Contes ? la brune
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The Project Gutenberg EBook of Contes la brune, by Armand Silvestre �This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and withalmost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away orre-use it under the terms of the Project Gutenberg License includedwith this eBook or online at www.gutenberg.netTitle: Contes la brune �Author: Armand SilvestreRelease Date: May 12, 2004 [EBook #12331]Language: FrenchCharacter set encoding: ISO-8859-1*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CONTES LA BRUNE *** �Produced by Tonya Allen and PG Distributed Proofreaders. This filewas produced from images generously made available by the Biblioth que �nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr.ARMAND SILVESTRECONTESALA BRUNE_Illustrations de Kauffmann_A.C.L._Je d die� ces contes la tr s belle qui les a inspir �s. Je les � �publie pour les lecteurs fid les de mes_ Pleines Fantaisies. _Ils y �retrouveront mes meilleures pages et aussi le meilleur de moi, tout cequi y est profond et sinc re. �La m l�ancolie et la ga t s'y sont m �l �es d'elles-m mes, puisque ce sont� � �des contes d'amour et que l'amour est, la fois, le supr me tristesse � �et la supr me joie._ �ARMAND SILVESTRE.Juillet 1888.[Illustration]L'HYMNE DES BRUNES_A Catulle Mend s._ �Vous doutiez-vous, mon cher Mend s, que vous soul veriez l'ire des � �brunes avec votre jolie chanson des blondes? Vous voil confondu dans �un m me� anath me avec Maizeroy, �galement ...

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The Project Gutenberg EBook of Contesla brune, by Armand Silvestre This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Contesla brune Author: Armand Silvestre Release Date: May 12, 2004 [EBook #12331] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CONTESLA BRUNE ***
Produced by Tonya Allen and PG Distributed Proofreaders. This file was produced from images generously made available by the Bibliothque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr.
ARMAND SILVESTRE
CONTES A LA BRUNE
_ _ Illustrations de Kauffmann
A.C.L. Je ddie ces contesla trs belle qui les a inspirs. Je les _ _ _ publie pour les lecteurs fid Pleinesles de mes Ils Fantaisies. y retrouveront mes meilleures pages et aussi le meilleur de moi, tout ce qui y est profond et sincre. La mlancolie et la gats'y sont mles d'elles-mmes, puisque ce sont des contes d'amour et que l'amour est,la fois, le suprme tristesse _ et la suprme joie. ARMAND SILVESTRE. Juillet 1888.
[Illustration]
L'HYMNE DES BRUNES A Catulle Mends. _ _
Vous doutiez-vous, mon cher Mends, que vous soulveriez l'ire des brunes avec votre jolie chanson des blondes? Vous voilconfondu dans un mme anathme avec Maizeroy,galement convaincu de n'aimer que les toisons dores baisant l'ivoire despaules. Or voici que les porteuses de chevelures noires, dont un Styx jaillit du front marmoren, ontlevvers moi leur plainte et m'adjurent d'tre leur champion contre vous. Ils montent de toutes parts, leurs cris de vengeance, et le plus amer m'arrive de par della Mditerrane, comme un alcyon dont l'aile s'est trempe au flot sal. Une lettre, une lettre terrible, mon cher, date de Mustapha-Alger. N'affrontez pas ces rivages, mon ami, ou vous y trouveriez certainement le sort d'Orphe qui n'eut d'autre tort peut-tre que de trop pleurer devant la beautfarouche des Mnades, les charmes dolents et baigns de mlancolie d'Eurydice. Par quoi ai-je mritd'tre ainsi choisi pour dfendre la splendeur sombre des crinires faites de nuit et pour rpter auxchos le doux vers Virgilien:  Alba ligustra cadunt, vaccinia nigra leguntur. oest chante la saveur de la noire airelle? Sans doute par la sincritd'un passamoureux qui demeura, en effet, presque constamment fidlela beautbrune, malgrquelques excursions dans les champs de bls tout noys de soleil vivant. Je ne blasphmerai pas cependant vos charmes exquis, filles qui portez au front des rayons de miel, etqui je dus mes seuls plaisirs tranquilles dans le monde passionnel opresque tout me fut torture. La vritest que mes vraies douleurs et mes profondes ivresses ne me vinrent pas de vous. Celle qui porte en elle le secret horrible de mes dsespoirs et de mes joies, dont le pied triomphant m'crasa le coeur, est coiffe d'un casque d'ombre; et cela est ainsi depuis que j'aime. Je ne mentirai donc pas en clbrant ses splendeurs cruelles. * * * * *                                     Plus souples, plus lgres que les fils dont la nuit  Tisse le voile obscur oson front se recle,  Et plus enveloppants sont les cheveux de celle  Vers qui mon seul espoir dsesprs'enfuit;  Quand ma bouche en tremblant les effleure sans bruit,  Leur magnifiqueclat sous ma lvretincelle,  Comme, dans le ciel noir ol'ombre s'amoncelle,  Destoiles le choeur soudain s'allume et luit.  Comme dans un linceul vivant et que soulve  Chacun des battements ose rythme mon rve,  Dans leur rseau divin j'ai mon coeur enferm.  Et, jaloux d'une mort plus douce que la vie,  Au cou d'ivoire pur qu'ils inondent, j'envie
 Le doux et cher fardeau de leur flot parfum.                                    * * * * * O vous qui portez le signe redoutable des dfaites innombrables de mon coeur, Sulamites aux tempes nimbes d'bne, je dirai, puisque cela vous amuse, l'ineffable torture ome mit la contemplation de vos grces triomphantes. Tandis que, dans le teint des blondes, roule comme un Pactole de lait opalpitent,a et l, des parcelles de soleil; tandis que tout est gaietdans le printemps rose de leurs joues, l'clat de votre peau,vous, est comme tissde rayons de lune, de rayons d'argent ple ofrissonnent les mystres sacrs de la nuit, et votre pleur mate, votre pleur divine semble avoir besoin de notre sang pour y boire les chaleurs inquites de la vie. C'est lui qu'aspire silencieusement le baiser de vos lvres froides, tragiques amantes dont le sourire mme cache d'invisibles morsures. Sur lespaules doucement veloutes de vos rivales semble toujours flotter une lumire d'aurore; ce sont les clarts stellaires du soir qui baignent d'un frisson votre poitrine ola transparence des chairs fait courir le rseau bleu des veines, le rseau d'azur ple qui se perd dans le marbre. Tandis que la beautdes blondes est comme unternel appel au plaisir, votre attirance,vous, est surtout faite du besoin de souffrir qui, pour beaucoup, se confond avec le besoin d'aimer. Aussi n'ai-je gure pour vous moins de haine que d'amour,vous qui m'avez trandans les ghennes, femmes au front lilial encadrde flottantes tnbres!                                    * * * * * Je veux vous dire cependant quelque chanson bien douce:  Comme le vol d'une hirondelle,  Sur un ciel d'aube aux blancs rideaux,  Double, en passant, une ombre d'aile,  Se dessinent tes noirs bandeaux.  Leur ombre jumelle se joue  Sur le ciel de ton front qui luit,  Et jusqu'aux roses de ta joue,  De sa corolletend la nuit.  Avant que l'hiver n'effarouche  L'oiseau fidle, si tu veux,  Je poserai longtemps ma bouche  Au sombre azur de tes cheveux.                                    * * * * * Mais, au fait, si celles qui m'ontlu pour plaider contre vous,Maizeroy,Catulle,taient ce que nos aeux appelaient des:brunes piquantes! Oui, vous savez, ce qu'on nomme encore, dans la campagne, de simplesbrunettes!Ah! que j'auraistdaubdans ma dfense et comme je me trouverais vraiment quinaud, tout comme l'Anglais dont se moqua Panurge. J'avoue n'avoir jamais rien comprisla beautdu Diable. Je m'en tiens encorecelle du Bon Dieu. Aussi bien ce culte est-il le seul dont je l'honore. Au cas oma religion auraittindignement surprise, je veux conclure par une bien nette profession de foi:  La Nuit dans les cheveux, la Nuit dans les prunelles;  Le jour,--blanc sur le front,--sur la bouche vermeil:  C'est cette ombre jumelle et ce double soleil,  Que celles que je sers doivent porter en elles.  Et je leur veux aussi les grces solennelles  Des desses d'antan sortant de leur sommeil.
 Car mon esprit paen au ciel mme pareil,  Ne resplendit qu'au choc des beautsternelles.  Il faut a mes baisers des soins fermes et blancs;  Mes bras ne s'ouvrant bien qu'la rondeur des flancs  Dont le marbre vivant s'largit en amphore.  Telle est la Femme au corps par mon dsir mordu  En qui s'incarne l'heur de mon rveperdu  Et dont l'amour cruel sans trve me dvore! [Illustration]
I CONTES DE PRINTEMPS
[Illustration]
LA PREMIRE DU PRINTEMPS
 C'est la premire du Printemps  Au th��tre de la Nature, comme chantait Suzanne Lagier dans quelque antique ferie des Folies-Dramatiques. Oui, mes amis, c'est aujourd'hui la premire du Printemps. Le calendrier l'affirme; j'ouvre ma fentre, plein d'esprance, et la referme, aveuglpar la neige. Encore un mensonge de ce mchant bout de carton que nous apporte, avec l'innocence perfide de Pandore, devant que chaque anne soit finie, l'missaire quotidien de l'administration des Postes! Voilun cadeau qui m'ennuie! D'abord c'est le signal de tous ceux que j'auraifaire sous le nom futile d'trennes. Puis c'est absolument comme si on m'offrait gracieusement le catalogue de tous les ennuisvenir. Tous les jours de terme sont marqus let tous les jours d'chance, toutes les nuits sans lune et tous les jours sans gaiet! Il faut avoirtbien constamment heureux pour aimerprvoir, et je suis de ceux qui sont reconnaissantsDieu de nous cler l'avenir. Le calendrier est le grand obstaclel'oubli, qui peut seul consoler de vivre. Il ramne les anniversaires ol'on pleure, les plus nombreux de tous! Les plus beaux moments de la vie sont ceux oon voudrait que le temps arrtt sa course. C'est par dcence que l'criture prtend que, ce futl'occasion d'une bataille, que Josului en donna l'ordre. S'il n'tait pas le dernier des imbciles (et nous en avons connu beaucoup d'autres aprs lui) et s'iltait vraiment investi de ce ferique pouvoir, j'estime qu'il en a dprofiter pour l'amour et non pour le carnage. Suspendre,ma chre, le vol de l'Heure, durant que je suis dans vos bras! Ce fut toujours mon rve et mon voeu inexauc. Mais il semble que son aile est plus rapide encore quand vous dormez ce sommeil dont chaque souffle est un baiser! Oh! ce calendrier qui nous prend au flanc comme unperon! Et puis, j'ai encore contre lui une rancune personnelle. Jamais il n'a daignciter, dans sa nomenclature stupide, l'humble saint dont je porte le nom, bien que celui-ci aittun homme vertueux et bienfaisant, comme je l'aitabli d'aprs les lgendes. En revanche, sainte Beuve y est nomme, car
c'tait une bien heureuse que le clbrecrivain avait pour patronne, ce qui lui donna un got immodrdes femmes durant toute sa vie. Tandis que moi!... O saint Armand, qu'on surappelait le chaste dans toute la province, quelle injustice on nous faittous deux!                                    * * * * * L'impunitdont ont joui jusqu'ici les jeunes gens qui achvent volontiers une nuit de plaisir en coupant la gorgela femme qui la leur a procure porte ses fruits. Les femmes galantes que Vacquerie, _ _ _ _ longtemps avant l'invention des horizontales et des agenouilles , _ _ appelait galamment des universelles et le pauvre Philoxne Boyer des conciliantes (avouez que le mottait joli et bien trouv) vivent _ _ maintenant sous un vritable couteau de Damocls. Leur sommeil coupable est peuplde cauchemars sanglants. La vertu profitera, je l'espre, de celle terreur, et le dgot viendrabeaucoup de ces dames d'une carrire qui n'avait eu jusqu'ici que des fleurs. C'est un bien pour un mal. Seulement, je trouve que les messieurs qui ont entrepris cette morale en action vont un peu loin. Ils ne se contentent plus de dcapiter leur bonne amie d'une nuit, pour emporter le chapelet de ses salaires honteux; ils massacrent en mme temps ses domestiques et les enfants de ceux-ci. Si on les laisse faire, il extermineront, par la mme occasion, toute la maison. Car, soyez certains que si, au devant de l'homme que la police cherche partout oil n'est pas, avec le flair de ses fins limiers, le concierge de la maison os'est commis le crime et toute sa famille, ou quelque imprudent locataire s'tait prsentau moment de sa fuite, il n'et pas hsitdavantageleur trancher le chef. J'en conclus que les immeubles oces dames loueront des appartements deviendront dangereuxleurs voisins. Il y a lune question de risques locatifs, au moins aussi considrable que pour l'incendie et qui donnerarflchir aux gens prudents. Nos aeux taient plus sages qui ne laissaient pasdivaguer, comme disent les maires de village en parlant, dans leurs affiches, des chiens errants, les personnes faisant le mtier de ramener chez elles les voyageurs, les rufians et les rdeurs de nuit, mais leur prescrivaient de vivre entre elles et comme clotres dans de profanes couvents ohabitait la flicit habitat fantique. Hiclicitas . La mode de ces maisons de _ _ retraite se perd de plus en plus, et c'est grand dommage pour la dignitdes rues et des boulevards, et j'ajouterai pour le plaisir des gens raisonnables. Car il et suffi d'un peu d'imagination et de luxe oriental pour en faire la ralisation du Paradis de Mahomet sur la terre. Le ruisseau dans lequel elles se sont vides atcomme une terre grasse et fconde pour le vice qui y a pullul. Ah! comme les Romains et les gens d'Herculanumtaient d'autres artistes et d'autres philosophes que nous! Aujourd'hui c'est pour protger les jours (non! les nuits) de ces pauvres filles, de leurs gens et de leurs colocataires, que je supplie le gouvernement de les enfermernouveau. Elles ne chmeront pas, pour cela, de visites, vous pouveztre tranquilles; mais ceux qui les viendront voir ne le feront pas dans l'intention de les assassiner. Ce sera toujours un progrs.                                    * * * * * Que l'homme s'exagre volontiers ses maux, et comme il se plaindrait moins de sa destine, s'il considrait plus souvent les sorts pires que le sien et que d'autres ont subis avant lui! L'tude de l'histoire ne devrait nous servir qu'connatre ces exemples monstrueux de dveine, chez certains hros, qui font dire aux gens raisonnables:Enfin! en voilun quitait plus malheureux que moi!Ce serait une excellente leon de philosophie rsigne, puisqu'il est entendu que, par une sage ordonnance de la Providence, nous sommes tous destinssouffrir plus ou moins, et qu'il est logique de mesurer nos cris et nos rvoltesla part d'ennuis qui nous est faite.
Cette rflexion mlancolique me vient du bruit que font messieurs les bookmakerspropos de la mesure peu bienveillante, j'en conviens, dont ils viennent d'tre l'objet. Il faut les voir, dans la banlieue, que presque tous habitent, exhaler leur colre le long du fleuve, comme les HbreuxBabylone ou comme les damns au bord du Styx. Le grand gmissement entendu dans Rhama n'tait qu'une musiquette de quatre sous auprs de la douloureuse symphonie dont ils rgalent les oreilles. A les entendre, tout est perdu pour la paix publique, et ils renverseront le gouvernement. C'est comme si c'tait djfait! Ceux-ci geignent et ceux-lclament; tous vocifrent et se dmnent. On a ostoucherun des corps les plus respectables de l'tat moderne et secouer, dans leur personne, les assises de la socit!... Que leur a-t-on fait pourtant, bon Dieu! Retirtout simplement un inerte morceau de bois qui, ne leur servait qu'ficher en terre pour faciliter leurs oprations. On affirmait, dans mon village, que plusieurs s'taient tus de dsespoir. Eh bien, si, dans les champslysens d'un monde meilleur, leurs ombres toujours gmissantes rencontrent l'ombreternellement mlancolique d'Ablard et que le grandrudit entende le sujet de leur plainte, quel ironique sourire sur ses lvres ole nom sacrd'Hlose brle encore, et quel regard de ddain dans ses yeux abaisss!                                    * * * * * --C'est le Printemps! vous dis-je, ma chre! C'est le Printemps! Et vous vous repeletonnez, frileuse, au coin du feu clair et ronflant, comme une chatte, le dos sous votre belle chevelure dnoue, les coudes sur les genoux et les mains ramenes vers la flamme qui fait courir, dans leur transparence dlicate, de dlicieux petits reflets roses. Et je vous rpte: --C'est aujourd'hui le Printemps, mignonne! ne m'entendez-vous pas? Alors vous fermez les yeux, sans toujours me rpondre, et j'imagine que mes paroles vous frappent l'oreille sans aller plus loin, comme un son indcis, comme une romance lointaine dont les motschappent et dont l'air seul parvient jusqu'vous, vague et mldans le vent. Mais ces mlodies inconsciemment perues ont le don d'voquer les visions et les souvenirs. Vous fermez les yeux et c'est certainement pour vous recueillir dans le rve des verdures renaissantes, des violettes bordant les chemins, des brises pleines d'odeurs vivaces et douces, des longues promenades sous le soleil tide dj, de toutes les splendeurs en boutons dont la Nature devaittre pare aujourd'hui, si mon almanach n'avait effrontment menti! Vous ne rvez pas tant que cela, monme. Le Printemps n'est-il pas dans cette chambre chaude et pleine de fleurs ovous aimezvivre en hiver? Le Printemps n'est-il pas partout ovous tes? Et ne pouvons-nous pas chanter lcomme dans les bois, et chaque jour, tant notre joie s'y renouvelle:  C'est la premire du Printemps  Au th��tre de la Nature! [Illustration] [Illustration]
MIMOSAS
Comment ne pas songer qu'ils viennent de l-bas ola terreur et
l'effarement ont marqula fin des jours de gaietcarnavalesque, ces beaux panaches de mimosas que les petites charrettes parisiennes promnent et qui semblent verser une pluie d'or sur les roses alanguies des marchandes ambulantes? Que la Nature est indiffrentenos misres! Tandis que la fourmillire humaine s'parpillait affole, croyant encore sentir le sol s'ouvrir sous ses pas, les fleurs, tranquilles, s'panouissaient dans la srnitdu matin, sous cette premire blancheur de l'aube qui est comme le sourire d'argent du ciel. La mythologie grecque, qui savait si bien mler aux fables grandioses les plus exquises imaginations, n'avait pas ddaignde chercher une lgende aux fleurs. Rappelez-vous celle d'Hyacinthe; Ainsi au Japon, dont je vous ai dit, un jour, le joli pome des lilas. L'Orient est plein de ces traditions charmantes. Je les regrette vivement, ma chre, et constate l'infrioritde notre imaginationce sujet. Ce n'est pas assez pour moi de comparer sans cesse les lysvos doigts et les roses votre bouche. Tous les madrigaux d'autrefois n'taient pleins que de ces choses-l. Et puis ce n'est ni vrai ni vraiment flatteur. Les lys n'ont pas les jolis reflets d'azur qui courent sous le satin blanc de votre main, et vos lvres ont des parfums vivants que n'ont jamais eus les roses. Il faudrait en finir avec ces continuelles comparaisons qui, si belles que soient les fleurs, sont encorel'humiliation de la femme. Je voudrais faire mieux et plus digne de vous que cela dans une mythologie nouvelle. Tout est symbolique autour de nous. Mais, entre toutes choses, les fleurs dont les plus humbles, suffisamment contemples,voquent mille images diverses, comme vous le savez bien, vous qui passez des heures entires en contemplation devant un myosotis. Voilce que j'ai rv, moi, il y a quelques jours devant une branche de mimosa.                                    * * * * * La Mditerrane et son bleu manteau couchs sous le ciel, par un soir d'tplein de l'odeur des lauriers-roses, et, dans unele aujourd'hui disparue,--car je parle d'un temps lointain et inutileprciser, puisqu'on a aimtoujours,--deux amants gotant l'extase de cette heure mystrieuse os'ouvre le jardin destoiles. L'le est proche de la terre, et la solitude en semble faite pour le mutuel enchantement de leursmes. Vous souvient-il que nous avons souvent rvd'une thbade pareille, orien ne nous atteindrait des clameurs lointaines et des banales gaiets? Ils marchent sur le rivage, les mains unies. Je les vois si bien que je pourrais vous dire maintenant vers quel sicle lointain ils ont vcu. Ils portent la blanche tunique grecque. Elle a, comme vous, de longs cheveux noirs qui sont comme une nuit rpandue sur la double colline de neige de sespaules; comme vous, elle a le profil fier de la racelue, et, comme vous, je ne sais quelclat fatal de pierrerie dans les yeux. Et c'est lentement qu'ils s'avancent le long du flot qui chante, tout en poussant jusqu'leurs beaux pieds nus, son cume pareilledes palmes d'argent. Les grands oiseaux que le soir exile des hautes mers passent au-dessus de leurs ttes avec un doux balancement d'ailes. C'est comme un grand recueillement de la Nature autour d'eux, dans ce magnifique paysage srnal oleurs ombres grandissent et bleuissent,mesure que la lune se lve, la lune mlancolique qui roule dans les flots comme une grosse larme brise. * * * * *                                    --Que la vie est douce ici, ma bien-aime! fait l'amant, rompant soudain le silence. Et elle lui rpondit, comme quelqu'un qui se rveille: --La mort serait plus douce encore, car elle nous runirait pour jamais.
Et, leurs regards plongeant l'un dans l'autre, comme si leursmes s'y mlaient, ils y mesurrent l'infini d'une tendresse que rien au monde ne pourrait briser; car l'espoir fou d'immortalit, par delle trpas, qui nous dvore ne nous vient que de l'amour. --Oui, reprit-il, tout est beau autour de nous, tout est charmant, mais tout cela pourrait disparatre que, si tu me restais, je n'y prendrais mme pas garde. Elle lui rpondit: --Le ciel n'est pas si grand que tes yeux ni la mer si profonde que ton amour. Ainsi, comme il arrive dans les tendresses exaltes, s'immatrialisait leur pense dans un rve os'anantissait l'univers. Ils sentaient bien qu'en dehors l'un de l'autre, rien ne leurtait rien nil'un nil'autre, que tout pouvait s'crouler autour d'eux, mais non pas rompre l'invisible chane que leurs lvres tendues dans un baiser suprme allaient fermer. * * * * *                                    Jamais la srnitdu ciel n'avaittsi grande dans aucune nuit d't. A peine un frisson sur la mer qui, par places, en allongeait les ondes en un sillon d'argent. Lestoiles y posaient leurs images apaises, comme des oiseaux lasss dont le vol s'arrte sur un arbre one passe pas le vent. Non, jamais, une telle srnitdu firmament n'avait envelopptoutes choses d'une telle caresse.... Un grondement! puis un choc sous les pas. La mer souleve et hurlante. Un bouquet de feu montant dans l'air avec un fracaspouvantable et, plus loin, par della rive, quelque Vsuve ou quelque Etna s'ouvrant dans une lourde fume de soufre.... Plus d'le charmante! Plus d'amants soupirant une idylle dans le calme de ce beau soir! Comme ils l'avaient souhait, la mme flamme avait mlleurs esprits pour les emporter au ciel! Au printemps qui suivit, sur la plage o taient retombes quelques terres de l'le disperse, une fleur nouvelle fleurit, semblant un bouquet de feu qui monta vers la nue comme celui des volcans. C'tait le mimosa orespire encore l'me douce et fidle de ces amants fortuns!                                    * * * * * Et pour finir moins tristement, ma chre, que par cette sombre lgende:  Vous connaissez la fleur lgre  Bordant le flot bleu qui s'endort?  On dirait que, sur la fougre,  Le soleil tombe en neige d'or.  Comme un panache de fume  Que le couchant teint de safran,  Comme une poussire embaume  Que pousse la brise en errant,  Elle monte dans l'air humide  Ole flot roule un souffle amer,  Et mle son parfum timide  Auxcres senteurs de la mer.  Elle flotte parmi l'espace  Ol'oranger tend ses bras lourds;  L'aile du papillon qui passe
 Y met un fragile velours.  Mimosa! presque un nom de fe!  Quelque naade, assurment,  S'entant autrefois coiffe,  Parut plus belleson amant.  J'aime cette fleur parfume  Au souffle furtif et coquet,  Pour ce qu'une main bien aime  Un jour en portait un bouquet. [Illustration] [Illustration]
LE BUIS
Le premier vrai dimanche de printemps dans un village de banlieue! Vous devinez si c'tait un remue-mnage. A chaque train c'tait un flot nouveau de voyageurs bruyants se dispersant sur les chemins, par groupes, s'appelant ou se disant adieu. Paris a une population spciale d'migrants hebdomadaires suburbains qui ne rappelle que de fort loin les hautes traditions de la noblesse franaise, brave petit monde assurment, mais d'une socitplus provinciale que la province elle-mme. Quel bavardage insipide monte de ce microcosme! Le bourdonnement des mouches est,ct, fort intressant. Mais quelle providence pour les dbitants indignes qui ne vivent gure que de l'empoisonner une fois par semaine! Il faut voir les gte-sauces se ruer en cuisine dans les arrire-boutiques et les garons des estaminets secouer les chaises du vent emportpar leurs tabliers blancs. Les notables du pays en promenade aussi, avec leurs chiens, ou simplement assis devant leurs portes, regardent avec une joie dbonnaire cetlment de prospritse rpandre autour de leurs lares. Ils applaudissent au progrs contemporain, au sage got de ce peuple pour les plaisirs faciles, au dveloppement des industries alimentaires; ils se rjouissent d'tre ns dans un si beau temps otout le monde ne songe qu's'amuser. Les grands cacatos de la dmocratie locale trnent dans cetpanouissement, semblant dire, la main dans le revers de leur redingote: Ce beau temps-l, c'est nous qui l'avons fait! La vritest qu'il se vend dans le pays, chaque dimanche, beaucoup plus de petits verres et de charcuterie qu'il y a dix ans. Allez donc nier, aprs cela, la prospritnationale et le bien-tre croissant des classes autrefois opprimes. Je jouis comme un autre du philanthropique spectacle de tous ces gosiers arross et de toutes ces tripes repues, mais j'en jouis sobrement, sans m'y appesantir, avec l'enthousiasme d'un homme qui n'aurait pas pris ce chemin s'il n'y avait pastoblig. --C'est aujourd'hui Pques-fleuries, dit un enfantson pre en passant auprs de moi. Son pre le regarda d'un air qui voulait dire: Qu'est-ce quea nous fait! * * * * *                                    Eh bien! moi,a me dit quelque chose. Le mot est si joli, d'abord: Pques-fleuries! Ce fut comme une bouffe de souvenirs d'enfance qui me monta au cerveau, pendant qu'il tintait dans mon oreille. Tout un monde d'motions douces se rveilla en moi, douces et lointaines comme la voix
d'un clocher perdu dans les brouillards. Je revis les seuils de l'glise tout jonchs de rameaux de buis et les foules cheminant, recueillies, sous cette verdure, comme celatait quand j'avais douze ans. Des relens d'encens et des gmissements d'orgue passrent dans l'air, et je me complus singulirementcette vision qui me rajeunissait et me vieillissait tout ensemble. Des hymnes chantaient en latin dans ma mmoire, et cette musique m'tait la plus douce du monde. Quoi d'tonnant? Dans l'uniforme ennui des premires annes qu'emplissent de fastidieuses tudes et de stupides exercices de mmoire, je ne me souviens pas de meilleur repos que celui des ftes religieuses. Passer des murs froids de l'tude crasseuse dans l'enceinte radieuse et illumine de l'glise; quitter les bouquins noircis et corns pour le missel aux enluminures naves; entendre les mlodies sublimes du plain-chant au lieu du nasillard discours du pion; respirerpleins poumons le benjoin aprs les fades parfums de la cuisine scolaire, n'tait-ce pas vraiment quitter les ralits immondes pour les visions les plus aimables? N'tait-ce pas franchir la porte d'un paradis longtemps ferm? En ce temps-l, le jour des Rameauxtait un grandvnement dans ma vie, et la noble image du pardon triomphant descendant sur l'humanitprosterne m'apparaissait dans le simple rameau de buis que je promenais firement au retour de la grand'messe.                                    * * * * * Je ne sais pas encore par quoi la philosophie contemporaine compte remplacer le symbolisme qui faisait le grand charme des religions disparues. Grcelui, la Naturetait de toutes leurs ftes. C'tait unlment essentiellement paen de posie et de grandeur, qui n'effrayait pas le spiritualisme bon enfant de nos aeux. Cette conscration des choses par un commerce glorieux avec la Divinitn'tait pas pour nous montrer le nant de la Matire. J'avoue que celle-ci m'apparat beaucoup plus infime et humilie sous le scalpel et dans les cornues, se brisant, s'vaporant, se multipliantl'infini, comme une vermine, sous des noms scientifiques et barbares. J'ai horreur de vivre parmi tous ces gaz dcomposs. Dt un dogme indniable surgir un jour de toute cette cuisine, je lui prfrerais encore le mensonge de la Vritnue s'lanant des eaux candides d'un puits. Cette recherche de l'infini dans l'infiniment petit des pourritures me rpugne horriblement, et j'aimais mieux les efforts briss de l'me humaine vers un idal fuyant toujours, mais rayonnant comme le soleil qui nous claire et nous rchauffe sans que nous l'atteignions davantage. Il y avait un beau fond de panthisme dans les crmonies chrtiennes, qui leur venait de l'Orient plus encore que de Rome et de la Grce. C'tait toujours une attachel'ternelle vritqui est dans le respect mystrieux de la vie et dans l'adoration mditative du Beau dans toutes les formes accessiblesnos sens etnotre esprit.                                    * * * * * Comme j'tais loin des promeneurs parisiens et des indignes rjouis dont je n'entendais plus le bruit que comme celui d'un reflux, rythmpar la distance et s'affaiblissantchaque nouveau retour! C'est que j'avais pris la pleine campagne tout en mditant et me perdant dans ces penses, un chemin de traverse que je rebroussai pour rentrer avant le dclin du soleil. Il me fit passer presque devant l'glise, vide alors, mais sur les marches de laquelle une mendiante continuait sa psalmodie, avec des rameaux de buis bni dans son tablier. Elle m'en tendit un, en change de mon aumne, et je ne l'ai pas jet. Je l'ai mme rapportavec moi, et, pour que vous n'ayez aucune envie de me railler, ma chre me, je vous avouerai que je l'ai mis avec des fleurs que vous m'avez donnes autrefois et que j'ai toujours prcieusement gardes. C'est un
souvenir de jeunesse que je veux mlernos souvenirs d'amour. [Illustration] [Illustration]
PROSE DE PQUES
Tandis que, dans mon jardin, dj, une verdure tendre suit, d'une vapeur d'meraude, le squelette des arbustes, qu'aux cimes des lilas, de petites grappes de rubis se dgagent des feuilles ples et serres, que les pousses nouvelles des fusains nuancent de flches jaunes leur masse sombre, qu'terre les bordures s'maillent,paissies, piques��et lde petites fleurs sauvages, je sais, dominant ce menu paysage, un grand peuplier encore marquau sceau de la dsolation hibernale. Son tronc noir monte droit dans le ciel et se spare trs haut en brins formant comme un fuseau dchiquet. Ces petites lignes noires et prcises tracent, sur l'azur indcis d'avril, comme un dessinla plume, une faon d'arabesque extrmement dlicate. Sur un point seulement, une touffe met une bavure d'estompe, une sorte de ptcomme en pose sur leur cahier la maladresse descoliers. Au premier abord, vous croiriez le gui sacrque nos aeux des Gaules ne fauchaient qu'avec une serpe d'or. Et, dans la prairie large qu'emplit la solitude exquise et silencieuse du matin, le rvevoque volontiers l'image de Vellda la vierge aux jambes nues, le corps agitde prophtiques frissons, et, plus que jamais, sous le casque ardent de sa chevelure, mditant les destins obscurs de la terre douce et fconde os'achvent les gloires de la race. Car c'est plus que jamais qu'il les faut invoquer ces tutlaires gnies du sol natal, ces dieux longtemps endormis dont la pitimarquait d'un signe les peupliers et les chnes, patrons agrestes des anctres au coeur viril dont le sang tarit dans nos veines! Mais non! Moi qui connais, dans ses moindres dtails, le petit coin de nature oje vis, je sais fort bien ce qu'est cette houppe sombre accrochela nervure tourmente de l'arbreplor, dont les souffles mauvais de la lune rousse courbent la tte flexible. J'en ai vu partir, l'an dernier, un peu plus tard, il est vrai, une vole de ramiers, de ces ramiers confiants de banlieue que l'inexprience des chasseurs dominicaux prendra pour des pigeons domestiques, et que protgera la crainte salutaire des dommages et intrts. C'est un nid de l'autre printemps qui est l, un nid ochuchotrent beaucoup d'angoisses et beaucoup de tendresses, un nid abandonn, dont les feuillages renaissants voileront bientt la mlancolie, comme les espoirs nouveaux os'ensevelissent nos tristesses dans un linceul de gaiet, sans que celles-ci en demeurent moins attaches au plus solide de notretre, au plus vivant de nos entrailles. * * * * *                                    Par quelle association bizarre de penses, par quel caprice de rapprochement, me suis-je constamment souvenu de ce gte dlaiss, flottant dans le vent et suspendu dans les branches, devant les boutiques fastueuses ol'oeuf pascal, sous toutes ses formes, emplissait hier les devantures? Non plus le petit oeuf teint de rouge qui constituait, dans notre enfance, le plusconomique des prsents. Car c'est tout au plus si quelques marchands ambitieux et dans le but coupable d'en augmenter le prix, dcoupaient sur les plus beaux, avec la pointe d'un canif, le portrait d'une cathdrale. Mais l'oeuf nouveau, l'oeuf magnifique, obligatoire mais non gratuit, qui est comme le cafdestrennes dont le petit Nol avaittl'apritif, invention des
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