Amours, sévices et orgues
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Amours, sévices et orgues , livre ebook

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Description

Pendant l’occupation, dans une Eglise... A l’abri des regards, Jean, fugitif, se terre... Le temps de reprendre son souffle, avant de continuer plus avant, vers le sud, la zone libre, les réseaux résistants. Sa halte durera néanmoins plus longtemps que prévu. La faute à Hans Becker, Herr Oberartz, organiste amateur que Jean, lui-même compositeur et musicien, rencontre en ces lieux et avec lequel il se lie. La faute à J.-S. Bach qui les rapproche malgré les inimitiés dues à la guerre. La faute enfin et surtout à Madeleine, tout d’abord élève impromptue, puis courtisée, puis amante... Sans s’en rendre compte, Jean a alors déjà fixé ses amarres sous les cieux angevins. Soupçonneux et inquisiteurs, collabos et miliciens interrompront néanmoins la parenthèse enchantée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748380477
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Amours, sévices et orgues
Claude Leroy
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Amours, sévices et orgues
 
 
 
Merci à Maurice André pour son appui spontané et si sympathique.
 
 
 
 
Exergue : A la guerre, o n croit mourir pour la mère Patrie, souvent on tombe pour des marchands de canons ou des chefs ambitieux ou incompétents…
 
D’après Anatole France
 
 
 
Passage de la Loire
 
 
 
En fin d’après midi de cette chaude journée de juillet 1942, Jean appréciait la fraîcheur de ce lieu silencieux. Ayant aperçu plusieurs patrouilles allemandes, il venait de se cacher dans une église de la ville, l’église saint Pierre mais il ne savait pas en entrant à quel saint patron il devait cet abri.
Il le devina en découvrant, trônant en bonne place la statue du chef des apôtres tenant à la main les clés du paradis. Comment fallait-il prendre ce présage ?
Tapi tout d’abord dans un confessionnal, il avait entendu et aperçu le sacristain fermer les portes, après la prière du salut suivie par quelques femmes, épouses, mères, sœurs de soldats prisonniers des allemands, loin d’ici.
Puis se fut le calme rassurant.
Les bruits extérieurs étaient faibles et très atténués par les murs épais et la grande porte capitonnée de l’entrée principale.
Les automobiles et camionnettes roulant au charbon de bois, étaient bruyantes certes, mais peu nombreuses. Après le couvre-feu il y aura bien une où deux rondes de motos allemandes, puis plus rien.
On ne viendra pas le chercher là.
Il attendit encore un peu dans sa cachette-guérite, le confessionnal de l’abbé Martin (il y avait son nom au dessus de la porte). Combien de vrais gros péchés avaient été avoués dans ce lieu sombre, ce petit temple du secret ?
Il paraît, mais est-ce vrai ? que certains prêtres poussent quelque peu la curiosité, ou la conscience professionnelle, en questionnant les pénitentes sur les détails de leurs fautes ou de leurs tentations charnelles. Sans doute pour mieux laver ces taches sur les consciences, pour un nettoyage plus en profondeur.
 
N’y tenant plus il lui fallait sortir, se dégourdir les jambes. Il parcouru cette grande nef gothique et silencieuse, admira une belle descente de croix, d’après… Il avait un doute sur le nom du peintre de l’oeuvre originale, probablement Rubens.
 
Plus loin une belle et grande huile d’après Guido Reni, s’il vous plait, représentant la « remise des clés à Saint pierre ». Ainsi qu’une « transfiguration » d’après Raphaël. Il lui semblait avoir déjà vu cette même peinture dans une autre église (des copies sans doute).
Jean était un familier des belles églises. Pratiquant ? Oui, mais pas seulement.
 
Musicien, compositeur, organiste il était bel et bien un fervent pratiquant de la musique en église, sacrée ou pas.
 
Il aimait bien aussi retrouver ces odeurs mélangées de fleurs, d’encens, de bougies encore fumantes et le calme serein qui sied à la pensée musicale.
 
Tout naturellement ses pas le guidèrent en direction de la tribune de l’orgue dont le buffet et les rangées de tuyaux trônaient au dessus de l’entrée. La petite porte sculptée donnant accès à l’escalier était hélas fermée. Déçu, il allait renoncer à aller voir de plus près à quoi ressemblait cet instrument. Quand il remarqua à droite, le long du mur, une colonne de soutien de la tribune qui présentait plusieurs volutes sculptées, propices à fournir quelques prises d’escalade.
 
Jean avait toujours été spontanément sportif acrobate sur son vélo, sa moto ou son side-car de l’armée. Il avait aussi beaucoup pratiqué la randonnée de montagne en famille et souvent, la haute montagne. Il atteint donc sans difficulté la tribune, sans trop savoir si la descente par cette voie sera possible. Demain est un autre jour…
 
Il fut agréablement surpris par la qualité apparente de cet orgue dans lequel il reconnu la facture de Cavaillé-Coll. Trois claviers, bien sûr un pédalier complet et un ensemble de jeux très prometteur.
Il n’avait pas joué depuis plusieurs mois, ses doigts et même les pieds lui démangeaient trop.
Il s’assied sur le banc ciré dont le lustre attestait une pratique régulière. Il caressa avec volupté les touches d’ivoire jaunies des claviers, avant de jouer. En silence, bien sûr.
Pas question de mettre la soufflerie électrique en marche. C’était trop risqué, ce n’était pas le moment d’attirer l’attention.
Cela lui manquait depuis si longtemps, il joua plus d’une heure. Les chorals et toccatas de Bach, les pièces de Louis Vierne lui venaient facilement sous les doigts. Il se remémora aussi plusieurs de ses propres compositions comme les Danses ou Prières.
On n’entendait que les bruits de claviers et pédalier, lui, entendait la musique.
Pour un spectateur non averti cela paraît invraisemblable. Comment peut-on prendre du plaisir à jouer d’un instrument muet ? (sans être sourd ?).
En fait, un très bon musicien comme l’était Jean, compositeur de surcroît, entend ce qu’il joue même sur les claviers muets.
L.V. Beethoven restera le plus connu, le plus illustre de ces géniaux infirmes.
Tiens ! Ce cher Beethoven, encore un compositeur allemand, aimé de tous les pianistes. Sauf peut-être des débutants, à cause du jeu très intense de la main gauche. Que dirait-il, le cher Ludwig de cette folie guerrière de son pays, en l’occurrence du 3ème Reich surtout.
 
Il est vrai qu’il avait piqué une colère contre notre Napoléon, quand l’Empereur et son armée avait écrasé quelques plates bandes allemandes en faisant route vers Moscou. Il lui avait même retiré sa dédicace de sa « troisième », la symphonie Héroïque.
Là où il est, s’il voit ces images de guerre, sans le son bien sûr, on n’imagine pas que la moindre idée de vengeance lui vienne à l’esprit. Il est au dessus de cela, malgré sa réputation de vieux bougon.
 
Jean se sentit mieux après avoir retrouvé ainsi ses marques et une partie de son répertoire. Il aurait continué ainsi à jouer « à tire-larigot », pour reprendre une expression du jargon de quelques organistes… ( 1 )
La faim commençait à le tenailler.
Il lui restait dans sa musette trois pommes et un morceau de pain que lui avait donnés un pêcheur l’après midi sur la Loire.
 
Ce pêcheur lui avait fait franchir dans son bateau le bras principal du fleuve, le chenal dans lequel passe tout le débit avec un courant que l’on n’imagine pas si fort en plein été. Ce passeur improvisé l’avait déposé sur le grand banc de sable pour gagner la rive sud, presque à pieds secs.
Quelques passages d’eau l’avaient obligé à se déchausser et remonter son pantalon. Optimiste il pensa tout d’abord que cela lui servirait de bain de pied (mérité après plusieurs jours de marche) mais, à l’approche de la berge, l’eau en décrue faisait place à un sable très vaseux.
 
Connaissant peu la Loire il aurait eu du mal à croire que là où il marchait, sur le sable, il y avait l’hiver 4 ou 5 mètres d’eau animée d’un courant très fort. C’est cette force en mouvement qui chaque hiver et printemps sculpte et modèle de nouveaux bancs de sable, dessinant ainsi pour l’été suivant une nou­velle variante du lit défait de la grande dame lascive.
Certes il avait autre chose à penser qu’aux caprices du fleuve. Supposant que les ponts étaient surveillés par les allemands, peut-être aussi par quelques miliciens zélés, et n’ayant évidemment pas de Ausweis (laissez-passer), il avait choisi de chercher en amont de la ville un autre moyen de franchir cette fameuse limite d’eau entre le Nord et le Sud.
C’était maintenant chose faite.
 
Depuis la tribune, un escalier donne accès au clocher. La porte cette fois est ouverte, Jean emprunte ce passage qui monte à l’intérieur du Clocher. La vue est superbe sur les toits ardoisés de la ville et surtout sur la Loire absolument embrasée par un flamboyant coucher de soleil.
Le jour décline mais Jean peut encore explorer cet espace pour, tout simple­ment, chercher un coin pour dormir. Il trouve dans un angle, plusieurs bâches de toile à coté de piles d’ardoises. Du matériel laissé là par les couvreurs en vue d’une réparation de la toiture.
 
Il tombait de fatigue et ce matelas improvisé fera l’affaire. Il établira au lever du jour, un plan d’action pour repartir en direction du sud.
Du moins le pensait-il…
Avant de s’endormir, il revit défiler les derniers évènements qui l’avaient amené jusqu’ici.
Il a connu, ce que beaucoup de soldats français ont vécu hélas lors du début de cette « drôle » de guerre. Drôle ? Elle n’avait pourtant rien de comique, mais son déroulement jusqu’à la capitulation a été « drôlement » ressenti par la population.
Les plus anciens qui ont vécu « 14/18 » et donc ont gagné la « grande guerre », étaient écœurés, très déçus par ces troufions de la jeune génération qui avaient mal pris le relais ; qui étaient pourtant partis la fleur au fusil, en août 1939 (cela fait presque trois ans déjà).
 
S’ils sont partis confiants – c’est parti comme en 14, chantaient-ils en embarquant dans les trains les conduisant au front – c’est que tous les messages du gouvernement et de l’état-Major des armées, étaient incroyablement optimistes : « On allait les arrêter ces Boches et les renvoyer chez eux »…
 
N’avait-on pas dès 1930 construit à la frontière un butoir, la fameuse ligne Maginot ? Ligne réputée infranchissable mais bizarrement discontinue. En effet, on avait estimé que les forêts frontalières des Ardennes formaient une barrière naturelle alliée, très efficace… Ben voyons…
Bien renseignées, les divisions Panzer , soutenues par les Stuquas , s’engo

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