Violeurs de vie
40 pages
Français

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Description

« Je ne trouve goût à rien jusqu'à ce que le printemps arrive et que la nature bouge. Je m'allonge dans l'herbe, les bras en croix, et je savoure les rayons du soleil qui effleurent mon visage, au point que l'humidité de la terre me force à me lever. » Dans les yeux hagards de Flavie suinte une violente mélancolie face à une mise à mort échouée. Une enfance violée à jamais et empreinte de désolation. Alors chaque printemps viendra doucement lui raconter sa magie et l'envie de revivre, d'aimer et de raconter... Trente années d'épanouissement, du bonheur et de la poésie à l'état pur. Quand soudain s'immiscent le harcèlement et le viol psychologique dans le quotidien professionnel d'une femme qui n'avait pas une seconde suspecté la férocité des mois à venir. Brisée par le mépris incessant et tyrannique de ses supérieurs hiérarchiques, son corps et son esprit l'abandonnent et la plongent dans un profond burn-out. Elle ne s'appartient plus. Grâce à une lourde thérapie et au soutien de ses proches, elle entame une lente reconstruction et retrouve ses cinq sens dont la parole. L'écriture – la poésie en particulier – permet à Ella Jules d'exprimer les émotions qui la traversent et de renouer avec elle-même, en pleine liberté : elle revit... Le récit parallèle de l'enfance meurtrie de Flavie et de l'histoire d'Ella nous révèle la cruauté inopinée de la vie. Et pourtant, le printemps nous redonne chaque année notre chance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 novembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342157505
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Violeurs de vie
Ella Jules
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Violeurs de vie
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
Dans l’extrême danger, l’extrême audace est sagesse.
Louis-Philippe de Ségur
 
Tout est beau dans le meilleur des mondes, quand soudain un jeudi de février 2012… La descente aux enfers m’entraîne au fond d’un gouffre abyssal. Je m’en vais de ce monde.
 
Et pourtant, comme dans toutes les belles histoires, je suis heureuse et comblée, j’aime la vie et elle me le rend bien. Je suis amoureuse de mon homme et fière de mes enfants. Mon métier m’épanouit. Comme disait Voltaire : « Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. »
Mes relations sociales sont au beau fixe, ma cour me confirme que je fais sincèrement plus envie que pitié ! Nos fêtes battent leur plein, et je me laisse même à penser que j’agace parfois la gent féminine. Qu’importe, ma plus grande gageure est d’enjôler mon homme, et si je suis narcissique, c’est pour rester éternellement belle dans les yeux de mes enfants que je chéris par-dessus tout.
Mais, de manière insidieuse, depuis déjà deux ans, lentement mais sûrement, la géhenne s’installe sournoisement dans mon milieu professionnel, mon bonheur et ma bonne humeur s’estompent au fur et à mesure du temps qui passe.
 
Réussite et connaissances dérangeantes, les loups aux crocs acérés sortent de leur terrier, les manigances s’organisent jour après jour. Les discussions et les soutenances en comité de direction deviennent de plus en plus des joutes, un profond sentiment d’incompréhension naît au boulot. Mes alliés sont en nombre mais les vrais camarades se comptent seulement sur les doigts d’une main. Et puis, si la nature humaine déclenche parfois des forces insoupçonnées, elle est assurément et également synonyme de peur et de lâcheté. « Si la vérité ne sort pas du puits, c’est qu’elle a peur de se mouiller », disait Marcel Aymé.
Une pesante gêne s’installe alors et le mépris entre en scène. Et comme le dit le proverbe, « là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir ». Le quotidien devient une corvée, et le dénigrement me confine dans un isolement absolument dévastateur.
Oui, le Mal est bien là, il devient petit à petit atroce à supporter, à cause du servomécanisme que mes bourreaux mettent en place, et surtout à cause de tous ceux qui regardent et qui laissent faire, leur lâcheté devient désormais cruauté.
Je n’ai rien vu arriver, ou je n’ai rien voulu voir arriver. Pourtant de nombreux signes avant-coureurs m’avertissaient, les bruits de couloir ont fait le reste et, comme une sourde aveugle, je les réfute et continue de donner le meilleur de moi-même, comme si de rien n’était. Les quelques mains qui se glissent dans la mienne deviennent moites et fuyantes. Seules les personnes protégées « des dieux » ou n’ayant plus rien à perdre se risquent à me saluer et à me consacrer du temps.
Puis vient le temps des convocations à « guichets fermés » où fusent les reproches non fondés, et les discrédits sur mes performances. Celles-ci s’intensifient et se transforment en séance de harcèlement, durant des mois, qui n’en finissent plus. Mon sourire quotidien n’est plus de mise, il se transforme en rictus. Je ne dors plus, je suis perdue. Je cache ma souffrance, je l’intériorise. Il arrive un temps où je n’ai plus d’endroit où me terrer. Ma blessure est béante et les miens souffrent avec moi tout en essayant de comprendre et me remettre d’aplomb.
L’instinct primitif m’envahit et, soudain portée par une force surnaturelle, j’entreprends d’engager rapidement des changements professionnels pour fuir ce milieu toxique qui me consume maintenant psychiquement et physiquement.
 
Mais le laminoir est en marche depuis si longtemps, et force est de constater que le fiasco est résolument et systématiquement au bout du tunnel.
L’acharnement s’organise jusqu’à saboter toutes mes démarches, dès lors que je suis contrainte de mettre en lien les deux parties. Les entretiens a priori concluants pour d’autres postes, et qui se déroulent avec courtoisie, se transforment par magie en candidatures non retenues. Je perds mon temps et toute mon énergie, rien n’y fait, je ne suis même plus sûre d’être crédible et présentable, je perds toute assurance et confiance en moi.
 
L’affaire devient trop grave. Je suis régulièrement humiliée et menacée par ma hiérarchie, « en groupe organisé ». À bout, mes forces commencent à m’abandonner cette fois-ci.
J’entreprends d’enregistrer toutes les prochaines « mises au pilori » avec mon téléphone portable, à l’insu de mes bourreaux. Je pose simplement l’appareil en mode micro sur le coin de la table. Je sais que je devrais prévenir les personnes, je me sens coupable de le faire en cachette, mais je n’ai plus le choix, c’est ma seule alternative. Ces enregistrements n’ont pas de valeur mais ont le mérite d’être entendus par mon mari et plusieurs personnes de confiance, dont un ami avocat. J’ai grand besoin d’être « légitimée ».
J’étais seule jusqu’à ce moment-là, mais un soutien moral s’installe maintenant, sur des éléments probants qui ne sont pas le fruit de mon imagination ni d’une quelconque paranoïa. Faire écouter et écouter ces enregistrements est aussi un supplice. Mais je déculpabilise : je ne suis ni folle ni menteuse. Je suis bel et bien la tête de turc de ces salauds. Je dois me résoudre à chercher une porte de sortie honorable, mais est-ce encore possible ? Comment faire s’ils me mettent systématiquement les bâtons dans les roues ? Quelle satisfaction en retirent-ils ? Ils ne veulent plus de moi à mon poste, et me boycottent dans tous mes positionnements sur un autre poste. Je ne comprends pas.
La souffrance s’amplifie et je m’enfonce dans cette lente descente aux enfers. Nombreuses sont les personnes témoins de cette situation. Je ne suis pas la première et je ne serai pas la dernière, dit-on… Que de complices ...

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