La maison et l’homme
377 pages
Français

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La maison et l’homme , livre ebook

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Description

Au moment où la Peste noire frappe Romont en 1349, la mort et la peur fauchent près de la moitié de la population de cette ville d’environ 1800 habitants. Dix ans plus tard, les effets dévastateurs de cette épidémie sont encore perceptibles mais on décèle déjà les prémices d’une reprise. Face aux crises, la famille, noyau de base de la société, réagit rapidement en trouvant de nouveaux modes d’organisation. Observer l’évolution démographique de la ville de Romont entre 1250 et 1450 par le biais des reconnaissances et des comptes de l’administration savoyarde, c’est prendre le pouls d’une communauté dont le coeur bat au rythme des crises et des épidémies. C’est surtout appréhender la précarité dans laquelle vit la population médiévale. Cette fragilité est compensée par un dynamisme démographique consistant majoritairement en l’afflux abondant d’hommes et de femmes des campagnes environnantes. Entre 1358 et 1438, il s’effectue au moins 800 transactions immobilières à Romont qui compte alors 350 maisons. La maison est un bien qui se vend ou s’échange, bref ne reste pas longtemps dans les mêmes mains. Parallèlement, la population se déplace beaucoup. Ainsi, peu de familles demeurent au même endroit durant plus d’une ou deux générations. Ces familles dites stables ne représentent pas plus de 10 % de la population mais elles accaparent les positions dominantes dans la communauté urbaine. Romont sert de laboratoire à l’élaboration d’un modèle pour l’analyse de la population dans les villes petites et moyennes du Moyen Âge.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782889301409
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

Florian Defferrard
La maison et l’homme
Histoire sociale de Romont au Moyen Âge
Éditions Alphil-Presses universitaires suisses
Copyright




© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2016
Case postale 5 2002 Neuchâtel 2 Suisse

www.alphil.ch

Alphil Diffusion
commande@alphil.ch

ISBN EPUB : 978-2-88930-140-9

Ce livre a été publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique dans le cadre du projet pilote OAPEN-CH.

Illustration de couverture :
Romont © Bibliothèque cantonale et universitaire Fribourg. Fonds Benedikt Rast.

Thèse de doctorat présentée devant la Faculté des Lettres de l’Université de Fribourg en Suisse.
Approuvée par la Faculté des Lettres sur proposition des professeurs Hans-Joachim Schmidt (premier rapporteur) et Christian Guilleré (second rapporteur).
Fribourg, le 13 décembre 2014. Prof. Marc-Henry Soulet, Doyen.
Dédicace






« L’universel c’est le local moins les murs. C’est l’authentique qui peut être vu sous tous les angles et qui, sous tous les angles, est convaincant, comme la vérité. »
Miguel Torga (1907-1995), romancier et poète portugais. Michel Torga, L ’ universel, c ’ est le local moins les murs . Trás-os-Montes, traduit du portugais par Claire Cayron, William Blake and Co. éd., 2011 (3 e éd), p. 21.
À Carmen, Cosma, Antoine et Irina, À Maman, À tous ceux qui y ont cru.
Remerciements
Je souhaite exprimer ma profonde gratitude à mes directeurs de thèse, le professeur Hans-Joachim Schmidt (Université de Fribourg) pour son soutien indéfectible, et le professeur Christian Guilleré (Université de Savoie) pour le débat scientifique et son attention patiente et soutenue. Merci aux professeurs Luigi Provero (Università di Torino) et Paola Guglielmotti (Università di Genova) pour leur accueil lors de notre séjour italien, à Nicolas Reinhardt, le maître des cartes.
Merci aux institutions suivantes ainsi qu’à leur personnel et à leurs représentants : l’École doctorale « Sciences de l’homme, du politique et du territoire » (Université de Grenoble), l’École doctorale de l’Institut d’études médiévales (Université de Fribourg), l’École doctorale SISEO (Université de Savoie), les Archives de l’État de Fribourg, l’Archivio di Stato di Torino, les Archives cantonales vaudoises, la Ville de Romont, la paroisse catholique de Romont, la Bourgeoisie de Romont, la fondation « Marie-Anne Schmoutz en l’honneur de la Bienheureuse Loyse de Savoie », la commission des bourses FNS pour chercheur débutant de l’Université de Fribourg, la Conférence des recteurs des universités suisses (CRUS), le département des Géosciences de l’Université de Fribourg et Swisstopo, la Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg, la Biblioteca Giovanni Tabacco (Dipartimento di studi storici dell’Università di Torino).
Merci aux relecteurs attentifs : Gaëtan Cassina, Patrick Bondallaz, Alexandre Elsig, Damien Villet, Gianluca Vietti, Adrian Craciun, Nathalie et Carmen.
Introduction
La maison et l’homme forment un couple inséparable de notre civilisation sédentaire. Dès l’Antiquité, ils se retrouvent réunis ‒ mais pas confondus ‒ dans le terme latin domus 1 . Désignant à la fois l’espace construit abritant une famille et la famille elle-même, la domus comporte une valeur symbolique et devient un lieu de mémoire auquel les membres de la maisonnée s’identifient 2 . Durant les derniers siècles du Moyen Âge, vient s’ajouter à cette signification déjà complexe l’acception d’unité de perception fiscale 3 .
C’est à Romont, dans le canton de Fribourg, que nous avons entrepris de vérifier la teneur et la portée de cette réalité multiforme et, plus généralement, de donner de la chair à une histoire démographique et sociale de cette ville.
Romont est fondée sur un site qui domine la région environnante et offre un panorama permettant de contempler simultanément les sommets des Alpes et ceux du Jura. Sa position sur une colline de forme arrondie (en latin rotundus mons qui devient, en français, Romont dès la fin du XV e siècle) lui donne son nom. Comme la majeure partie des villes de la région, Romont obéit au schéma d’implantation sur un éperon ou sur une butte 4 . Dans ce paysage valloné du Plateau suisse occidental, à proximité des premiers contreforts alpins, Romont se place à mi-chemin entre les rives du lac Léman ‒ Lausanne et Vevey en particulier ‒ et les villes de Fribourg et Berne. Se trouvant à une altitude de 780 mètres au-dessus du niveau de la mer, le château principal ‒ qu’on appelle aussi grand donjon ou vieux donjon ‒ occupe le sommet de la colline ; il est entouré de la ville ancienne ceinte d’une muraille longue de 1 500 mètres. La surface de la ville intra muros comprend environ 10 hectares. Le territoire utile de la ville dépasse les limites des remparts et englobe plus de 1 000 hectares dont une grande partie de surfaces boisées et agricoles.
Fig. 1 : Photographie de Romont en 2011, vue prise de l’ouest.

© Jean-Louis Donzallaz, Romont.
Sur ce site avantageusement protégé, Pierre de Savoie fonde sa première ville neuve dans le Pays de Vaud, en 1239. L’occupation de la butte avant son arrivée échappe à notre connaissance : les sources nous permettent à peine de déduire qu’elle a appartenu successivement à la famille de Villa, puis à celle de Billens. Romont reste sous l’égide de la Maison de Savoie jusqu’à la conquête du Pays de Vaud par Berne et Fribourg en 1536. Afin de ne pas abdiquer sa foi catholique, la ville entre alors dans le giron fribourgeois. Elle devient siège d’un bailliage, puis chef-lieu de district en 1848 au moment où le canton de Fribourg réorganise ses circonscriptions administratives et crée le district de la Glâne, réunissant les anciens bailliages de Romont et de Rue ‒ autrefois des châtellenies savoyardes. Dès lors, Romont joue le rôle de centre régional pour le district et c’est là que se concentrent les principales infrastructures économiques, politiques, judiciaires et scolaires.
Le développement économique de la ville ne s’est pas accompagné de véritables industries. À l’époque médiévale, la fabrication de faux et le commerce de l’avoine semblent y avoir joué un rôle prépondérant 5 . Au XVI e siècle, c’est la fonderie de cloche Guillet qui prospère pour un temps 6 . Artisans et paysans se côtoient dans les larges rues de marché jusqu’au début du XX e siècle sans qu’aucune activité ne s’impose durablement. Bénéficiant d’une gare sur la ligne reliant Berne à Lausanne dès 1862, puis ouvrant une liaison ferroviaire avec Bulle en 1868, Romont ne parvient pas pour autant à attirer les industries : la première à s’implanter est l’Électroverre en 1935. Parallèlement la démographie progresse lentement : de 1400 à 1800, la population stagne autour des 1 500 habitants. Elle atteint environ 2 000 habitants à l’aube du XX e siècle. Aujourd’hui elle compte plus de 5 000 habitants, progression qui s’accompagne d’un essor économique tout aussi récent que fragile.
Romont a joué un rôle très en vue dans les trois derniers siècles du Moyen Âge. Sa situation centrale sur le Plateau en a fait un lieu de passage très fréquenté pour les voyageurs, commerçants et pèlerins qui se rendent d’Italie du Nord en Allemagne du Sud ou dans le sens inverse de ceux qui traversent la Suisse occidentale pour rejoindre Genève ou Lyon 7 . Son déclin débute dans le deuxième quart du XV e siècle au moment du recul de la draperie fribourgeoise et de la perte d’intérêt de Genève comme place d’échange internationale 8 . Il s’ensuit une longue stagnation due au changement d’axe du trafic commercial ainsi qu’au manque de développement d’activités industrielles ou spécialisées. Si l’arrivée du train a fait renaître des espoirs d’essor économique dans la deuxième moitié du XIX e siècle en offrant à Romont l’avantage d’être une halte sur la principale voie ferrée traversant le pays, le conservatisme catholique et la frilosité des autorités ont découragé toutes les tentatives industrielles jusqu’à l’entre-deux-guerres. L’installation de la gare a néanmoins eu des répercussions majeures sur le paysage urbain. En effet, le centre de gravité s’

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