Albertine
105 pages
Français

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Albertine , livre ebook

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Description

Un soir en rentrant chez lui, Julien découvre une petite fille sur le pas de sa porte. Elle est seule et perdue. Au cœur d’un hiver intense, elle ne porte qu’une robe blanche à manches courtes.


Julien, ne parvenant pas à joindre les services sociaux, se résout à la recueillir.


Ce que, très vite, il va regretter...


D’abord parce que l’enfant s’obstine à garder le mystère sur son identité et ses origines.


Mais par-dessus tout, parce qu’elle possède des dons qu’elle prend plaisir à utiliser pour le martyriser, envahir son quotidien, détruire ses affaires et même faire apparaître des créatures prodigieuses et des mondes fantastiques.


Seulement Albertine n’est pas là par hasard...




Plongez au cœur des secrets d’Albertine dans la nouvelle œuvre de l’auteur de « Soline et le Monde des Rêves Abandonnés ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mai 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782384110124
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’AUTEUR


José Carli est né en 1976. Il grandit dans une ­petite ville du ­Pas-de-Calais, avant de s’installer dans la métropole Lilloise.
Il étudie d’abord les Lettres et ­Civilisations anglaises et américaines, avant de renouer avec son amour d’enfance pour les nouvelles ­technologies en devenant responsable ­informatique dans une école internationale renommée.
Guitariste, ­compositeur, et grand mélomane, il publie en 2006 sous le label Musea Records, un album de musique ­électronique ­intitulé Garajazz, aux accents rock, jazz, et world music.
Mais par-dessus tout, José est un passionné de ­littérature. Ses romans et contes fantastiques sont inspirés de tous ces univers qu’il affectionne tant. Ses textes se ­nourrissent de ses lectures classiques, autant que des ­auteurs de ­littérature fantastique qu’il admire, comme Graham Joyce, Neil Gaiman et Orson Scott Card, ou encore du cinéma américain des années 80-90 auquel il voue un véritable culte (Zemeckis, Spielberg, Burton, Dante…).


J osé Carli Albertin e




Inceptio Éditions
Direction éditoriale : Guillaume Lemoust de Lafosse
Direction presse/médias : Ophélie Pourias
Couverture : Lysiah Maro
Diffusion : DOD&Cie
© Inceptio Éditions, 2022
ISBN 978-2-38411-011-7
Droits réservés
Inceptio
contact@inceptioeditions.fr
www.inceptioeditions.com




À Noémie,


Chapitre 1 L’enterrement de Victor
Janvier expirait son souffle de lame sous les travées. Malgré l’heure matinale, le brouillard à l’extérieur conjugué à l’opacité des vitraux imposait l’atmosphère d’une nuit clandestine. La petite église du village jouait sa mélopée de murmures et de claquements de talons sur le carrelage en damier, dans le tintement accablé des cloches. On n’entendait qu’à peine les haut-parleurs chuchoter des chants religieux sombres et austères. Les voûtes et les colonnes étaient tapissées d’une lumière orangée, mêlée des flammes des cierges et de la lueur rouge des maigres tours de chauffage disposées çà et là.
Debout au premier rang devant sa chaise à l’assise en osier, Julien tenait le regard droit, planté au fond du chœur. Le branle incontrôlé de ses jambes trahissait son mal-être. Ses bras étaient contractés le long de son corps, ses mains serrées à la douleur dos contre paume. La peau de ses joues, d’ordinaire déjà pâle, avait une teinte macabre. Il grelottait, à l’étroit dans son costume gris, la gorge sanglée dans sa cravate noire. Ses poumons crachotaient un halètement saccadé.
De l’autre côté de l’allée centrale, Elise, la mère de Julien, sanglotait, la tête enfoncée dans les épaules. Son visage était dévoré par le chagrin. Elle s’épuisait à réfréner cette douleur intense, violente, qui la submergeait, comme on s’acharnerait à tenter de capturer un animal sauvage.
Au centre, le portrait de Victor les observait. Il semblait chercher à les réconforter tous les deux d’un sourire frais et jovial qui contrastait avec l’ambiance générale, au point de laisser planer un léger malaise. Le cadre était posé sur son cercueil dressé devant l’autel.
Victor était mort, trois jours auparavant, par un après-midi ordinaire.
Le père de Julien n’était pourtant alors qu’un jeune retraité. Ce jour qui lui fut fatal  – comme presque tous les jours  –, il avait passé la journée à s’affairer dans son potager.
Le soir s’était installé depuis un certain temps et approchait l’heure du dîner, quand Elise avait remarqu é son absence inhabituelle. Inquiète, elle s’était précipit ée à sa rencontre dans le jardin, et l’avait trouv é étendu au pied de sa bêche. Il avait succombé quelques heures plus tôt à une crise cardiaque, seul au milieu des plants d’ail rose.
Victor et Elise avaient été mariés pendant près de 40   ans, et Julien était leur fils unique.
Le jeune homme fut contraint de sortir de sa torpeur quand débuta la parade des convives. Une foule de visages ternes défila devant le cercueil p our saluer la mémoire du défunt. Ces femmes et ces hommes apprêtés s’arrêtaient l’un après l’autre pour témoigner leur soutien et leur compassion à la veuve. Puis ils traversaient l’allée et venaient saluer Julien à son tour.
Une galerie de figures sortie tout droit des brumes du passé.
Il parvenait à replacer la plupart des visages dans l’arbre social, une grand-tante, un voisin, un ancien collègue de Victor. Parfois même, quelques prénoms lui revenaient à l’esprit.
Des joues froides et empourprées se collèrent contre les siennes. Des poignes dures secouèrent son bras frêle. Des poitrines imposantes lui frôlèrent le torse. Des mains fermes claquèrent contre son épaule. Des dames au parfum lourd. Des hommes à la peau rêche. Ils affichaient tous la même face grise, traînaient une même tristesse contenue. Le jeune homme se contentait de produire en retour un léger mouvement de tête en guise de remerciement. Pourtant, pas un seul ne passa sans provoquer en lui un frisson d’embarras.
Et pour cause   ! Julien était habité par un mal indicible.
Depuis l’enfance, il avait toujours eu grande peine à souffrir tout contact, même le plus ordinaire. S’il avait appris au fil du temps à farder les apparences par quelques manœuvres habiles, les conventions sociales demeuraient pour lui totalement étrangères, désagréables, inconfortables.
Le jeune homme n’avait aucun ami, pas même la moindre relation vaguement familière avec quiconque. Il se gardait de tout échange comme on se protège d’une maladie. Sa solitude était devenue une sorte de forteresse qu’il défendait corps et âme contre toute tentative d’intrusion affective. Il avait fait le choix de la paix aux dépen s de la joie.
Julien ne fréquentait personne, personne ne fr équentait Julien et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes… du moins jusqu’à ce jour-là.
Il vivait l’une des rares situations dans lesquelles sa particularité le troublait. Un profond malaise s’emparait de lui à chaque fois qu’en inclinant la tête, il croisait les yeux de sa mère inondés de douleur. Sans doute aurait-il dû s’approcher d’elle, la laisser se blottir contre lui, prononcer quelques paroles apaisantes pour lui témoigner son soutien, même du bout des lèvres. Simplement faire ce qu’un fils doit faire. Il hésita, tenta plusieurs fois de se raisonner, lutta intérieurement comme un damné.
Mais il n’y parvint pas.
Ce qui semblait naturel au commun des mortels était pour lui insurmontable. Quelque chose le retenait, un poids au fond de sa poitrine, lourd comme une enclume. Il était incapable de lui apporter l’affection dont elle avait tant besoin. Une véritable paralysie émotionnelle, une malédiction   !
Quand s’acheva le passage du cortège, un abbé joufflu fit son entrée par la sacristie et avança d’un pas lent et solennel jusqu’au micro placé devant l’autel. Il observa l’assemblée d’une mine grave et le silence se fit en un instant. Julien passa discrètement le menton par-dessus son épaule, et fut surpris de découvrir une foule immense amassée dans l’église.
Victor était pourtant, tout comme son fils, un grand solitaire. Il ne quittait pratiquement jamais sa maison et son jardin. Il n’avait jamais appartenu à aucune association. Il n’allait pas à la chasse, pas à la pêche, ne suivait pas les résultats sportifs de l’équipe locale. Il ne fréquentait pas non plus le café du centre où les hommes du village avaient leurs habitudes. D’aussi loin que sa mémoire portait, Julien n’avait pas le moindre souvenir d’une soirée entre amis, d’une quelconque réception, d’une fête ou même d’un simple bal communal auxquels ils eussent participé. Ses parents n’avaient jamais eu la moindre relation familiale, amicale ou sociale.
La cérémonie démarra par un chant du prêtre. L’écho de sa voix puissante résonna dans toute l’église.

L’office fut dignement célébré et deux heures plus tard, Julien et Elise retrouvèrent une partie des convives dans la petite salle des fêtes de la commune  – gracieusement mise à disposition par Monsieur le Maire  – où une réception était donnée en l’honneur posthume de Victor. La valse des accolades reprit de plus belle, accompagnée cette fois des discours et interrogatoires de circonstance.
Madame Francourt, une voisine, fut l’une des premières à venir s’enquérir de l’évolution de la situation personnelle de Julien.
Elle s’imposa devant lui et après s’être promptement débarrassée des hommages de convenance, lança l’offensive. Julien, qui avait quitté le village depuis près de dix ans, allait devoir rendre compte de son voyage comme le veut la coutume pour tout aventurier de retour dans la tribu.
—   Alors, mon grand, comment ça se passe pour toi   ?
Madame Francourt était une dame de petite taille, aux cheveux blancs coupés très courts. Il y avait chez elle quelque chose d’électrique. Elle frétillait comme un poisson dans un filet. Son débit de paroles était si rapide qu’il était difficile de saisir le torrent de mots qui s’échappait de sa bouche et de les assembler pour leur donner un sens.
—   Oh, vous savez, je travaille… dans une banque et euh… je vis…
—   Qu’est-ce que tu dis   ? le coupa-t-elle sèchement.
Le visage de la dame se tordit en une contraction amère. Julien tressaillit. Il n’était pas habitué à faire la conversation et redevint instantanément le petit garçon de 10   ans qui rougissait sitôt qu’un adulte s’adressait à lui. Rien de ce qui sortait de sa bouche ne lui avait jamais semblé digne d’intérêt, et malgré les années, cela ne s’était pas arrangé. Sa voix peinait à franchir la frontière de ses lèvres. Il reprit en forçant sur ses cordes vocales.
—   Je disais que je vis à Lille et que je travaille dans une banque. Et…
C’était là le revers de médaille de son existence sans vague. Il ne s’y passait jamais rien. Son odyssée n’avait rien d’héro

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