ARTEMISIA : PORTRAIT D'UNE AUTRE Avant d'aborder la lecture d’Artemisia, il convient de rappeler certains éléments biographiques concernant l'écrivain A. Banti. Anna Banti est le pseudonyme qu'a choisi Lucia Lopresti, épouse de Roberto Longhi lorsqu'elle décida d'écrire. Emprunter un pseudonyme est une chose banale, mais au-delà du plaisir lié au secret, A. Banti exprime ainsi un fort désir d'autonomie, la volonté de se faire un nom à soi malgré le prestige de son mari, célèbre critique d'art. La question du nom, et en particulier le changement de nom par le mariage, est un leitmotiv dans l'oeuvre de la romancière. Dans son dernier livre, l'auteur se profile sous le personnage d'Agnese Lanzi qui 1 est censée avoir écrit un récit intitulé Altemisia, dans une nouvelle , l'héroïne voudrait devenir écrivain mais la notoriété de son mari lui semble un obstacle. Ces jeux autobiographiques nous amènent à considérer, de façon générale, la femme dans son rapport au nom, l'une de ses caractéristiques sociales étant qu'elle ne possède pas de nom propre. Quand l'homme peut se sentir enfermé dans son nom, la femme subit le morcellement qu'implique son changement de statut, changer de nom peut entraîner une rupture d'identité. Nous allons voir comment, dansArtemisia, la mise en discours du sujet féminin passe par la problématique du nom. LE NOM Dans ce roman, A. Banti explore le nom de son personnage selon de multiples directions. En effet, il faudra qu'Artemisia fasse de son prénom un nom pour se distinguer de son père, le peintre Gentileschi. Gagner, conquérir, porter, soutenir son nom, tel sera le souci constant d'Artemisia, et son itinéraire peut se lire comme une quête du nom et donc de l'identité. Elle veut être reconnue en tant que