Sohane, une jeune ado urbaine, bien ancrée dans le monde moderne, déménage à la campagne. Elle découvre le journal intime d’un autre ado de la campagne québécoise. Datant des années 50, il a été écrit par celui qui deviendra son grand-père! Leurs deux récits écrits à soixante ans d’intervalle s’entrecroisent et s’entrechoquent, se faisant écho. Le titre de la série So nice ! renvoie aux prénoms de Sohane et de son grand-père Nicefort. Dans ce troisième volume de la série, Derek et son père, aidés de Sohane et de leurs amis, ont ouvert un centre de plongée sur l’île aux Toques. La proximité de l’île avec l’épave du Diable des mers, navire échoué il y a cinquante ans dans le fleuve, en fait un site de choix pour les touristes. Mais dès le premier jour d’ouverture du centre, les ennuis commencent. Le père de Derek se blesse alors qu’il est en plongée sur le Diable des mers et des vols étranges, qui semblent reliés au navire naufragé, sont commis sur l’île. L’épave serait-elle maudite ? Sohane, très inquiète pour ses amis se réfugie dans la lecture du journal de son papi. C’est dans les écrits de son grand-père qu’elle va trouver une des clés du mystère qui entoure le Diable des mers…
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Extrait
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Carolyn Chouinard • Lora Boisvert nce ! SL’épave maudite
Pour Jessica, une sœur que j’adore et une marraine en or.
Adcompagnieo et
Le 29 mai 1914, à 1 h 55,un banc de brume a provoqué la collision entre un charbonnier norvégien et le paquebot transatlantiqueEmpress of Ireland. Ce dernier a sombré au fond du fleuve SaintLaurent en quatorze minutes, avec 1477 personnes à bord. L’épave gît toujours au large de SainteLucesurMer. Il s’agit du plus grand naufrage survenu au Canada. Ce drame a inspiré l’écriture de ce troisième tome.
—Je peux vous servîr queque chose à boîre ? J’aî prîs mon ton e pus poî pour aborder e coupe de-vant moî. En ce grand jour, je m’appîque à jouer mon rôe de serveuse à a perectîon. Aors que a dame me tend son verre vîde, un homme der-rîère moî me bouscue. es coupes de mousseux dîsposées sur mon pateau tanguent dangereusement. —Désoé, mademoîsee. Je ne vous avaîs pas vue…, s’excuse-t-î. —Ça va… Y a pas de ma. Je m’eforce de garder mon came. Un peu pus et ma cîente se retrouvaît noyée sous es bues ! Au oîn, Aby n’a rîen perdu de a scène. Ee peut bîen rîre. Ee a gagné au jeu roche-papîer-cîseaux, ce quî împîque que
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JE doîs servîr ’acoo tandîs qu’EE ofre aux învîtés es cru-dîtés déposées sur un îmmense pateau en argent. C’est sûr qu’échapper un céerî sur e souîer d’un convîve est tout de même moîns embarrassant que de ’asperger de mousseux !
J’aperçoîs Derek quî tîent d’une seue maîn un grand pateau de petîtes saucîsses enrouées dans du bacon. Con-traîrement à moî, î sembe très à ’aîse dans ce rôe de ser-veur. On dîraît qu’î a aît ça toute sa vîe. Je croîs que c’est a premîère oîs que je e voîs aussî bîen habîé. Ce n’est pas qu’î a ’habîtude de se promener avec des vêtements déchîrés, maîs ce pantaon noîr, cette chemîse banche et ce nœud papîon uî donnent unooktrès casse comparé à son stye décontracté de tous es jours. Sî Derek a accordé une attentîon partîcuîère à sa tenue, c’est parce que cette soîrée est très împortante pour uî aînsî que pour son père, Pau. Ee marque e début d’une grande aventure, d’un projet commun. Cea aît des années que Pau cherche à mettre sur pîed un centre de pongée sous-marîne sur ’e. ï y a un navîre échoué dans e Leuve, à cînq kîo-mètres à peîne de ’e aux Toques. eDiabe des mers est une épave apprécîée des pongeurs. ïs sont au moîns une centaîne à a vîsîter chaque année. Maîs jusqu’à présent, per-sonne ne pouvaît y accéder au départ de ’e. es tourîstes devaîent partîr d’assez oîn sur a côte pour a rejoîndre. e nouveau centre de Pau devraît eur acîîter ’accès au sîte.
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ï y a queques moîs, Pau a eu ’îdée de racheter a bâtîsse du vîeux marîn, quî servaît à a ocatîon de kayaks. Un coup de chance pour ceuî dont e commerce survîvaît de peîne et de mîsère. Magré tout, cette bâtîsse devaît tenîr à cœur au vîeî homme puîsqu’î a reusé es deux premîères ofres d’achat, avant de Inaement accepter a troîsîème. À mon avîs, e père de Derek s’est aît avoîr et a payé beaucoup trop cher a vîeîe baraque quî tombaît en ruîne. Maîs Pau te-naît à son rêve. Seon uî, cet endroît est îdéa, car î y a un quaî juste à côté pour amarrer e bateau quî transportera es tourîstes.
Pendant tout ’hîver, Derek a passé ses moments îbres à aîder son père. ïs ont agrandî et rénové e bâtîment. De mon côté, j’aî donné un coup de maîn à sa mère pour choîsîr a décoratîon. Aby et moî avons conçu es cartons d’învîtatîon pour ’înauguratîon de ce soîr. ïs ont été remîs à tous es Toqués : troîs cent soîxante-cînq personnes ont été învîtées à partî-cîper à cet événement oicîe, quî commémore e naurage duDiabe des mers. e navîre a coué un 29 juîn, exactement a date d’aujourd’huî. ’événement a marqué ’hîstoîre de ’e. J’îmagîne que c’est pour cette raîson que es habîtants sont venus aussî nombreux à a ête. e nouveau centre de pongée est rempî à son maxîmum. Mon père a dû se sta-tîonner à pus d’un kîomètre d’îcî. On se croîraît sur a côte !
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Ça aît une année compète que ma amîe a emménagé sur ’e aux Toques. À mon arrîvée, je croyaîs que je ne m’ha-bîtueraîs jamaîs à vîvre îcî, jusqu’à ce que je rencontre Aby, Derek, puîs Roméo, troîs amîs dont je ne pourraîs pus me passer ! ïs ont Inî par me convaîncre qu’î y a des avantages à vîvre sur un bout de terre entouré d’eau. Et c’est vraî que j’apprécîe réeement cet endroît maîn-tenant. Je déteste toujours es coueuvres, maîs j’aî apprîs à aîmer a campagne. es gens d’îcî sont moîns stressés que ceux quî habîtent en vîe. Aucun automobîîste ne kaxonne en sîgne d’împatîence. es voîtures ont même a courtoîsîe de s’arrêter dès qu’un pîéton veut traverser a rue prîncîpae ! Je comprends mîeux aujourd’huî mon grand-père, quî comparaît es Toqués à une grande amîe. ï y a beaucoup d’entraîde sur ’e. Sî quequ’un a besoîn de renort pour construîre une maîson, amasser de ’argent pour un enant maade ou peîndre a bîbîothèque, tout e vîage met a maîn à a pâte. es gens se soucîent es uns des autres et sont toujours prêts à donner un coup de maîn au voîsîn.
orsque mon pateau est vîde, je me dîrîge tant bîen que ma vers ’arrîère de a boutîque pour me réapprovîsîonner en verres de vîn. De nombreux învîtés sembent ébouîs par a transormatîon des îeux. Je suîs heureuse de constater qu’îs trouvent cet endroît sensatîonne. ï aut dîre que a
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pîèce est écatante avec ses murs de coueurs vîves et son pancher rutîant. a caîsse enregîstreuse trône sur un comptoîr centra der-rîère eque on peut voîr des caméras submersîbes expo-sées dans une vîtrîne. Des masques, des pames et des tubas sont suspendus à des crochets Ixés au mur. À ’arrîère du commerce se trouvent e bureau de Pau et, juste à côté, un oca où sont rangées es bouteîes de pongée. Une dîzaîne de grands récîpîents de verre dans esques nagent des poîs-sons de toutes es coueurs ont été dîsposés autour de a pîèce prîncîpae. On se croîraît presque à ’Aquarîum du Québec ! Je me dîrîge vers Derek quî se tîent près de a baîe vîtrée. Dans a journée, cette dernîère aîsse passer de grands pans de umîère et ofre aux cîents une superbe vue sur e Leuve. Ce soîr, on aperçoît encore es deux seus bateaux amarrés au quaî. À côté du semî-hors-bord de Pau quî a Ière aure, aMédusedu vîeux marîn a ’aîr d’une épave quî attend de couer. orsque e père de Derek uî a proposé de transporter es pongeurs jusqu’à ’épave, mon amî a tout de suîte ac-cepté son ofre. ï s’est înscrît à un cours uî permettant de conduîre des embarcatîons de paîsance. e semî-hors-bord d’occasîon que Pau a acheté est îdéa puîsque sa proue ou-verte permet à neu personnes d’y prendre pace. De pus, a pateorme suréevée à ’arrîère est assez spacîeuse pour
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que es pongeurs puîssent y enIer conortabement eur équîpement. Cette pateorme sera égaement utîe pour moî. Je m’îma-gîne déjà y prendre du soeî, es pîeds dans ’eau, avec Aby !
a voîx de Derek me sort de ma rêverîe. —?Aors So, tu t’en sors —! ï y a tant de monde que j’aî de aÇa va… Que succès dîicuté à traverser a sae pour rempîr mon pateau. Aors, tu es prêt pour ta premîère journée de travaî demaîn ? —J’aî vraîment hâte de commencer. Ce bateau est tout à aît génîa ! —Moî aussî je suîs împatîente de recevoîr mon premîer chèque de paîe ! aît Aby quî nous a rejoînts et nous ofre es troîs dernîers bouts de carotte restés sur son pateau. —Je croyaîs que tu avaîs accepté de nous aîder bénévoe-ment, vu que tu es de a amîe, a taquîne Derek. —Très drôe ! Tu eraîs mîeux d’oubîer cette îdée, cher cousîn. Once Pau m’a promîs un très bon saaîre en tant que réceptîonnîste. —Hum, mon père n’a jamaîs eu e sens des afaîres, dît-î en evant es yeux au cîe. Mes deux amîs adorent se chamaîer. —! se réjouît Derek.Demaîn, je pourraî enIn revoîr ’épave En pus de conduîre es tourîstes sur e sîte du naurage, mon amî pongera avec eux sous a supervîsîon de son père.