ILS ont débarqué
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Description

« Les parents et Nelly qui sont allés voir les Desgrées du Loû ont rapporté des nouvelles. Les Allemands font une ligne de résistance Caen/Laval/Le Mans. Ils se battraient donc de l'autre côté et nous serions ainsi livrés sans batailles. Est-ce vrai ? D'autre part, les Allemands refusent de mentionner les assassinats dans l'Ouest-Éclair... Nous vivons une époque troublée ou la guerre civile gronde. Dans le Morbihan, les maquisards se promènent le fusil en bandoulière. On dit (mais je trouve cela presque impossible) que des maquisards auraient tenu en échec, pendant trois jours, une division allemande. En représailles, ceux-ci, les Allemands, ont arrêté cinq jeunes gens, les ont pendus à une fenêtre et ont obligé la population à défiler durant trois jours devant les cadavres. » Comment vivait-on dans la région de Rennes et de Redon, en Bretagne, – donc à environ 180 kilomètres des côtes normandes, 15 à 20 minutes de vol pour les fameuses et angoissantes « Forteresses volantes » B17 – à l'heure des bombardements et des mitraillages ? Comment pouvait-on s'abriter, se nourrir, résister aux réquisitions de l'occupant ? Comment pouvait-on espérer avec impatience, avec inquiétude aussi, l'arrivée des troupes alliées ? Et, simultanément, comment, par moments, pouvait-on encore se réveiller par de grands matins insouciants, cueillir des cerises, jouir d'un ciel bleu, se baigner, rire avec des amis, lire et retrouver malgré tout le bonheur de vivre ? Pour y répondre, l'auteur revit ici ses quinze ans et nous livre le récit au jour le jour de l'occupation allemande et du débarquement. À mi-chemin entre témoignage et page d'histoire, un document authentique, étonnant de justesse et d'innocence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 décembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342046748
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ILS ont débarqué
Alain Bourrut Lacouture
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
ILS ont débarqué
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://alain-bourrut-lacouture.publibook.com
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Un mot d’introduction à ce récit au jour le jour est-il nécessaire ?
 
Non. Tout a été raconté, écrit, filmé sur l’Occupation allemande en France (1940-1945), la Résistance, le Débarquement des Alliés en Normandie (6 juin 1944) puis la Libération jusqu’à la Victoire (8 mai 1945).
 
Oui si un document de première main – partiel, par nature – sur la vie quotidienne à cette époque, vécue et racontée par un garçon de quinze ans, peut répondre à quelques-unes des questions que l’on peut se poser aujourd’hui.
 
Comment vivait-on dans la région de Rennes et de Redon, en Bretagne, (donc à environ 180 kilomètres des côtes normandes, 15 à 20 minutes de vol pour les fameuses et angoissantes « Forteresses volantes » B17) à l’heure des bombardements et des mitraillages ? Comment pouvait-on s’abriter, se nourrir, résister aux réquisitions de l’occupant ? Comment pouvait-on espérer avec impatience, avec inquiétude aussi, l’arrivée des troupes alliées ? Et, simultanément, comment, par moments, pouvait-on encore se réveiller par de grands matins insouciants, cueillir des cerises, jouir d’un ciel bleu, se baigner, rire avec des amis, lire et retrouver malgré tout le bonheur de vivre ?
 
(Pour une meilleure compréhension de la période du débarquement, figure, en prologue, le texte d’un tract allié donnant des directives précises sur la conduite à tenir dans les zones de combat. En fin d’ouvrage, on trouvera également un court lexique des mots, appellations et sigles du langage courant à cette époque.)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(Reproduction d’un tract allié parachuté autour de Rennes le 28 juillet 1944. L’origine de ce tract « Savoir pour prévoir, Prévoir pour pourvoir » est vraisemblablement d’origine américaine. Sa possession était rigoureusement interdite par les autorités allemandes, susceptible même d’entraîner emprisonnement ou exécution sommaire. Il s’agit ici d’un document rare dont on ne connaît actuellement que trois exemplaires.)
 
 
 
 
 
 
 
1. Rennes, alertes et bombardements
 
 
 
Mardi 6 juin 1944
Toute la nuit, nous avons entendu de fréquents passages d’avions et quelques tirs de D.C.A. À 5 h 30, nouvelle alerte et forte D.C.A. Nous descendons tous dans la tranchée, sur la place (Hoche) où se trouvent déjà quinze à vingt personnes. Des voisins pour la plupart et nous nous connaissons de vue. Personne n’a envie de parler. Il fait froid. Nous y restons une demi-heure et bien que la fin de l’alerte n’ait pas été donnée, nous rentrons, gelés, à la maison.
Sous les marronniers en feuilles, sont venus se placer une dizaine de camions militaires, tous bâchés et recouverts de filets de camouflage. Contiennent-ils des munitions ?
 
À 8 h 30, arrive de la Préfecture, Monsieur Fégueur que Papa connaît. Très ému, il annonce :
« Ça y est ! “ILS” ont débarqué. Les Anglo-Américains ont débarqué en Normandie ! Il faut écouter la B.B.C. car “ils” vont nous donner des instructions. »
Nous nous précipitons dans le salon et autour du poste de T.S.F., malgré le brouillage des postes allemands, nous entendons nettement les consignes de sécurité. De mémoire, je note : faire des provisions d’eau dans les baignoires, utiliser tous les récipients possibles, faire des provisions de pain (avec nos tickets du mois) et de légumes secs, préparer des couvertures et des vêtements chauds en cas d’évacuation, prendre bougies et allumettes. Toutes ces instructions sont périodiquement interrompues par « Et voici maintenant quelques messages personnels de Radio Londres  ». Ces messages codés, précédés de l’indicatif de la 5 e Symphonie de Beethoven et du fameux « V » (pour Victoire) en Morse, sont destinés à la Résistance.
 
Nous courons chercher du pain. En y allant, au moment où l’alerte sonne, je rencontre Philippe. Tout Rennes est dans la rue. Je remplis aussi des bouteilles d’eau. Vers 10 heures Chantal (une amie de Nelly venue de Redon passer son bachot ici) rentre en nous annonçant que le bachot n’aura pas lieu. Monsieur Wolf leur a dit : « Les opérations du débarquement anglo-américain sur les côtes de France ont commencé. Les Alliés ont débarqué entre l’embouchure de la Seine et Cherbourg ».
 
Quand je suis allé chercher du pain, il y avait des parachutistes allemands qui réquisitionnaient les bicyclettes en bloquant la rue d’Antrain de façon brutale et en hurlant des ordres incompréhensibles, créant une grande confusion. Tout le monde se sauvait et moi avec.
 
Cet après-midi, Papa a pu trouver une place pour Chantal dans l’auto du Docteur Le Rouzic, qui rentre à Redon avec une de ses filles. L’après-midi a été assez calme coupée par des alertes. Aujourd’hui 6 alertes. Aucune information dans L’Ouest-Éclair.
Mercredi 7 juin 1944
Après une bonne nuit, nous nous réveillons en fanfare à 6 h 30. C’est un train que l’on mitraille. Nous voyons très nettement les avions faire des piquées sur la ligne de Saint-Malo. Nous nous recouchons jusqu’à 9 heures. Nouvelle alerte. Je suis allé voir dans la matinée Philippe. Ses parents sont très Gaullistes et écoutent la Radio en anglais.
 
Cet après-midi, avec Nelly, nous faisons une caisse de vivres puis je me mets à découper des articles dans L’Ouest-Éclair . 6 h 50, l’alerte dure jusqu’à 9 h 30. Je vois passer des centaines de forteresses volantes. Elles brillent dans le soleil. C’est terrifiant bien qu’elles volent très haut. Nous faisons un dîner très agité avec D.C.A. et avions. Cet après-midi, avec Maurice, nous allons voir Mademoiselle Harter qui écoute la T.S.F. allemande en allemand et ils disent qu’une très dure bataille de chars se livre au sud de Cherbourg.
 
On se bat dans les rues de Caen. Espérons dormir tranquille mais…
 
Aujourd’hui, 7 alertes.
Jeudi 8 juin 1944
Et l’aube de ce troisième jour de débarquement se lève. Peut-être est-ce le dernier ?
 
Nous avons eu ce matin une alerte assez longue. Entre 8 h 10 et 11 h 05, pendant une heure, les avions, toujours en ordre impeccable, par groupes de 20, sont passés sans arrêt. La D.C.A. tirait, tirait, dans un bruit assourdissant. Nous ne sommes pas allés dans les tranchées mais pendant ces trois heures nous n’avons fait que monter et descendre avec Jean-François dans les bras. Papa a vu Monsieur Huchet. C’est décidé, nous irons dans leur cave s’il y a quelque chose. À la T.S.F., ce matin, les Anglais ont dit qu’hier Rennes, Angers et Tours avaient été attaquées. Ce sont peut-être les mitraillages.
 
À 11 h 30, je suis allé voir Philippe qui dit que les opérations marchent très bien. Il nous montre sur sa carte où ils sont arrivés. Avant le débarquement, bien entendu, je m’étais dit que le débarquement serait un moment « à part ». On resterait cloîtré chez soi, on ne travaillerait plus et l’on pourrait mener une vie de dilettante : arranger la bibliothèque, lire, écrire, etc. Quelle bêtise !
 
Donc, je suis chez Philippe quand une nouvelle alerte sonne et nous entendons les avions. Nous grimpons quatre à quatre au grenier. Nous apercevons distinctement les forteresses volantes encadrées par les blancs flocons de la D.C.A. Ils rebombardent la ligne de Saint-Malo.
 
À mon retour, l’alerte n’était pas finie. J’entends à nouveau la D.C.A. Je me mets dans une entrée et je vois un chasseur américain se baladant à moins de trois cents mètres d’altitude en battant des ailes. Il y a des convois allemands qui passent tout le temps sur la place. On voit très peu de chasseurs allemands. Tout de même j’en ai vu 7 à midi. Nous avons des alertes jusqu’à trois heures puis le reste du temps, jusqu’à 10 heures. Rien mais toujours des avions au-dessus de nous avec de la D.C.A. mais qu’importe ! On ne donne l’alerte que pour les gros passages.
 
Cet après-midi, il fait beau. J’ai lu «  La mort volée  », un roman policier.
 
Beaucoup de gens ont été arrêtés par les Allemands. Je sens Papa et Maman inquiets. Ils craignent que la Milice ne vienne perquisitionner la maison. « Si nous étions arrêtés, ont-ils dit à Nelly, il faudrait que vous alliez immédiatement à Redon ».
 
Espérons dormir tranquille. Aujourd’hui 5 alertes. La T.S.F. annonce qu’on se bat autour de Bayeux. « Ils » ont donc reculé ? Nous saurons cela après la guerre. Saint-Malo et Vire ont été bombardées. Ils ont dit qu’« ils » avaient débarqué à Grandville. À Saint-Brieux, les Américains ont envoyé des parachutistes, les Allemands ont tiré dessus mais c’était… des mannequins !
Vendredi 9 juin 1944
Ce matin et c’est ici que commence notre tragédie, je me réveille juste pour entendre sonner une fin d’alerte. Je me dis en moi-même : « Tiens, il faudra que je la marque parce que je fais le relevé de toutes les alertes ».
 
À 2 h 10, Nelly ouvre notre porte et nous crie : « Levez-vous vite ! Regardez ! Regardez ! ». Empoignant ma culotte et l’enfilant je ne sais comment, je bondis à la fenêtre et là, j’ai une vision dont je me souviendrai toujours : celle d’un rideau de feu tombant sur la plaine de Baud. Des centaines de fusées descendent tranquillement et doucement. Je prends ma chemise de jour, mon tricot et une cravate que j’enfile et vais pour la dernière fois, avant de descendre à la cave, à la fenêtre. Je lève la tête et, oh horreur, une grappe de fusées tombe au-dessus de la maison. Nous filons dans l’escalier jusqu

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