Ivana, célibat, et caetera...
164 pages
Français

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Ivana, célibat, et caetera... , livre ebook

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Description

Quand Ivana se fait larguer comme une vieille chaussette par Baptiste, après huit ans d’amour, il ne lui reste plus que ses kilos et ses rides à compter. Pas facile de se retrouver sur le marché des célibataires à la trentaine, quand, pour couronner le tout, on manque de confiance en soi.
Tentant d’ignorer son chagrin, elle décide de reprendre sa vie (et son corps) en main et s’inscrit sur un site de rencontres. Si l’offre est alléchante, les produits sont souvent de second choix...


Heureusement, il reste les amies et le bon vin pour aider Ivana à prendre soin d’elle.


Mais rien ne sert de courir... il suffit d’être au bon endroit, au bon moment !



Précédente parution sous le titre Presque jeune, presque jolie, de nouveau célibataire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 avril 2023
Nombre de lectures 25
EAN13 9782384830473
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ivana, célibat, et cætera
Stéphanie Pélerin
 
 
 
Première partie
La vie, c’est comme une boîte de chocolats,
on ne sait jamais sur quoi on va tomber .
Forrest Gump
 
 
 
Elle se sentait dans un beau mensonge,
elle s’y promenait comme dans un jardin idéal,
aux fruits d’or, où elle buvait toutes les illusions .
Émile Zola, Une page d’amour
1
Baptiste dort paisiblement à mes côtés. C’est fou, il est aussi beau que le jour de notre rencontre. Huit ans déjà ! Je n’ai rien vu passer. J’ai parfois l’impression que c’était hier. Surtout que notre relation n’a pas évolué tant que ça.
Je m’extirpe du lit tout doucement, afin de ne pas le réveiller. En tout cas, pas encore. Je prends une douche fraîche, éponge les gouttes qui perlent sur mon corps. Rien de tel qu’un câlin matinal pour démarrer agréablement le dimanche. J’aime profiter de la chaleur du corps de mon amoureux encore chaud et à peine sorti du sommeil. Je me glisse nue dans notre lit. Tout à mon envie de le surprendre, je me frotte à lui.
— Écoute, Ivana, pas maintenant…
— Allez, chéri, ne te fais pas prier…
— Non, je t’assure, pas maintenant…
— Ah cet homme qu’il faut supplier… dans quelques minutes, tu ne regretteras plus d’avoir été réveillé…
Baptiste est un gros dormeur. Il a besoin d’un bon nombre d’heures de sommeil au risque d’être un insupportable râleur. Et comme il est revenu très tard d’une soirée entre potes, je vais devoir user de tous mes charmes. Et j’ai plus d’un tour dans mon sac…
— Stop, vraiment, il faut qu’on parle…
Sans vouloir rentrer dans les clichés, quand les hommes souhaitent parler, c’est rarement bon signe. Et je doute qu’il fasse sa demande en mariage.
Assis dans notre lit, Baptiste me sert le bla-bla de l’homme qui pense que la vie est trop courte pour ne pas la vivre pleinement, que huit ans, c’est long et que, pour être franc, cela fait un bail que les choses ne vont plus si bien. Conclusion : mieux vaut arrêter avant de se faire davantage de mal et de laisser bêtement filer les années.
Je suis nue comme un ver, enroulée dans la couette. Je ne me suis jamais sentie si ridicule.
— Pardon… mais ça te prend comme ça ? Pourquoi aujourd’hui, Baptiste ?
— Je crois que j’ai rencontré quelqu’un…
— Comment ça, tu crois ? T’as rencontré quelqu’un, oui ou non ? Je la connais ? C’est sérieux entre vous ?
— Ivana, stop. Tu la connais pas ! Ça prouve seulement qu’il y avait de la place pour quelqu’un d’autre dans ma vie.
 
Cette scène sort tout droit d’une mauvaise série télé. Le choc est si rude que rien ne sort : ni cri, ni larmes. Mon mec ne fait jamais rien sur un coup de tête. Depuis combien de temps mûrissait-il ce projet en silence ?
Ma vie vient de basculer. Je ne sais pas encore trop ce que ça implique, mais je sens que je vais en baver.
Baptiste, gêné, se lève et annonce qu’il va préparer un sac avec quelques affaires. Il repassera plus tard prendre ce qu’il souhaite emporter. Sa voix me parvient comme au travers d’un filtre : plus rien ne semble réel. Je me pince, je vais me réveiller.
Je réalise que je viens tout bonnement de me faire plaquer.
Je m’arrache péniblement de la chaleur de ma couette, abasourdie par cette conversation inattendue. Je me dirige vers la cuisine, mets une dosette de café dans la machine, me retiens de lui demander ce qu’il veut pour le petit déjeuner, réprime un haut-le-cœur et renonce à préparer quoi que ce soit. Je m’assieds. J’ai juste besoin de quelques instants pour reprendre contenance. Ensuite, je serai capable de faire bonne figure, j’en suis sûre.
On ne se sépare pas ainsi de quelqu’un qui vous a suivi depuis l’autre bout de la France, avec qui on a fait des projets, acheté un bien immobilier. Enfin, des projets… Baptiste a toujours délicatement esquivé toute phrase pouvant contenir les mots « mariage », « bébé » et leurs dérivés. On était trop jeunes, trop investis dans nos carrières, pas pressés, etc. J’ai fini par me persuader d’être du même avis que lui.
 
Quand je m’aperçois que je gratte machinalement du bout de l’ongle une tache de café, sans doute là depuis hier, je me lève et je quitte la pièce. Baptiste attend dans le couloir de l’entrée. Je remarque tout de suite l’énorme sac de sport posé près de la porte. Mon cœur se serre.
— T’es certain de vouloir partir tout de suite ? je réussis à prononcer, la voix étranglée.
— Si je le fais pas maintenant, j’en aurai sans doute plus le courage ensuite.
— Tu veux pas qu’on prenne un peu de temps pour en parler ?
— Ivana, c’est la moins mauvaise décision. Je suis désolé.
— Tu ne m’aimes plus, c’est ça ?
Il s’approche de moi, incapable de répondre, effleure ma joue du bout des doigts. Son visage trahit une certaine confusion. Il y a un tel écart entre la douceur de son regard et la rudesse de ce qui se joue. Je tente une dernière réplique pour le retenir.
— Mais, tu vas où ? On fait comment pour l’appart ?
— T’en fais pas, je vais me débrouiller. Et toi, t’as qu’à rester ici pour l’instant.
Quand il se retourne pour sortir, ses pieds se prennent dans la lanière de son sac. Il trébuche assez maladroitement et je ne peux m’empêcher de réprimer un « Bien fait ! » sonore. Baptiste ne répond rien et quitte l’appartement.
La porte claque derrière lui et je vacille. Il est bel et bien parti.
2
J’ai tenu bon, mais maintenant qu’il est parti, je m’effondre. Impossible d’arrêter de pleurer. Qu’est-ce que je vais faire toute seule, maintenant, dans une région qui n’est pas la mienne, en plus ? OK, c’est pas l’enfer non plus de vivre ici. J’ai un bon job, des copines. Mais la seule raison de ma présence ici, franchement, c’est lui. Et je me remets à pleurer.
C’est parti pour une journée complète sous le plaid, armée d’une bonne boîte de mouchoirs, à me lamenter sur la tristesse de mon sort. Je ne sais pas combien de fois j’ai répété « Pourquoi moi ? »
Tout à coup, j’ai une idée qui va me faire du bien : me plonger dans un bain chaud et moussant. OK, c’est pas très écolo, mais aux grands maux les grands remèdes.
Le problème de la salle de bains, c’est que tu y croises forcément ton reflet. Et là, c’est pas joli, joli. Si je fais le bilan : j’ai les yeux bouffis, des hanches et des fesses alourdies par les kilos du couple. Baptiste ne se gênait pas pour me le faire remarquer, sans jamais mentionner que ses abdos s’étaient fait la malle avec ma taille fine.
Si Baptiste ne venait pas de me plaquer comme une vieille chaussette trouée, je pourrais peut-être me voir comme je suis réellement. Si je ne me jugeais pas selon les critères irréalistes des magazines féminins, je serais peut-être un peu plus indulgente avec moi-même, aussi.
Tout ça m’a filé le cafard, je renonce au bain.
 
Question estime de moi, ça n’a jamais été le top. Suffit de voir mes photos de classe de lycée pour constater que j’étais pas douée pour mettre en valeur le peu dont la nature a bien voulu me doter.
Si Suzy m’entendait penser tout ça, elle se fâcherait c’est sûr. Je l’entends d’ici : « Andouille, ils sont d’un vert magnifique, tes yeux, quand tu pleures. T’es grande, t’as une masse de cheveux frisés incroyables. Et surtout une paire de seins… y a que toi pour pas voir que t’es un avion de chasse ».
Suzy, c’est ma meilleure amie. Avec elle, c’est à la vie à la mort depuis qu’on est gamines. Elle manque d’objectivité, forcément.
Me retrouver sur le marché du célibat à la trentaine, alors que je ressemble plus à un pétard mouillé qu’à une bombe, il ne pouvait pas m’arriver pire tuile !
J’ai essayé d’appeler quelques amis, mais forcément, un dimanche, j’ai collectionné les boîtes vocales. Souvent les gens sont en famille. À l’exception de Sarah, qui passe le week-end en Normandie avec son nouveau sex-friend. Du coup, j’ai encore moins de chance qu’elle consulte sa messagerie.
Heureusement, j’ai pu échanger quelques mots avec Suzy. Au milieu du boucan ambiant, résultat d’une horde d’enfants s’ébattant dans le salon, et des remarques acerbes de sa belle-mère, elle a réussi à trouver les mots justes, ceux qui réchauffent. C’était court, mais réconfortant. Elle m’a fait promettre de la rappeler plus tard, même en pleine nuit, si j’ai le cafard.
La journée a été morose. Mais quand je me couche, je me promets de me relever de cette épreuve, peu importe le temps qu’il faudra. Mon bonheur va devenir ma priorité. En revanche, une idée aussi brillante m’ayant épuisée, je décide d’en remettre les modalités à demain.
Après tout, le pire n’est pas arrivé : ma mère n’a pas annoncé qu’elle débarque pour les vacances d’été.
3
Quand je me réveille, l’absence de Baptiste me saute au visage. Je sors de mon lit tel un diable de sa boîte.
Je vais tâcher de faire comme si de rien n’était, au travail. Je ferai comme tout le monde, répondre « oui » quand on me demande « ça va ? ». De toute façon, les gens espèrent qu’on ne leur dira surtout pas qu’on se sent mal. J’hésite deux minutes à appeler mon médecin, pour prendre un jour d’arrêt, pour encaisser. Finalement, j’opte pour l’auto-secouage de puces. Aller bosser me changera les idées.
Une longue journée au lycée m’attend : deux heures avec des élèves de seconde surexcités, deux autres avec une classe de première générale. Passons sur l’idée brillante que j’ai eue de donner rendez-vous à des parents d’élèves sur la pause repas… Et je finirai l’après-midi en beauté : avec les terminales « spé humanités, lettres et philo ». Vu leur degré de motivation et le créneau horaire, on ne risquera pas de trouver grand-chose… {1}
Je jette un œil dans le miroir de l’entrée : maquillage discret « check », cheveux pas trop en bataille « check », yeux de cocker éploré… « check aussi ». Tant pis. J’attrape ma besace et je claque la porte derrière moi.
Pendant mon trajet en métro, je me récite des mantras pour m’empêcher de stalker Baptiste sur Instagram… C’est pas gagné…
 
Quand j’arrive au lycée Auguste Renoir, dans lequel j’enseigne depuis déjà trois ans, j’ai vingt bonnes minutes d’avance. Après avoir

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