Géographie et impérialisme
749 pages
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Géographie et impérialisme , livre ebook

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Description

Gustave Moynier, cofondateur de la Croix-Rouge, a-t-il également cofondé l’État indépendant du Congo ? Ce régime brutal d’extraction du caoutchouc dirigé par Léopold II voit le jour en 1885 à la suite d’une décennie d’événements exploratoires et conquérants. La Suisse participe à ces événements par le biais des sociétés de géographie dont Moynier fait partie.
Loin de se limiter à dévoiler un aspect sombre de la vie de cet homme, l’ouvrage de Fabio Rossinelli montre l’intégration – économique, culturelle, voire politique – de la bourgeoisie helvétique à l’impérialisme colonial du XIXe siècle. Pour ce faire, l’histoire des associations géographiques en Suisse est analysée en perspective internationale. Jusqu’à la Grande Guerre, ces sociétés représentent, à côté d’autres milieux, des cénacles où se produit un discours raciste accompagné d’actions expansionnistes.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9782889304035
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2022
10, rue du Tertre
2000 Neuchâtel
Suisse
 
 
www.alphil.ch
Alphil Diffusion
 
 
commande@alphil.ch
 
 
ISBN papier 978-2-88930-401-1
ISBN pdf 978-2-88930-402-8
ISBN epub 978-2-88930-403-5
 
DOI 10.33055/ALPHIL.03176
 
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021-2024.
 
Publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique.
 
Image de couverture : Dessin réalisé par l’illustrateur allemand Emil Doepler à l’occasion de la Conférence de Berlin de 1884-1885. Image tirée des Archives du Palais Royal de Bruxelles, Cabinet du Roi, Expansion 141.
 
Responsable d’édition : Rachel Maeder


À mes enfants, Jonah et Julia


Préface
«  Si nous ne sommes pas un peuple de marins,
nous n’en avons pas moins nos explorateurs et nos colonisateurs .   » 1
Numa Droz, août 1891
Conseiller fédéral
«  Personne ne soupçonne la Suisse d’impérialisme . » 2
Alfred Brunner, mars 1953
Ambassadeur de Suisse à Lisbonne
L es deux extraits ici mentionnés sont fort révélateurs de la perception qu’on peut avoir – à plus d’un demi-siècle de distance – de la Suisse. Dans le premier cas, on relève le caractère trompeur des apparences : en dépit du manque d’un accès à la mer, le peuple helvétique prend pleinement part à la colonisation. Tel est le message que Numa Droz communique à Berne, vers la fin du XIX e  siècle, en ouverture d’un congrès international de géographie réunissant les représentants des plus hautes sphères scientifiques, politiques et économiques de l’Occident. Dans le second, en revanche, on exalte, précisément, les apparences. La Suisse, selon Alfred Brunner, serait en bonne position, au milieu du XX e  siècle, pour financer l’équipement de l’empire portugais et profiter ainsi de son marché colonial en Afrique. De façon confidentielle, s’adressant au Conseil fédéral, il avoue qu’un tel avantage est issu de l’image dominante d’une Suisse non impérialiste.
Avec cet ouvrage, nous entrons dans le cœur du problème. Loin de se limiter à une question de perception, cette recherche vise à comprendre dans quelle mesure la Suisse – ou, pour être plus précis, la bourgeoisie suisse à la tête du pays – participe à la domination économico-politique que les grandes puissances européennes, autrefois empires coloniaux, instaurent dans le monde, le divisant géographiquement, déjà au XIX e  siècle, entre un nord « riche » et un sud « pauvre ».
Expansion coloniale, mondialisation, aide humanitaire : plusieurs concepts caractérisent l’impact – passé ou présent – de l’Europe dans les régions d’outre-mer. Il ne faut cependant pas oublier que ces régions, avant d’être exploitées par les Européens, ont bien dû être géographiquement connues. Le présent ouvrage s’intéresse à la phase de découverte, d’exploration et d’étude de la géographie mondiale. Non pas sous l’angle du développement disciplinaire de la science géographique, mais en essayant de comprendre comment une telle matière, avec ses communautés de chercheurs naissantes, a pu contribuer, au XIX e  siècle, à développer l’impérialisme. Y compris en Suisse.
Dans les cantons helvétiques industriellement plus développés émergent des sociétés de géographie qui – exactement comme celles des puissances impériales – s’occupent d’étudier l’outre-mer dans une optique d’exploitation et de domination. Y participent des représentants de l’économie capitaliste, de la politique fédérale ou encore du monde scientifique et culturel, tous fascinés par les perspectives que la pénétration occidentale dans les parties plus éloignées du globe semble leur offrir. Géographie et impérialisme se lient facilement à cette époque.
C’est à travers l’analyse d’une telle liaison en Suisse que j’espère apporter ma part de contribution à l’historiographie existante et, surtout, démythifier quelque peu l’image astucieusement construite – dans le second après-guerre notamment – d’un petit État neutre et pacifique sans visées impérialistes. Reconnaître que la Confédération, au cœur du capitalisme mondial, ne diffère pas des États qui l’entourent n’est pas un jugement de valeur subversif, mais, tout simplement, une preuve d’honnêteté intellectuelle.


1 Allocution de Numa Droz, 10 août 1891, in Congrès géographique international, 1891, p. 40.

2 Rapport confidentiel d’Alfred Brunner à l’attention de Max Petitpierre, [5] mars 1953, p. 8, in Documents diplomatiques suisses en ligne : dodis.ch/10335 (page consultée le 25 septembre 2019). La phrase originale est : «  la Suisse, que personne ne soupçonne d’impérialisme . »


Remerciements
L e présent ouvrage n’aurait pas pu être réalisé sans le concours de plusieurs personnes, que je tiens à remercier dans ces lignes.
Mes remerciements vont avant tout à Sébastien Guex, mon directeur de thèse, pour qui j’ai travaillé avec plaisir pendant tout mon mandat d’assistant diplômé à l’Université de Lausanne. Il m’a formé en tant qu’historien, il m’a lancé avec compétence et clairvoyance dans ce terrain de recherche et – surtout – il a cru dès le début en mes capacités intellectuelles.
En second lieu, par ordre de succession institutionnelle et non pas de mérites, je remercie Claudio Cerreti de l’Université de Rome. Son encadrement scientifique et son support inconditionnel ont été pour moi une véritable source d’inspiration. Ses publications m’ont en outre fourni les meilleures clés de lecture pour aborder le sujet traité dans ces pages. Le présent travail lui doit beaucoup.
Troisièmement, mes remerciements s’adressent à tous les professionnels de l’histoire qui ont mis leur temps et leur énergie à ma disposition. Il s’agit, principalement, de mes relecteurs (et collègues à Lausanne) Vivien Ballenegger, Nicolas Chachereau, Jan Chiarelli, Aniko Fehr et Grégoire Gonin. Puis du personnel des archives que j’ai consultées en Suisse (Aarau, Bâle, Berne, Genève, Neuchâtel, Saint-Gall) et à l’étranger (Bruxelles, Rome) : dans ce cadre, je ne peux pas éviter de mentionner Didier Amaury, Paul Bettens, Jean-Louis Moreau et Rafael Storme (tous en Belgique). Enfin, des personnes qui m’ont fourni une aide ponctuelle mais indispensable, à l’image d’Arturo Gallia (Rome) et de Sylvain Praz (Lausanne).
Last but not least , je remercie tous les géographes – en particulier Robin Butlin (Leeds), Federico Ferretti (Dublin), Bertrand Lévy (Genève), Patrick Rérat (Lausanne) et Marie-Claire Robic (Paris) – et historiens – notamment Kenneth Bertrams (Bruxelles), Danielle Buyssens (Genève), Bouda Etemad (Genève), Isabelle Lucas (Lausanne), Pierre-Luc Plasman (Bruxelles) et Francesco Surdich (Gênes) – avec qui j’ai eu des échanges utiles à l’avancement de ma thèse. Dans ce cadre, j’adresse un grand merci à Stéphanie Ginalski (Lausanne) et à Bernhard C. Schär (Zurich) pour leur expertise.
Hormis cette liste de collaborateurs, mes remerciements vont, d’un côté, au Fonds national suisse de la recherche scientifique, à la Société académique vaudoise et à la Fondation Van Walsem pour avoir différemment subventionné mes recherches, et, de l’autre, à mes amis et à ma famille – au sens large – pour m’avoir supporté.
Le travail présenté dans ces pages, accessible à tout public, a reçu le Prix Whitehouse de l’Université de Lausanne en 2021.


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