La mort est dans le parc

J.A. Flanigham

Description

Dick REUTEL, le premier détective d’Angleterre, est appelé par son ami l’inspecteur-chef Méricourt de Scotland-Yard, afin de l’épauler dans l’enquête sur le décès de William Garsson, retrouvé, au petit matin, dans le parc de sa propriété, une balle dans la tête.

Si Garsson n’est pas mort sur le coup, il n’en vaut guère mieux et, plongé dans le coma, il ne peut révéler l’identité de son assassin.

Méricourt compte sur le fait que William Garsson et Dick REUTEL se connaissant pour fréquenter tous les deux les milieux mondains, ce dernier lui sera d’un quelconque secours.

Mais très vite, Méricourt découvre des indices accusant un dénommé Rudy Meuller, un pseudo-artiste, bohème excentrique, beau et intelligent, ancien prétendant de Betty, l’adorable femme de Dick REUTEL...

Sujets

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• Scotland Yard
• Homicide
• Fiction
• Parc
• Culture
• Littérature

Informations

• Publié par: Oxymoron Éditions
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9791070037546
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

I
Un appel salvateur

L'ironie du sourire de Dick s'accentua imperceptiblement et, bien que cette ironie soit teintée d'une infinie bonté, d'une espèce de tendresse à fleur de lèvres, il sut que Betty n'appréciait pas cette forme particulière d'humour. Il s'empara de la main de la jeune femme :
— Voyons, chérie ! Ce n'est pas parce une la tarte aux fraises était trop cuite et le rôti de porc pas assez que je mésestime vos qualités culinaires ! Il faut bien nous résigner, n'est-ce pas, puisque nous sommes actuellement sans cuisinière !
— Je n'aime pas vous entendre parler de résignation avec ce regard-là, Dick ! Un époux heureux devrait chasser ce mot de son vocabulaire !
— Le mot gastronomie ?
— Oh ! — Betty tapa du pied — RÉ-SI-GNA-TION !
Dick éclata de rire, saisit la jeune femme par la taille, l'assit sur ses genoux.
— Ravissante Irlandaise, dit-il, vous avez fait d'immenses progrès ! Je dirai même que c'est absolument remarquable et que, d'ici une dizaine d'années, vous pourrez accomplir, seule, d'étonnants prodiges.
— C'est fini ? questionna impatiemment Betty, narines palpitantes.
Le téléphone sonna.
— Je crois bien, oui ! répondit Dick en se levant et en désignant l'appareil. La vie extérieure se rappelle à l'ordre en se chargeant d'interrompre ce marivaudage conjugal.
Il décocha et Betty, qui l'observait attentivement, vit son visage se teinter d'intérêt, puis d'étonnement, durant qu'il répondait laconiquement par des « ah... » étendus, des « bon » divers, puis enfin par un « c'est d'accord ! » assez joyeux.
Il raccrocha, se tourna lentement vers Betty. Son visage avait maintenant une expression aiguë et soucieuse.
— Qu'est-ce que c'est, chéri ? demanda-t-elle, presque timidement.
Elle n'aimait pas cette flamme dangereuse dans le regard de son mari ni cette fébrilité rentrée. Elle savait bien que ceci était la manifestation extérieure de ce qu'elle avait toujours surnommé intérieurement, avec une crainte confuse, « le démon de l'aventure ».
— C'est l'inspecteur-chef Méricourt ! fit Dick. John Méricourt. Il m'avise qu'un meurtre assez curieux vient d'être commis. William Garsson a été assassiné dans le parc de sa propriété de Pretting. La balle a été tirée à bout portant, et, par une de ces fabuleuses coïncidences que le Destin se plaît parfois à créer, William Garsson n'en est pas mort. La balle s'est logée dans le cerveau, il est dans le coma, on n'en sait pas plus.
— Pourquoi vous a-t-il téléphoné, Dick ?
— Parce qu'il trouve l'affaire assez mystérieuse dès l'origine et qu'il n'ignore pas que je portais depuis fort longtemps un intérêt tout particulier à la personnalité de William Garsson !
— Qui est William Garsson, Dick ?
Le regard de Dick s'assombrit, il eut un geste vague et, après un temps d'arrêt :
— Un drôle de type, dit-il.
II
William Garsson

— Un drôle de type ! se répétait mentalement Dick, en s'asseyant machinalement dans un fauteuil. (Il n'avait rendez-vous avec l'inspecteur-chef Méricourt que dans une heure.)
Il revoyait la haute silhouette de cet élégant mondain nonchalant et flegmatique, dont la nonchalance et le flegme paraissaient être une sorte de masque apposé sur un autre visage, le vrai visage de Garsson, celui que personne ne connaissait vraiment. Garsson ? William Garsson ? Qu'était au juste William Garsson ?... Il avait toujours intrigué Dick, Dick dont le point d'honneur particulier consistait se prétendre fin psychologue.
Issu d'une excellente famille londonienne, William Garsson avait eu une jeunesse assez tapageuse, comme beaucoup de fils de famille, puis, à la suite d'une idylle déçue, il s'était retiré pendant quelques années des milieux mondains qu'il avait l'habitude de côtoyer autrefois. Le bruit avait d'autre part couru que sa situation financière avait été quelque peu compromise par un train de vie excessif, puis il avait fait, il y avait de cela dix années environ, une brillante réapparition « dans le monde ».
Betty, qui examinait à la dérobée le visage de « cet époux bien-aimé », vit son regard s'étonner, puis les lèvres de Dick s'entrouvrirent pour murmurer :
— Eh ! oui... C'est tout !
Elle osa risquer :
— Étonné, chéri ?
— Oui ! avoua-t-il.
Il s'expliqua :
— Depuis de nombreuses années, je me suis intéressé confusément à William Garsson. Je devinais en lui quelque chose de mystérieux, d'étrange, et je viens de constater, en évoquant mes souvenirs sur lui, que rien ne pouvait expliquer le sentiment bizarre qui m'a toujours envahi lorsque je me trouvais en sa présence...
Il hocha rêveusement la tête :
— Une espèce de fluide...
— Quel âge a William Garsson, Dick ?
— À peu près le mien, entre trente et trente-cinq !
— Je ne l'ai jamais rencontré, poursuivit Betty, mais j'en entendis parler à maintes reprises. On le dit fort séduisant.
— Il était fort séduisant !
— Il n'est pas encore mort, chéri !
III
Les lieux du crime...
 
Le parc était immense et la propriété originale. Une propriété campagnarde, composée d'un vieux moulin désaffecté que Garsson avait installé avec un goût parfait tout en respectant l'originalité extérieure du corps de bâtiment. À côté du moulin, située en contrebas, une vaste demeure rustique de plain-pied, tout en longueur, couverte de lierres et de roses.
Dick eut un temps d'arrêt, se pencha vers Méricourt. Son regard s'extasiait.
— Tout simplement ravissant ! dit-il.
Puis il haussa légèrement les épaules, paraissant se reprocher ce moment d'extase, ce lyrisme hors de propos, et, pointant de l'index :
— Donc, le corps de Garsson a été trouvé ce matin par le jardinier, le corps était étendu au sol, la balle était entrée sur le côté gauche du crâne, la main était curieusement crispée. C'est bien ça ?
— Oui ! dit Méricourt, je vais d'ailleurs vous conduire à l'endroit où fut trouvé le corps.
Ils firent quelques pas encore, et Méricourt, s'arrêtant, dit :
— Ici !
Dick tourna la tête, se pencha vers le sol, fixa Méricourt après que son regard eut encore fixé le moulin face à lui, le puits derrière eux, et il dit :
— Drôle d'endroit pour commettre un meurtre !
— Oui ! dit Méricourt, rêveur, il dut être attaqué par surprise.
Ils firent lentement quelques pas, Dick se retourna encore, fixant le vieux puits recouvert de lierre, puis le moulin désuet et charmant, et il répéta doucement, avec une pointe de tristesse offusquée :
— Drôle d'endroit !
Ils entrèrent dans la salle fraîche, haute et sombre du moulin. Au plafond, d'énormes solives brunies, sur les murs, recouverts de cretonne marron à fleurs claires, des étains et des vieux cuivres.
...