La République outragée
236 pages
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La République outragée , livre ebook

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Description

« Aujourd'hui nous sommes à la croisée des chemins. Tout explose, tout implose, les ciments de la société se délitent, les valeurs qui nous ont conduits jusqu'ici sont reniées : le travail, la famille, l'école, l'autorité, la chose publique, l'altérité, le vivre ensemble, l'humanisme, la religion... Je pense que nous arrivons à la fin d'un cycle sociétal et, à en croire nos élites, il faut coûte que coûte tout déstructurer, tout décomposer. Mais pour quelle recomposition ? À quelles fins ? » L'économie, l'administration, l'Éducation nationale, la santé... Quelques-uns des secteurs qu'explore G. Michoud pour y déceler les facteurs d'immobilisme, les aberrations et l'absence de bon sens qui les gangrènent et parfois même les gouvernent. Une analyse intransigeante, détaillée et exemplifiée, qui conduit au portrait dérangeant d'une France comme prise de sclérose et qu'il faut remettre sur les rails de l'avenir. Texte politique au sens le plus large du terme, « La République outragée » en appelle urgemment, mais avec justesse, à une totale métamorphose de notre pays et de nos modes de pensée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 novembre 2014
Nombre de lectures 3
EAN13 9782342031676
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La République outragée
Guy Michoud
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La République outragée
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://guy-michoud.publibook.com
 
 
 
À toutes celles et ceux que j’ai pu déranger au quotidien par mes questionnements et commentaires sur la marche de la République.
 
À toutes celles et ceux qui m’ont encouragé dans cet exercice long et difficile.
 
À toutes celles et ceux qui ne partageront ni mon analyse, ni mes propositions. Qu’ils parlent en conscience. Il n’y a jamais de problèmes de communication mais seulement des hommes qui ne se parlent pas, dit le proverbe africain.
 
À ma famille qui ne m’a vu que de profil pendant de nombreux mois. Qu’elle me pardonne, mais cet essai n’a d’autre ambition que de contribuer à l’édification de meilleurs lendemains.
 
Enfin à celles et ceux à qui cette modeste mais sincère contribution apportera un peu plus de lumière sur le chemin…
 
 
 
Introduction. Les mauvais jardiniers
 
 
 
Ceux qui, comme moi, ont eu la chance de grandir dans ce temps hors du temps mais d’une criante modernité ici et maintenant, savent qu’une famille n’était rien sans son jardin. Du jardin, même modeste, et de ses à côtés, sortait tout ce dont nous avions besoin pour vivre dignement : des légumes, mais aussi des fruits, des œufs, de la volaille, quelques lapins et même un cochon élevé à moindres frais en commun avec notre voisin.
 
Bien entendu pour que cette économie ménagère (qui a donné en français le verbe ménager et qui s’est transformé chez nos amis anglo-saxons en manager et management ) fonctionne durant les quatre saisons, petits et grands mettaient la main à la pâte, tout naturellement et sans rechigner, pour récolter, mettre en cave, faire des conserves, des terrines, faire des charcuteries, les sécher, les fumer, faire des confitures… De plus, nous ne laissions jamais de côté ce que la nature nous offrait si généreusement : champignons, mûres, myrtilles, noisettes et quelques noix très appréciées durant l’hiver, saison pendant laquelle nous nous chauffions avec le bois coupé deux ou trois années auparavant. N’étant pas en pays de vignobles, nous ramassions aussi des pommes et des poires qui étaient lavées, broyées et pressées pour faire ce cidre clair et limpide si légèrement acidulé et astringent qui désaltérait toute la famille, rallongé d’eau fraiche pour les enfants ; eau fraiche qui, bien entendu, venait de notre propre fontaine (ou de notre puits). Même la pulpe des fruits pressée était mise à fermenter en fûts, puis distillée en hiver pour produire de l’eau de vie que ma mère savait décliner en tout une gamme de liqueurs aux saveurs inoubliables…
 
Bref, c’est à la beauté du jardin et à sa bonne tenue que l’on reconnaissait l’aisance de la famille. Nous vivions alors en harmonie tant avec la nature qu’avec nos proches et nos voisins, depuis toujours. Cependant, il ne faut pas croire que cette culture allait de soi. Il fallait planter juste au bon moment, le just in time français, à la bonne saison, et replanter quelques semaines plus tard si une mauvaise météo risquait de compromettre la récolte espérée. Il fallait ensuite être très prudent sur la gestion des produits du jardin : une part devait être conservée coûte que coûte pour le réensemencement, une deuxième part devait être vendue pour payer ce que nous ne produisions pas et, ensuite seulement, le reste pouvait être consommé en pensant toujours à conserver un peu de réserve de sécurité, au cas où… Nous n’achetions que du sel, quelques épices, du thé, du café, du riz, des pâtes, des produits laitiers à la ferme voisine et de la viande rouge une fois par semaine auprès du boucher ambulant…
 
Très naturellement, nos beaux jardins ont attiré du monde venu d’ailleurs. Régulièrement dans le village, arrivaient quelques beaux esprits de la ville, les « Monchus » 1 , qui nous disaient tout savoir sur l’art du jardin, mais que l’on n’avait jamais vu jardiner… Peut-être l’un d’entre eux avait-il œuvré dans un tout petit jardin du côté de la Corrèze mais dont on a su par la suite qu’il était conduit à grands frais pour bien peu de résultats. Pour eux, notre travail était trop pénible, pas assez rémunérateur, trop ringard, trop égoïste, trop inégalitaire puisque certains récoltaient plus que d’autres… Nous aurions aussi meilleur compte à acheter nos produits ailleurs… Tellement leurs discours de facilité étaient à la fois alléchants et culpabilisants, que nous avons tous fini par leur confier la charge d’organiser et de gérer tous les jardins de notre village.
 
Au début que de joies. Nous pouvions recevoir ce que d’autres avaient semé et récolté. Finies les dures heures de travail du petit matin et du soir au jardin, entre une longue journée de travail à l’usine ou au bureau. Nous pouvions même passer nos dimanches à nous reposer, à jouer et, comble de joie, le soir venu, au lieu d’échanger entre nous en cassant des noix et en épluchant leurs cerneaux pour en faire de l’huile, nous commencions à regarder la télé ; à un point tel que nous avons vite rompu ce lien essentiel source de vie : le travail, tout simplement. Tout était devenu facile, il suffisait d’acheter, acheter… oui, mais au bout du compte, avec quel argent ?
 
Nos Monchus pleins d’enthousiasme ont continué à organiser, à parler, toujours parler… Ils se succédaient de saisons en saisons à la direction des jardins : «  avec moi chef jardinier, demain sera formidable ! » . Pourtant, notre bon sens terrien, ancré dans les réalités de la vie, nous avait déjà enseigné que les lendemains qui chantent n’existent que dans les boites à promesses, qui se transforment souvent en boite de Pandore. À les entendre, nous aurions de quoi vivre mieux en travaillant moins, tant et si bien que certains en ont même oublié l’impérieuse nécessité de travailler. L’avers de la médaille s’est vite terni, le revers aussi d’ailleurs. Chaque nouveau chef jardinier nous demandait toujours de refaire ce que son prédécesseur nous avait commandé de faire, souvent même avant que récolte ne fût faite. On replantait et on ressemait, on arrosait de moins en moins parce que l’eau était devenue trop chère, on ne traitait plus les plantes et on n’amendait plus les sols comme avant parce que d’autres Monchus (qui n’avait surement jamais vu de jardins), autoproclamés plus verts que nous, avaient décrété que ce n’était pas bon pour la nature. Rendre à la nature ce qu’on lui a pris sous forme de compost, de fumier, de purin d’orties ou autres sulfates de cuivre, ne pouvait pas la rendre malade, mais soit, les Monchus savent, eux…
 
Il a fallu remplacer nos préparations faites maison par des produits phytosanitaires de synthèse, nos graines par des semences dûment autorisées mais non réutilisables l’année suivante, le désherbage manuel ou mécanique par des glyphosates… Résultats : en plus de voir nos rendements progressivement baisser, la rentabilité du jardin a été mise à mal par le coût de tous ces nouveaux intrants et de toutes ces nouvelles contraintes imposés par nos Monchus. Comme il y avait de plus en plus de gens à nourrir et de moins en moins de gens pour produire, on a dû se résoudre souvent à ramasser fruits et légumes avant même leur maturité. Parfois même nous devions arracher les arbres et vendre les troncs pour payer les taxes. Pire, les Monchus, par de grands plans coûteux, nous demandaient de restructurer nos jardins alors même que la dernière transformation était à peine achevée : il fallait planter hors saison, planter sur de mauvaises terres, planter sans penser à l’arrosage… Et, pour financer cette gabegie et nous la cacher, nos chefs jardiniers reportent sans cesse le problème en ayant recours à l’emprunt, de façon continue depuis quarante ans ! Emprunts dont la somme représentera très bientôt l’équivalent de toute une année de production de richesses, rendez-vous compte ! Qui est assez fou, mis à part le Monchu harangueur de pucerons rouges qui théorise à propos de jardins à Bruxelles, pour penser que cette dette accumulée ne devra pas être remboursée ?
 
Messieurs les Monchus, en quarante ans, vous avez ravagé nos jardins qui étaient l’héritage de milliers d’années de savoir faire patiemment accumulés, d’intelligence pratique fondée sur l’entraide, le respect des autres et l’observation de la nature, qui a toujours le dernier mot. Ils permettaient de faire vivre dignement toutes nos familles, de façon agréable en laissant du temps au temps, le tout dans un esprit communautaire. La solidarité entre les jardiniers et entre les familles existait, sans aucune loi. Ce que l’un avait de trop aujourd’hui, il le distribuait à l’autre tout naturellement et inversement la semaine suivante. Lorsqu’un jardinier manquait de temps, l’autre venait spontanément l’aider et, sans tenir de comptabilité, tous ces services étaient rendus, tout naturellement, de bon cœur (une mutualisation avant l’heure en quelque sorte). Mais, si d’aventure quelqu’un venait à rompre ce pacte tacite, alors il était exclu pour longtemps du groupe de solidarité…
 
Messieurs les Monchus, votre école de chefs jardiniers, même installée à Strasbourg, n’est pas devenue meilleure pour autant puisque ses enseignements conduisent à la ruine des jardins. Comprenez qu’il faut semer avant de récolter. Comprenez qu’il ne faut pas arracher le blé avant que ses grains soient à maturité, même s’il a été planté sur ordre de votre prédécesseur. Comprenez qu’il est i

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