ETRE PROFESSEUR DE PHYSIQUE DANS LAPREMIÈRE MOITIÉ DU XXÈME SIÈCLE.ETUDE D'UN MILIEU PROFESSIONNEL :L'UNION DES PHYSICIENS. 1906-1940.Cédric Lacpatia.Sous la co-direction de Renaud d'Enfert (70 %) et Hélène Gispert. (30 %)L’Union des physiciens est créée en 1906 à l’initiative des professeurs de physique del’enseignement secondaire. C’est même la première association qui concerne spécifiquement cesacteurs. Dans un contexte de mutation importante dans l’enseignement – une réforme profonde estmise en place en 1902 – l’idée d’union répond à un besoin urgent pour les professeurs. La nouvelleréforme a en effet instauré dans les sciences expérimentales des séances d’exercices pratiques, aucours desquelles les élèves font eux-mêmes des expériences. Dans mon mémoire de Master, j’aimontré comment la mise en place de ces séances, qui pose de nombreux problèmes aux professeurs(matériels, financiers, intellectuels…), va peu à peu les pousser à fonder une association, l’Uniondes Physiciens. Au départ, il s’agit de partager les informations pouvant servir à la mise en placedes travaux pratiques. Ensuite, l’association va être un lieu d’expression plus général pour lesprofesseurs de physique sur leur métier. Ils peuvent poser des questions concernant leur disciplineet son enseignement, échanger leurs idées et plus généralement présenter leur façon d'enseigner,leur conception de l'enseignement et leur conception de la physique. Par ces réflexions se dessinel’image du ...
ETRE PROFESSEUR DE PHYSIQUE DANS LA PREMIÈRE MOITIÉ DUXXÈME SIÈCLE. ETUDE D'UN MILIEU PROFESSIONNEL: L'UNION DES PHYSICIENS. 1906-1940.
Cédric Lacpatia. Sous la co-direction de Renaud d'Enfert (70 %) et Hélène Gispert. (30 %)
LUnion des physiciens est créée en 1906 à linitiative des professeurs de physique de lenseignement secondaire. Cest même la première association qui concerne spécifiquement ces acteurs. Dans un contexte de mutation importante dans lenseignement – une réforme profonde est mise en place en 1902 – lidée dunion répond à un besoin urgent pour les professeurs. La nouvelle réforme a en effet instauré dans les sciences expérimentales des séances dexercices pratiques, au cours desquelles les élèves font eux-mêmes des expériences. Dans mon mémoire de Master, jai montré comment la mise en place de ces séances, qui pose de nombreux problèmes aux professeurs (matériels, financiers, intellectuels), va peu à peu les pousser à fonder une association, lUnion des Physiciens. Au départ, il sagit de partager les informations pouvant servir à la mise en place des travaux pratiques. Ensuite, lassociation va être un lieu dexpression plus général pour les professeurs de physique sur leur métier. Ils peuvent poser des questions concernant leur discipline et son enseignement, échanger leurs idées et plus généralement présenter leur façon d'enseigner, leur conception de l'enseignement et leur conception de la physique. Par ces réflexions se dessine limage du professeur de physique dans la première moitié du vingtième siècle. Quelles sont leurs préoccupations pédagogiques et scientifiques? Quelles sont leurs manières d'appréhender les différents changements scientifiques, sociaux ou institutionnels qui ont lieu à cette époque? Il s'ouvre une véritable porte vers une étude historique de l'enseignement. Qui plus est, l'enseignement de la physique est une composante essentielle et vivante de la physique. Celle-ci s'articule en effet à la fois sur la production de savoirs théoriques et fondamentaux et sur la diffusion du savoir et sa 1 transmission intergénérationnelle » .Ainsi, étudier l'Union des physiciens peut non seulement donner lieu à une étude historique de l'enseignement et des réflexions pédagogiques dans la ème première moitié du XXsiècle, mais sera aussi un point d'approche épistémologique et historique de la physique.
Il va sagir d'étudier les échanges culturels et professionnels de manière à comprendre qui sexprime et ce quils disent. Lexpression des professeurs dans lUnion se fait essentiellement dans son journal mensuel : leBulletin de lUnion des Physiciens. Plus quune source, il sagit bel et bien dun objet détude. Il faut comprendre comment son organisation évolue mais aussi étudier dans sa globalité le nombre et lidentité des auteurs par exemple. La régularité des parutions – tous les mois – et le peu de censure effectuée assurent une certaine spontanéité dans les propos des professeurs. Ceux-ci peuvent écrivent régulièrement, lors dun débat par exemple. De cette manière, on peut suivre aussi lévolution des pratiques et des conceptions des enseignants, comprendre comment lautorat de lUnion va évoluer. Sans que cette thèse soit l'étude spécifique du journal il constitue un point central et motive son rattachement institutionnel : au Groupe d'Histoire et Diffusion des Sciences d'Orsay (GHDSO). Le travail historique sur les revues scientifiques est en effet l'un des points forts du groupe et la thèse se situe au recouvrement des deux domaines de recherche qui sont le sien :Lenseignement scientifique aux XIXe et XXe siècles : enjeux sociaux et épistémologiques dont le responsable est Renaud D'Enfert, codirecteur de ma thèse etCirculations des savoirs scientifiques au XXe siècle en France : lieux, acteurs, contenus et pratiquesdont la responsable est Hélène Gispert, elle aussi codirectrice de ma thèse.
Etudier les auteurs et leur propos va permettre de tracer des parcours individuels de
1 BrunoBelhoste.Revue d'histoire des mathématiques, 4 (1998) p.290
professeurs de lycées et collèges mais aussi duniversités car en Master – nous avons pu montrer que ces derniers étaient présents et participaient à la réflexion sur lenseignement de la physique dans le secondaire. Mais dessiner ces parcours demande aussi de comprendre que font les professeurs en dehors de lUnion. Ecrivent-ils des manuels scolaires ? Participent-ils à des associations scientifiques et/ou savantes extrascolaires ? De même la formation des enseignants ainsi de leur carrière est importante. Sont-ils agrégés? normaliens? Ont-ils fait un doctorat? D'où viennent-ils et où enseignent-ils? Nous pourrons ainsi mieux comprendre de qui nous sommes en train de parler car tous les professeurs de physique nadhérent pas à lUnion des physiciens. Pour tracer ces parcours, une source très importante sera composéedes dossiers individuels des professeurs conservés aux Archives Nationales. C'est une source peu utilisée pour les travaux de recherche actuels concernant lenseignement des sciences. C'est pourtant une source très prometteuse car elle est un moyen dapprocher ce que font les professeurs en classe, par leurs notices individuelles et aussi par les rapports dinspection. A travers ces sources, nous nous concentrerons à la fois des adhérents et des non adhérents à lUnion. Etudier et confronter les parcours de certains réfractaires » et de certains unionistes, cest aussi mettre en évidence les caractéristiques de ces derniers. A partir des trajectoires individuelles, il pourra être intéressant de dessiner des trajectoires de groupe particuliers : les enseignants de physique d'un même lycée ou collège, à Paris ou en Province, d'une même zone géographique. On se demandera ainsi qui adhère et qui nadhère pas au sein dun même groupe. Ont-ils des pratiques ou des conceptions différentes ? Pour tracer des parcours individuels ou locaux, il va falloir effectuer une étude combinée du Bulletin et des dossiers personnels. Mais pour comprendre le métier de professeur de physique dans la première moitié du vingtième siècle, il va aussi falloirmettre en relief ces parcours par rapport au paysage de lInstruction Publique et de la physique. En sappuyant notamment sur les travaux récents et aussi sur les textes officiels dépoque, nous pourrons mettre en relation trajectoires personnelles et changements globaux. Les trajectoires devront aussi être mise en relation avec lexpression de lUnion : celle-ci peut en effet aussi être un objet détude en tant que milieu professionnel enseignant. Pour comprendre qui sont ces professeurs, il faudra aussi déterminer quelles sont les caractéristiques dun tel milieu.
Au cours des travaux de lan dernier, nous avons surtout étudié les acteurs principaux – responsables de lUnion – dans les premières années (jusquà la première guerre mondiale). En étudiant en thèse desacteurs plus variés, nous dessinerons mieux le visage professionnel des professeurs et de lassociation. De plus, il va sagirdétendre la période détude. Nous avons en effet montré que linstauration des travaux pratiques était au centre des premiers échanges. Néanmoins, les questions vont petit à petit intéresser un domaine plus vaste, à la fois pédagogique – par exemple concernant le contenu des programmes – et aussi scientifique – comme la question du choix d'un système d'unités physiques cohérentes. Dans une thèse, il va aussi falloir étudier lentre-deux guerre. En effet cette période est aussi le théâtre de changements. Quelle est la réaction des professeurs face à ceux-ci. Sur le plan éducatif, on peut par exemple citer la réforme de 1923-1925 qui tend à redonner à l'enseignement des sciences un statut semblable de celui qu'il avait avant 1902. Comment et avec quelle force l'Union des Physiciens et ses membres se situent-ils dans ce débat? De la même manière, les progrès dans l'étude de monde atomique et le succès grandissant de la relativité bouleversent le monde de la physique. Comment sont-ils perçus dans le milieu des professeurs? Un premier regard tend à montrer un changement d'attitude par rapport à la première période et c'est ce qu'il conviendra d'étudier. Dans cette thèse nous voulons donc par l'intermédiaire d'une association de professeurs, étudier le comportement de ceux-ci, leur parcours et comprendre comment s'articule leur vie scientifique et professionnelle en rapport avec l'association et avec le monde de l'enseignement et de la physique. Ainsi nous avons là un point d'accès à l'étude historique de l'enseignement et de la physique, aux questions et problématiques qui sont posées à l'époque et dont certaines sont encore d'actualité. Ceci a d'autant plus d'intérêt que l'enseignement et les sciences sont aujourd'hui deux composantes importantes de notre société.