Moi dont le destin pâle et froid se décolore,
J’ai l’attendrissement de dire : Ils sont l’aurore.
 
Car c’est bien le « privilège » de la grand-parentalité que de pouvoir regarder un enfant en toute liberté sans devoir le « mettre au monde » chaque jour, je veux dire, sans devoir en assumer la responsabilité parentale, tout en le sachant être une part de nous-mêmes. Nous pouvons laisser libre cours à notre émotion et à notre fierté. Existe-t-il des mots pour exprimer ce que l’on éprouve en tenant dans notre main cette minuscule menotte et en nous disant « c’est un peu de mon sang qui coule dans ses veines » ? Ce nouveau-né qui dort dans son berceau, ce petit bout d’homme ou de femme, nous ramène au mystère de la vie, de notre vie, et à la réalité du temps qui passe. Et nous « fondons », nous nous émerveillons, nous nous agenouillons devant cet être tout neuf, si fort et si fragile à la fois, nous nous inclinons devant la sagesse qui émane de lui, tout imprégné encore de son voyage initiatique au cœur de l’amour. Car toujours l’enfant t’intimide comme s’il détenait des connaissances . (Saint-Exupéry, Citadelle )
 
Lorsque l’enfant grandit
 
Jour après jour, l’enfant

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