Ce qu il reste de moi...
166 pages
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Ce qu'il reste de moi... , livre ebook

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Description

SPT, SSPT, ESPT, PTSD, ou TSPT... Tous ces termes renvoient à une même définition : la blessure psychique. Alors que la question est encore tabou dans nos armées, le voile se lève doucement.


Cet essai a pour but de vulgariser le syndrome de stress post-traumatique, longtemps ramené à la sphère militaire. À travers un témoignage qui reflète un message d’espoir, le but est de faire sauter une bonne fois pour toutes le carcan de la honte que portent tous les blessés psychiques, et permettre à chaque personne qui souffre, civils comme militaires, de mieux le vivre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2022
Nombre de lectures 3
EAN13 9782383510383
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ce qu ’ il reste de moi …
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Aurélien Dhaussy
Ce qu ’ il reste de moi …



 
Préambule
On entend souvent des anciens dire : «   de mon temps, ça n’existait pas !   », «   On n’en parlait pas   », ou «   On était plus solide !   »… Mais nous avons tous cette image de ces mêmes anciens aigris, rongés par on ne sait quoi, et qui noient leur détresse psychologique dans l’alcool.
Le Syndrome de stress post-traumatique est un concept qui remonte aussi loin que les premières guerres. Vers 440 avant Jésus-Christ, l’historien grec Hérodote parlait déjà des conséquences des combats sur la santé mentale des soldats. Dans son œuvre Enquête , il raconte comment Epizelos, un soldat athénien, est devenu soudainement aveugle après avoir vu la mort s’abattre sur ses camarades dans une extrême violence. Le choc de la scène avait provoqué une cécité permanente. Mais ce syndrome n’a pas été étudié et explicitement décrit avant la fin du XIXe siècle. En effet, c’est le neurologue allemand Hermann Oppenheim qui, en 1889, aurait été le premier à se pencher sur le sujet. À cette époque, on ne parlait pas de stress post-traumatique, mais de «   névrose traumatique   ». Cette appellation fut utilisée afin de décrire un ensemble de symptômes rencontrés chez une population qui se trouvait bien loin des champs de bataille : les ouvriers ferroviaires. Ils furent les premiers cas d’étude de ce trouble. Le terme «   Trouble de stress post-traumatique   » (TSPT) fut employé par la suite afin de rassembler l’ensemble des symptômes et désordres résultants d’accidents technologiques et industriels. Vous imaginez bien que perdre un membre dans la machine-outil d’une chaîne d’assemblage quelconque, ou voir un collègue se faire écraser par une poutre métallique de plusieurs tonnes sur le chantier de construction d’un immeuble, peut engendrer quelques traumatismes potentiellement difficiles à gérer par la suite. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir vu la guerre pour souffrir de stress post-traumatique.
Ce n’est qu’après les ravages des deux guerres mondiales que la médecine militaire s’est intéressée au problème, sans toutefois faire de réelle avancée dans la prise en charge. On se contentait alors de parquer les blessés psychiques dans des asiles, et d’observer leurs réactions face à tel ou tel stimulus pouvant déclencher une phase de psychose. C’est de cette période qu’est née l’expression «   le vent du boulet   », faisant référence aux sifflements, blast et autres déflagrations provoqués par le passage proche d’une balle de fusil, ou l’explosion colocalisée d’un obus. J’ai toujours en tête l’image de cet homme devant qui on agite un képi, et qui, réalisant à quoi il est confronté, se met à convulser de peur. Beaucoup diront qu’il simulait, pour ne pas retourner au combat, je peux vous dire personnellement que lorsque le trouble s’est installé dans votre tête, la seule vue de la couleur kaki peut devenir problématique.
Durant les années 60-70, le concept du syndrome de stress post-traumatique fut élargi à la population civile, notamment par les mouvements féministes et pacifistes, pour inclure aux causes déjà connues, les problèmes de violences conjugales et autres agressions. Vous le verrez dans ce livre, je parle aussi bien des femmes victimes de viol, que des personnes ayant été brutalisées dans la rue. Mais on ne se rendra compte que bien plus tard que les personnes touchées ne se manifestent pas toujours tout de suite, en raison de ce qu’on appellera «   l’amnésie traumatique   ». Et bien entendu, comme pour les blessés de guerre, le déni joue un rôle prépondérant dans la gestion personnelle du traumatisme.
Oppenheim parlait de «   névrose   ». Il faisait référence dans ses travaux à des changements infimes et subtiles d’ordre moléculaire dans le système nerveux central des personnes atteintes, provoquant alors des changements comportementaux. En parallèle, on a pu observer que les personnes traumatisées étaient fréquemment touchées par des lésions cardio-vasculaires, engendrées par un stress latent, et permanent. Ce phénomène fut appelé «   névrose cardiaque   ». Ce furent Myers et Da Costa qui établirent respectivement en 1870 et 1871, les premières interprétations de cette relation entre le cœur et la psyché. On parlait alors de «   cœur irritable   » ou de «   cœur de soldat   ». Ils conceptualisaient cela en parlant de mélange dans la gestion des émotions entre le «   cœur-symbole   » et le «   cœur-organe   ». Cela touchait principalement les hommes revenus du front, ou victimes de graves accidents de travail. 120 ans plus tard, en 1991, Harold Merskey parle d’«   asthénie neurocirculatoire   » pour définir les troubles cardiaques liés aux désordres émotionnels causés par un traumatisme.
De grands noms se sont intéressés au problème, comme Charcot, alors directeur de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, puis Babinski lorsque celui-ci lui succéda. Ils étaient désaccords. Charcot, avec Pierre Janet et un certain Sigmund Freud, ont étudié ce qui s’appelait encore à l’époque la «   névrose hystérique   ». Alors que Charcot avait été le premier à parler de dissociation, Babinski lui, n’avait pas hésité à parler de simulation. Assisté de Gilles de la Tourette, il s’est davantage concentré sur la suggestibilité hystérique. Lorsque Babinski prit la succession de Charcot, la thèse sur l’origine organique de l’hystérie défendue par celui-ci fut rejetée. Ce n’est qu’avec les horreurs de la guerre que l’on prit la pleine mesure de ce trouble psychique, et que l’intérêt pour la notion de trauma put se développer.
Après la Première Guerre mondiale et ses millions de morts, la médecine militaire s’est intéressée à la notion de trauma nommée alors «   choc des tranchées   », (Myers, 1940   ; Southard, 1919) provoqué par la terreur des bombardements et l’horreur de la boucherie sur les champs de bataille. Les explosions et la vision des corps mutilés, voire déchiquetés, avaient transformé psychologiquement des milliers de personnes. Un autre terme bien connu également pour décrire cela est la «   névrose de guerre   » (Grinker et Spiegel, 1943, 1945   ; Mott, 1919). En 1942, Hado parle même de traumatophobie, littéralement la peur des blessures. Simmel, en 1919, écrivit un communiqué afin d’alerter sur les lourdes conséquences des traumatismes psychiques qu’enduraient les populations d’après-guerre, et fut le premier à parler d’invalidité.
Lors de la Première Guerre mondiale, les soldats traumatisés étaient traités de lâches, et de mutins, et pouvaient même être exécutés comme ce fut le cas dans l’affaire des caporaux de Souain. Durant la Seconde Guerre mondiale, le général Patton avait giflé un soldat traumatisé en l’insultant. Il avait dû plus tard lui présenter publiquement ses excuses au cours d’une cérémonie. Mais aujourd’hui encore, certaines mentalités n’ont pas évolué, et il n’est pas rare que des soldats souffrant de stress post-traumatique se fassent copieusement insulter par leurs pairs.
La guerre qui a véritablement permis un regain d’intérêt pour la pathologie traumatique, fut sans conteste la guerre du Vietnam. Avant celle-ci, on désignait la blessure psychique par des noms certes plus réalistes que le simple terme «   névrose   », comme «   usure au combat   » ou «   secousse au combat   », mais c’est véritablement dans les années 70 qu’est née l’appellation connue de tous aujourd’hui : «   Trouble de stress post-traumatique   ». Les soldats américains revenus du Vietnam présentaient pour la plupart des symptômes liés au TSPT. Et c’est là qu’on s’est également rendu compte qu’il pouvait y avoir une certaine période de latence entre les évènements en lien avec la blessure psychique, et l’émergence à proprement parler des symptômes. C’est la fameuse «   amnésie traumatique   ». On la retrouve très souvent chez les personnes ayant été victimes de viol ou d’agression sexuelle. C’est d’ailleurs la thèse défendue par Burgess et Holstrom, dans Rape trauma syndrom paru en 1974.
Avant cela, la psychiatrie militaire se concentrait uniquement sur les hommes. Burgees et Holstrom se sont rendu compte que les femmes ayant subi des agressions pouvaient être sujettes à des cauchemars et au surgissement inopiné d’images potentiellement traumatisantes, de façon similaire aux anciens combattants souffrant de névrose traumatique de guerre. En 1978, Kempes s’est penché sur le cas des enfants battus, et portait systématiquement ses recherches sur les violences familiales.
D’autres travaux aux États-Unis, portant sur les traumatismes liés aux violences civiles, familiales et sexuelles, accompagnés par la volonté féministe et pacifiste de défendre cette cause, ont permis une avancée significative dans la reconnaissance et le traitement du TSPT, pour en arriver à une description aussi précise que rigoureuse. Grâce à cela, le Syndrome de stress post-traumatique fut inscrit au DSM (Dagnostic and Statistical Manuel of Mental Disorders : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) en 1990, ainsi qu’à la Classification Internationale des Maladies (CIM) en 1992.
Aujourd’hui en France, si la blessure psychique est reconnue et prise en charge, elle souffre encore d’une désinformation importante, donnant lieu à des dérives dangereuses, notamment au sein des armées, avec la fustigation des soldats atteints par la plupart de leurs pairs. Un manque de suivi et de considération pouvant entraîner des conséquences désastreuses pour les b

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