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Description

« La sécurité d'une population est le premier des devoirs régaliens d'un État. La défense ne devrait jamais être sacrifiée au profit d'autres missions étatiques. Le désarmement “imposé” à la France dans les années trente lui a coûté horriblement cher, illustrant combien la paix n'est que le dividende d'une défense suffisante. Pour se défendre, il faut des hommes prêts à se sacrifier. En contrepartie de ce courage et de cette abnégation, l'État se doit de bien équiper son armée. Pour ce faire, il doit définir ce dont il a besoin, adopter une politique d'acquisition des matériels qui s'inscrit dans la durée, la mettre en œuvre, allouer les crédits nécessaires, gérer les investissements correspondants, dans une organisation efficace. » Cet essai s'appuie sur de nombreuses années d'expérience durant lesquelles l'auteur a travaillé pour la Défense, à la Direction générale de l'Armement, dans l'industrie de l'armement et en tant que consultant. Les propos perspicaces de ce livre, savamment construit, interpellent et entraînent à la réflexion, même quand sa lecture est terminée...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 octobre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342163483
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Gérard Lepeuple
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
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Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://gerard-lepeuple.societedesecrivains.com
 
À ma femme sans laquelle rien de tout cela n’aurait été possible.
 
 
Tous les propos qui suivent résultent de l’expérience acquise au cours de nombreuses années passées à travailler pour la Défense, à la Direction générale de l’armement, dans l’industrie et comme consultant dans ce domaine. La description de la situation est suffisamment inquiétante pour alerter et recommander plusieurs actions à lancer d’urgence. Les orientations prises par le gouvernement sont de nature à améliorer cette situation, mais sont-elles vraiment suffisantes ?
I. La Défense en Europe, sacrifiée
Pour la plupart des gens, l’Europe a vécu libre sous la protection américaine depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Son armement nucléaire interdisait toute agression de l’Union soviétique. Même après la disparition des forces du Pacte de Varsovie, nombre d’Européens ont continué à croire que les États-Unis étaient prêts à tout pour les défendre. La réalité est peut-être bien différente.
En effet, dès lors que les missiles balistiques soviétiques ont été capables d’atteindre le territoire des États-Unis, les Américains ont fait progressivement évoluer leur stratégie. L’idée de base était d’éviter qu’un conflit en Europe ne dégénère en guerre nucléaire dont la population américaine deviendrait une cible privilégiée. L’annexe 5 résume les principales étapes de cette évolution. Sa caractéristique principale est de refuser de franchir le seuil du nucléaire et de laisser le combat se poursuivre avec des armes conventionnelles, certes de plus en plus efficaces, mais qui laisseraient quand même l’Europe en ruine, une fois de plus.
Cette position a été à plusieurs reprises affirmée par de hauts responsables américains. Elle justifie pleinement les volontés britannique et française de se doter en propre des outils d’une dissuasion nucléaire. Quelques éléments tentent d’ailleurs à prouver que ces deux forces ont eu une grande importance dans le maintien de la paix en Europe pendant la guerre froide.
- Les accords SALT, limitant à cent le nombre de missiles antibalistiques (ABM – Anti Ballistic Missile), montrent bien que l’objectif visé était de se protéger contre une frappe d’une puissance intermédiaire (britannique ou française ?), et non pas des USA dont la frappe aurait été beaucoup plus massive.
- Les débats sur la présence des missiles américains Pershing en Allemagne, alors que les Soviétiques avaient déjà déployé des missiles SS20, adaptés à une attaque contre l’Europe de l’Ouest, ont poussé le Président français à intervenir 1 pour que les Allemands acceptent les missiles américains.
- Les campagnes médiatiques anti armes à neutrons 2 , dont le Hadès 3 devait être pourvu, ont été orchestrées par des mouvements dont on ne saurait affirmer à la solde de qui ils œuvraient. Cette campagne était probablement due au fait que cette arme conférait au système une plus grande crédibilité d’emploi, en raison de son efficacité et de la réduction importante des effets collatéraux induits, ce que l’Union soviétique ne pouvait accepter.
 
La France et la Grande Bretagne, mais cette dernière peut-être à un moindre degré en raison des liens très étroits qu’elle a toujours entretenu avec les USA dans ce domaine, pouvaient apparaître comme des puissances limitant fortement la portée des accords négociés directement entre les USA et l’URSS, au détriment de l’Europe. Ces deux Européens, par l’indépendance de leurs forces nucléaires, auraient pu forcer les Américains à aller bien au-delà de ce qu’ils étaient prêts à accepter pour la défense du « vieux continent » !
Pour sa part, la France a préservé en partie sa politique de défense, sans cependant lui accorder la même priorité qu’auparavant. En 1994, elle a renoué avec le principe du livre blanc (l’édition précédente remontait à 1972). Ce document a pour objectif de préciser la nature des menaces auxquelles le pays pourrait avoir à faire face dans les dix à quinze années qui suivent sa parution, et en déduire la politique de défense à adopter. La dernière version date de 2013. Elle définit les orientations stratégiques de défense et de sécurité pour la dizaine d’années suivantes. Elle fonde son analyse sur les évolutions intervenues depuis l’édition de 2008 : la crise économique et les déficits budgétaires, la hausse des budgets militaires en Asie (Chine, Corée du Sud, Inde et Japon) et leur diminution en Europe, le « printemps arabe » et la multiplication des foyers d’instabilité, le terrorisme et son extension mondiale, la fragilité nouvelle des systèmes interconnectés et la réalité des cyberattaques…
Les missions des armées et leur contrat opérationnel sont ainsi régulièrement revus et adaptés aux évolutions internationales. Les plans d’équipements des armées (leur armement) en découlent. En simplifiant à l’extrême, on peut schématiser le rôle de chacun des acteurs : les armées définissent ce dont elles ont besoin pour remplir les missions qui leur sont confiées par l’État, en termes de matériels avec les caractéristiques opérationnelles recherchées et les quantités nécessaires. La Direction générale de l’armement (DGA) 4 intervient alors pour traduire ces caractéristiques en données techniques utilisables par l’industrie. Il s’agit de pouvoir lancer et piloter les travaux nécessaires, au travers de marchés passés avec les industriels chargés de développer, produire et entretenir les matériels. Ainsi, l’équipement des armées françaises s’appuie sur un trio constitué par les armées, la DGA et l’industrie. Cette organisation date d’avril 1961, mais chacun de ces organismes a considérablement évolué depuis, et tout particulièrement ces dernières années.
En effet, au lendemain de la chute du mur de Berlin, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer les dividendes de la paix, oubliant que la paix résulte d’une défense forte ! Il en a découlé une baisse drastique des budgets de la Défense (voir annexe I). L’objectif visé par ces réductions permanentes était certes de réduire les dépenses de l’État, objectif sain pour un État très endetté, mais sans se poser la question de l’intérêt économique des investissements de défense. Et pourtant, les retombées de ces investissements nationaux s ont particulièrement importantes, que ce soit en termes d’emplois, de technologie, de produits dérivés et de balance commerciale, retombées qu’il conviendrait de bien prendre en compte avant de décider que c’est dans ce secteur qu’il faut faire des économies . Une étude universitaire 5 a même montré que le chiffre d’affaires en produits innovants qui résulte des investissements dans les travaux de recherche et de technologie (R&T) de défense est quatre fois plus important que si ces mêmes crédits avaient été investis directement dans le secteur civil.
En réalité, la défense n’a jamais eu la totalité des ressources votées en loi de finance initiale (LFI) pour mener à bien ses programmes, et les prévisions à cinq ou six ans des lois de programmation militaire (LPM) annonçaient des embellies qui ne se sont jamais concrétisées 6 .
Les ministères des finances successifs ont tous considéré les budgets de la défense comme une variable d’ajustement. Ainsi, fin 2012, en présentant son budget 2013, le ministre de la défense (Jean-Yves Le Drian) reconnaissait que son ministère n’avait pas reçu les dotations prévues dans les LPM : Fin 2012, ce sont près de 3 milliards d’Euros qui manqueront pour financer les besoins des armées et du ministère. Cet écart a nécessité principalement un aménagement du calendrier des commandes et des livraisons de matériels ainsi que des opérations d’infrastructure. Compte tenu de la divergence entre ambition et moyens alloués, des difficultés ont été rencontrées pour tenir le contrat opérationnel tel qu’il avait été défini par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008.
La revue stratégique de 2017 met à jour l’analyse de 2013, en confirme les aspects les plus inquiétants et affirme que la France soutient fermement la construction de l’Europe de la défense. Il est vraiment indispensable de mettre en œuvre les recommandations qu’elle porte. En effet, l’ambition affichée suppose des moyens, et la gestion budgétaire de 2017 a soulevé nombre de questions : comment concilier cette vision stratégique et l’annulation de 850 M€, le gel de plus de 600 M€, la sous-estimation régulière des dépenses liées aux OPEX qui se traduit par un manque de ressources de près de 200 M€, et la surestimation tout aussi régulière des recettes exceptionnelles de plus de 100 M€. Au total, ce sont de 1 150 à 1 750 M€ qui ont manqué en 2017. Et comme d’habitude, ce sont les programmes d’équipement qui en ont supporté les conséquences, donc les planifications industrielles et les matériels en dotation dans les armées. Le dégel des crédits obtenu le 27 décembre 2017 par le ministre des armées arrive bien tardivement pour changer la situation de cette année.
De 2005 à 2013, les dépenses sociales, en France, ont augmenté de près de 40 % alors que, sur la même période, le budget de la défense, budget régalien s’il en est

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