Project Gutenberg's Auguste Comte et Herbert Spencer, by E. de RobertyThis eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and withalmost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away orre-use it under the terms of the Project Gutenberg License includedwith this eBook or online at www.gutenberg.netTitle: Auguste Comte et Herbert Spencer Contribution l'histoire des id es philosophiques au XIXe si�cle � �Author: E. de RobertyRelease Date: October 16, 2005 [EBook #16888]Language: FrenchCharacter set encoding: ISO-8859-1*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK AUGUSTE COMTE ET HERBERT SPENCER ***Produced by Marc D'HoogheFrom images generously made available by Gallica(Biblioth que Nationale de France) at http://gallica.bnf.fr.�AUGUSTE COMTE ET HERBERT SPENCERCONTRIBUTION A L'HISTOIRE DES ID ES PHILOSOPHIQUES AU XIXe SI� CLE �ParE. DE ROBERTYPARIS1894 * * * * *INTRODUCTION [p.V]Dans le remous des id es g n rales, dans la fluctuation des vues � � �d'ensemble, dans le va-et-vient des syst mes qui, pour un court espace �de temps, r ussissent grouper les croyances, � retenir et fixer les � �convictions, un ph nom ne s'observe, peu pr s invariable � travers les� � � ��ges.Il se d tache nettement du d� cor mobile qui l'encadre, il sollicite un � �haut point l'attention du sociologue.[p.VI] Il caract rise une phase int ressante de la vie mentale de� �l'humanit�, une p riode ne semblant pas, � ...
Project Gutenberg's Auguste Comte et Herbert Spencer, by E. de Roberty This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Auguste Comte et Herbert Spencer Contribution�l'histoire des id�es philosophiques au XIXe si�cle Author: E. de Roberty Release Date: October 16, 2005 [EBook #16888] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK AUGUSTE COMTE ET HERBERT SPENCER ***
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AUGUSTE COMTE ET HERBERT SPENCER CONTRIBUTION A L'HISTOIRE DES ID�ES PHILOSOPHIQUES AU XIXe SI�CLE Par E. DE ROBERTY PARIS
1894
* * * * *
INTRODUCTION [p.V]
Dans le remous des id�es g�n�rales, dans la fluctuation des vues d'ensemble, dans le va-et-vient des syst�mes qui, pour un court espace de temps, r�ussissent�grouper les croyances,�retenir et fixer les convictions, un ph�nom�ne s'observe,�peu pr�s invariable�travers les �ges. Il se d�tache nettement du d�cor mobile qui l'encadre, il sollicite�un haut point l'attention du sociologue. [p.VI] Il caract�rise une phase int�ressante de la vie mentale de
l'humanit�, une p�riode ne semblant pas,�vrai dire, devoir se clore bient�t. Elle embrasse la pr�histoire enti�re de la philosophie, la suite continue de si�cles qui, apr�s avoir fond�les religions, s'adonn�rent�la culture des abstractions m�taphysiques. Durant la longue enfance de la philosophie, ce ph�nom�ne demeura normal dans l'acception usuelle du mot. Il se reproduit encore sous nos yeux; mais d�j�des traits pathologiques le d�forment. Il consiste essentiellement dans la rencontre de deux grandes ondes c�r�brales qui se dirigent en sens inverse: le _monisme et _ _ _ �� �er l' agnosticisme . L'esprit de synth se s' puisa vouloir les refoul dans le m�me lit. Mais une s�rie intermittente d'affaiblissements et de triomphes, de d�faites et d'exaltations de la pens�e abstraite marqua cette entreprise imm�diatement vaine. [p.VII] La philosophie du xixe si�cle suivit les voies de la m�taphysique qui l'avait pr�c�d�e et qui,�son tour, s'�tait model�e sur les traditions monoth�istes des religions sup�rieures. Elle allia, d'une fa�on�la fois inconsciente et profond�ment irrationnelle, la recherche de l'unit�au dualisme de la connaissance. Elle fit revivre le plus p�rilleux et le plus d�shonorant des illogismes. Nous e�mes d�j�, en des travaux ant�rieurs[1], l'occasion de relever quelques traits d�terminant cette antinomie fondamentale; celui-ci, par exemple: que les tentatives de synth�se universelle dues aux efforts des plus notables parmi les penseurs contemporains, les Kant, les Comte, les Spencer,�tablissaient une objection�crasante contre leur agnosticisme, formel ou latent. Nous ne jugeons que par contraste, disions-nous�ce propos, et le noir ne se per�oit vraiment [p.VIII] noir que s'il s'�tale �c�t�du blanc. Ainsi du monisme qui, en tant que v�rit�d'ordre particulier, psychologique, sert�d�voiler le vice cach�des m�thodes g�n�rales du philosophe. On blesse les lois�l�mentaires de la logique en accouplant la th�se qui affirme l'unit�derni�re des choses et celle qui constate notre impuissance de scruter le fond immuable de la nature. Et par surcro�t, on s'expose aux dures repr�sailles pr�vues par la loi de l'identit�des contraires. On tombe dans l'erreur qui consiste� prendre la n�gation de l'unit�, de la connaissance pure et abstraite, l'incognoscible, pour quelque chose de distinct, de r�ellement s�par�du monde ph�nom�nal. Sous ce rapport, ajoutions-nous[2], les philosophies se groupent en deux grandes classes. Dans l'une on trouve D�mocrite, Giordano Bruno, Spinoza, Leibnitz, Fichte, [p.IX] Hegel, Schopenhauer, Spencer, tous les esprits assez audacieux pour s'imposer la t�che difficile de corriger l'agnosticisme par le monisme, un exc�s de prudence par un exc�s de t�m�rit�. Et dans l'autre viennent se ranger Socrate, Aristote, Bacon, Descartes, Locke, Hume, Kant, Comte, tous les penseurs dont le monisme, moins cat�gorique, moins affirmatif, s'accompagne, par suite, d'un agnosticisme logiquement moins d�fectueux ou mieux motiv�. Dans cette double s�rie nous choisissons aujourd'hui les termes ultimes; et, remplissant une promesse contenue dans l'avant-propos de notre dernier ouvrage, nous allons examiner les deux th�ories extr�mes o� versa, en son enqu�te sur l'unit�du monde, la philosophie contemporaine. Toutefois, il ne sera pas inutile, croyons-nous, de faire pr�c�der cette�tude par un expos�sommaire de quelques vues g�n�rales. _ _ Elles visent les relations qui s'observent [p.X] entre l' agnosticisme _�_; l'un, principal apport du pass�ui et l' exp rience religieux, apport q semble vouloir s'arroger, dans la production philosophique de nos jours, le r�le inhibitoire et mison�iste jou�, dans un autre ordre d'activit�, par le Capital; l'autre qui, comme nous t�cherons de le prouver, se confond intimement avec la poursuite monistique et figure assez bien, dans l'antinomie conceptuelle pr�tendue insoluble, les ambitions
r�novatrices du Travail. _ _ Paris, en avril 1894.
NOTES: [1] _Agnosticisme_, pp. 72-73, 107-113, et _La Recherche de l'Unit�_, passim. _ _ [2] Agnosticisme , pp. 112-113.
* * * * *
AUGUSTE COMTE ET HERBERT SPENCER [p.1]
* * * * * LIVRE PREMIER LE PROBL�ME DU MONISME DANS LA PHILOSOPHIE DU TEMPS PR�SENT
* * * * *
I
Le caract�re dominant du positivisme, le�trait propre�qui valut� cette doctrine tant de disciples enthousiastes, est aujourd'hui sainement appr�ci�m�me des adversaires. Ceux-ci, en effet, admettent d�j�volontiers que la philosophie positive�r�v�le un sentiment beaucoup plus vif qu'on ne l'�prouvait auparavant : 1�de la liaison _ _ des choses, et 2�des [p.2]limites infranchissables qui bornent nos connaissances. Le positivisme s'affirmerait donc�la fois comme un monisme plus radical et comme un agnosticisme plus accentu�que les conceptions philosophiques qui le pr�c�d�rent et le pr�par�rent. Je souscris enti�rement�la seconde caract�ristique. Quant�la premi�re, je ne saurais l'accepter sans des r�serves expresses. Par sa belle classification des sciences sp�ciales, par la cons�cration qu'il apporte�une science nouvelle, la sociologie, si admirablement soud�e par lui�la s�rie inorganique et biologique, puis consid�r�e comme le terme final de nos connaissances abstraites, Auguste Comte d�veloppe, en effet, un genre de monisme fort injustement d�laiss�par ses pr�d�cesseurs et tr�s capable, en somme, d'impressionner un si�cle comme le n�tre,�la fois glorieux de ses grandes d�couvertes et fatigu�, presque rassasi�de ses succ�s scientifiques. A la foule croissante des esprits�clair�s ce [p.3] ma�tre de la pens�e contemporaine laisse entrevoir le triomphe possible d'une�unit� c�r�brale�, comme il l'appelle, fond�e sur les donn�es certaines de la science. Par malheur, Comte ne se borne pas�d�clarer la guerre au seul monisme transcendant. L'erreur c�toie chez ce philosophe le plus juste sentiment critique et le pousse�envelopper dans la m�me proscription l'unit�pure, l'unit�rationnelle, ostensiblement confondue par lui avec la chim�re m�taphysique.
Il n'y avait, certes, ni sagesse, ni grande clairvoyance�lever ainsi la hache sur les racines profondes du monisme scientifique dont on voulait favoriser l'�closion. Les ambages et les t�tonnements de Comte devaient, du reste, flatter les go�ts et satisfaire les pr�jug�s de ces majorit�s vaguement instruites aux yeux desquelles l'ind�cision passe presque toujours pour un signe de prudence, pour une temporisation habile. Trois forts courants intellectuels s'introduisent [p.4]manifestement dans l'ensemble de l'oeuvre d'Auguste Comte; trois grandes id�es directrices se d�gagent de la philosophie positive comme son r�sum�, son r�sidu, son enseignement supr�me, son legs d�finitif aux�ges futurs. Ce sont, dans l'ordre hi�rarchique de leur puissance respective: 1�le courant agnostique , le plus consid rable, le plus violent de tous, ou _ _� �_ _�_ _�_�_ l'id e de limite ; 2 le courant historique , ou l'id e d' volution , de progr�s lentement gradu�, s'effectuant par nuances insensibles, cela aussi bien dans les soci�t�s humaines que dans la nature vivante et le monde inorganique; enfin, 3�le courant _monistique_, l'id�e d' unit� c�r�brale, le point le plus faible, le moins d�velopp�dans la conception positive de l'univers. Envisag�soit comme doctrine pure, soit dans ses applications aux n�cessit�s imm�diates de la vie mentale, l'agnosticisme r�gente tyranniquement les deux autres parties de la philosophie positive et surtout son troisi�me principe, le monisme, auquel, et nous le verrons plus [p.5] tard, l'intol�rance des adeptes du _non possumus relativiste _ ne laisse, pour ainsi dire, qu'une ombre d'existence, un r�le�peu pr�s d�risoire. Littr�fait tr�s bien ressortir l'intransigeance de son ma�tre. Il le dit en propres termes: Pour le philosophe positiviste, l'univers cesse de se montrer concevable en son ensemble et se scinde en deux parts, l'une connue ou plut�t connaissable selon les conditions humaines, l'autre inconnue ou plut�t inconnaissable, soit dans la dur�e de l'espace, soit dans celle du temps, soit dans l'encha�nement des causes. Cette s�paration entre l'accessible et l'inaccessible est la plus grande le�on, que l'homme puisse recevoir, de vraie confiance et de vraie humilit�.--Et presque aussit�t il ajoute ces lignes significatives:�Il ne faut pas consid�rer le philosophe positif comme si, traitant uniquement des causes secondes, il laisse libre de penser ce qu'on veut _ des causes premi�res_. Non, il ne laisse l�-dessus aucune libert�; sa d�termination [p.6] est pr�cise, cat�gorique et le s�pare radicalement des philosophies th�ologiques et m�taphysiques.�Voil�des d�clarations nettes. Elles�manent du disciple qui se posa pour r�gle de ne jamais d�passer les conceptions du ma�tre, qui souvent m�me se glorifia d'avoir su les restreindre�leur expression premi�re. Il suffit, d'ailleurs, d'ouvrir le Cours de philosophie positive pour se convaincre de la _ _ fid�lit�scrupuleuse apport�e par Littr��l'interpr�tation de la doctrine de Comte. Mais que penser alors de l'objection qui nous fut faite derni�rement et qui consiste�soutenir que�nulle trace de pessimisme intellectuel�ne s'observe chez Comte; ou encore que �l'inconnaissable de ce philosophe, r�sultant des limites rencontr�es par l'exp�rience, et non de l'analyse subjective de l'esprit, n'est l'objet d'aucune religiosit�et diff�re�peine de l'inconnu?�[3] [p.7] Bornons-nous�enregistrer ici cette opinion. Le second principe directeur du positivisme, l'id�e d'�volution, rev�t une allure magistrale dans la partie sociologique de l'oeuvre de Comte. La filiation ininterrompue des g�n�rations humaines, les liens�troits de pi�t�et de gratitude qui, v�ritables points de suture, rattachent le pr�sent au pass�, la r�habilitation des�poques les plus d�cri�es, la solidarit�profonde et durable gr�ce�laquelle tout se tient et s'encha�ne dans le r�gne humain, absolument comme dans le r�gne
organique et, plus bas, plus au fond, dans le r�gne inorganique,--ce noble ensemble de doctrines faisait de l'histoire des soci�t�s humaines le prolongement, le compl�ment n�cessaire de l'�volution g�n�rale des choses. Sur ce point, Comte fut le pr�curseur g�nial de Darwin et de Spencer et le philosophe qui, l'un des premiers, ensemen�a le vaste champ o�le xixe si�cle leva une si�blouissante moisson. Arm�e de ces deux th�ories, qui furent toujours [p.8] ses grands chevaux de bataille, la philosophie positive remporta, cela presque imm�diatement apr�s la mort pr�matur�e de son fondateur, une victoire rare et qui un jour para�tra excessive. Sa popularit�, son expansion rapide�clips�rent la popularit�et l'expansion des plus triomphantes �coles du si�cle, telles que le kantisme ou l'h�g�lianisme, et d�pass�rent de beaucoup les succ�s et l'influence qui,�d'autres �poques,�churent en partage�des philosophies tr�s s�rieuses, tr�s dignes d'attention, le monisme de Spinoza, par exemple, ou le m�canisme de Descartes, l'�volutionnisme inchoatif de Leibnitz, le criticisme �l�mentaire de Hume. Ce point d'histoire ne saurait plus se nier aujourd'hui, surtout si l'on ram�ne, comme il convient de le faire,� ses origines positivistes, l'int�ressante diversion philosophique op�r�e par Herbert Spencer. Mais, d�s lors, le positivisme appara�t comme le r�cipient central, le large r�servoir latin o�se d�versent et d'o� sortent les principaux courants [p.9] philosophiques de notre�poque, depuis le criticisme germain qui, proprement, lui donna naissance, jusqu'�l'�volutionnisme anglo-am�ricain qui maintenant porte et r�pand ses enseignements aux quatre coins du monde civilis�. Mais pourquoi ou plut�t comment la pens�e de cet obscur r�p�titeur de math�matiques que resta sa vie durant Auguste Comte, parvint-elle� conqu�rir et�dominer ainsi tout un si�cle? A nos yeux, la brusque entr�e des id�es positivistes sur la sc�ne du monde et leur triomphe facile s'expliquent par deux causes ou deux conditions essentielles. En premier lieu, ces id�es�taient celles m�mes que pr�conis�rent, en des formules vari�es dans la forme, mais pareilles au fond, une longue suite de philosophies pr�c�dentes, toutes plus ou moins agnostiques, �volutionnistes et monistes. La conception positiviste se borna�r�unir en un faisceau dogmatique ces tendances implicitement contradictoires. Elle [p.10] sembla de la sorte lever ou r�soudre une des plus vieilles, une des plus redoutables antinomies de l'esprit. En second lieu,--et nous attirons l'attention du lecteur sur ce _ eur_ de g�nie; nous point,--Auguste Comte fut avant tout un vulgarisat employons ici ce terme dans son sens le plus large et le plus�lev�. Comte r�ussit�accro�tre,�agrandir de fa�on notable la base humaine qui servait de support vivant aux doctrines, aux imaginations abstraites de la philosophie. Et cette diff�rence, ce gain fut pris par lui en totalit�sur les cerveaux qui subissaient encore le joug des conceptions religieuses, toujours plus concr�tes que les philosophiques. Il d�mocratisa, pour ainsi dire, la philosophie, il en fit l'apanage d'un flot montant d'intelligences humaines. Il r�pandit plus abondamment que n'importe quel autre philosophe, et en des milieux nouveaux, la lumi�re qu'un petit nombre d'initi�s tenaient soigneusement cach�e sous le boisseau m�taphysique. [p.11] Il comprit ainsi admirablement son�poque, l'esprit et les besoins de son temps. Il fut le fils l�gitime--et, en son for int�rieur, tr�s respectueux--du xixe si�cle. Il se montra tel, du reste, de plusieurs fa�ons. Il pressentit et devina les tendances expansives, les aspirations�galitaires de la phase historique qui s'ouvrait devant lui, et il y satisfit de son mieux. Il adapta sa conception g�n�rale du monde�la capacit�intellectuelle des
nouvelles couches sociales conquises par la pens�e sous sa triple forme, philosophique, scientifique et esth�tique. Il fut le v�ritable promoteur de cette maxime que l'un de ses plus authentiques disciples, Taine, se plaisait�r�p�ter:�Sans une philosophie, le savant n'est qu'un manoeuvre, et l'artiste qu'un amuseur�. Et il vit venir�lui la foule des savants, des publicistes, des esth�tes, d'autant plus dociles�sa voix que celle-ci en appelait constamment au bon sens pratique des multitudes. Il fit plus encore. Il estima�sa juste valeur [p.12] la qualit�et la composition de la nourriture philosophique que r�clamait le si�cle. Il op�ra un choix sagace dans l'arsenal des conceptions surabstraites et des proc�d�s synth�tiques du pass�. Il s'attacha avec pr�dilection aux fruits d�j�m�rs d'une exp�rience plusieurs fois s�culaire. Et cette nutritive moelle des philosophies pr�paratrices, il la tira moins des livres ou de l'�tude minutieuse des m�taphysiciens, que de l'air ambiant, encore tout troubl�par la grande secousse r�volutionnaire, que de l'observation imm�diate d'une soci�t�chaotique, tumultueuse, en g�sine d'un id�al nouveau. Il la tira aussi de son commerce patient, obstin�, avec ce qu'il y a de plus grand, de plus s�r et de plus sain dans notre civilisation instable, du commerce avec la s�rie totale des sciences particuli�res, m�re des supr�mes abstractions de l'esprit. Il fut ainsi conduit�marier l'agnosticisme qui repr�sente le pass� religieux de l'humanit�, au monisme qui, repr�sentant son avenir scientifique, [p.13] contient en germe la n�gation formelle de l'inconnaissable. Et dans le m�me cadre, sans prendre garde qu'il pouvait se briser en pi�ces, il fit entrer, il maintint d'autorit�une troisi�me synth�se, la th�orie�volutionniste, figurative surtout de l'�poque actuelle dont elle constitue, sans nul doute, la principale marque. Au surplus, l'exceptionnel g�nie vulgarisateur de Comte se manifeste jusque dans la mani�re, qui lui est propre, de traiter les plus difficiles probl�mes. Je parle ici, bien entendu, de la m�thode du positivisme, et non de la forme ou du style des�crits de Comte, obstacle minime si l'on songe combien facilement il fut surmont�par le talent litt�raire des premiers�vang�listes de la bonne parole. Je le r�p� m comme doctrine ette, comme�thode , l'oeuvre de Comte est toute _ _ _ _ _ _ de nivellement ; j'insiste sur ce terme auquel, d'ailleurs, je n'attache aucune id�e p�jorative et qui dans ma bouche ne prend, en nulle fa�on, le sens d'abaissement. [p.14] Comte n'a aucun souci d'approfondir les trois grandes th�ses qui forment les pivots sur lesquels s'appuie son entreprise philosophique. Il�tend, il d�veloppe la surface occup�e par les probl�mes de l'agnosticisme, du monisme et de l'�volutionnisme; il cherche�rendre ces questions abstraites accessibles aux intelligences moyennes, il leur donne un aspect pratique parfois tr�s s�duisant, il invoque,�chaque tournant de route, les t�moignages de la raison vulgaire, de l'exp�rience de tous les jours. Il est autoritaire, dogmatique, ainsi qu'il convient�un penseur qui s'adresse�la foule. Il est le moins sceptique, le moins d�licat, le moins raffin�, mais aussi le moins calculateur, le plus sinc�re, le plus na�f des philosophes. Il est d'une bonne foi enti�re, admirable. Il se garde comme du plus grand des malheurs, comme d'un p�ch�irr�missible, de creuser les questions pr�alables, de scruter les principes, les points de d�part, d'aller au fond des choses. Il est l'ennemi jur�de la subtilit�[p.15] qu'il envisage comme la vraie tare m�taphysique. Au point de vue utilitaire, il a mille fois raison, puisque dans les vastes landes encore incultes, dans les jach�res de la connaissance, telles que la psychologie ou la sociologie, il�chappe de la sorte au verbiage oiseux,�l'aiguisement inutile du tranchant de la pens�e, qui ensuite se prodigue en pure perte. Mais, th�oriquement, sa position cesse d'�tre aussi bonne. Car
les sciences sup�rieures ne restent pas stationnaires, et leurs acqu�ts ne sont pas tous dus�l'observation pure et simple. L'�l�ment rationnel y entre pour une part qui va en augmentant. L'hypoth�se, l'abstraction et la g�n�ralisation y jouent un r�le de plus en plus consid�rable. En d�finitive donc, il y a lieu, croyons-nous, de reconna�tre cette v�rit�d'ordre exp�rimental: par le positivisme la philosophie--une philosophie s�rieuse--fut pour la premi�re fois mise�la port�e d'une tr�s forte majorit�d'esprits. Historiquement parlant et [p.16] jugeant, un grand progr�s s'est accompli par l�. La d�mocratie intellectuelle,--cr�ation, en somme, heureuse de notre�poque, puis-qu'elle permet les longs espoirs dans l'avenir destructeur des iniquit�s sociales,--la d�mocratie de l'esprit, dis-je, en fut du coup ennoblie,�pur�e, moralis�e. Un�crivain qui appartient aux jeunes g�n�rations sur lesquelles nous pouvons s�rement compter, l'affirme en ces termes nets (et je l'en f�licite):�Le positivisme n'effarouche que les consciences troubles dont il d�nonce les basses convoitises; toute la noblesse de l'homme s'irradie de son esprit�[4]. Mais il y a mieux peut-�tre, au regard des contingences futures. Sorties des nuages m�taphysiques o�se cachait leur�clatante nudit�, les trois grandes th�ories hypoth�tiques (v�rit�s ou erreurs, il n'importe): l'agnosticisme, le monisme et l'�volutionnisme, sont aujourd'hui descendues sur terre. Divinit�s autrefois [p.17] si farouches, elles s'humanisent visiblement; elles ne demandent qu'�subir la terrible �preuve, elles veulent bien devenir f�condes du fait de la science particuli�re. Faut-il ajouter qu'une orientation r�cente de la philosophie,�tiquet�e par la critique adverse comme _hyperpositivisme_ et�laquelle on me fait l'honneur d'associer mon nom, que cette orientation consiste essentiellement�pr�ter,�l'oeuvre naturelle et in�vitable d'un tel ensemencement scientifique, l'aide jusqu'ici d�daign�e des�tudes, des exp�riences sp�ciales dans les domaines limitrophes de la biologie, de la sociologie et de la psychologie? Et faut-il rappeler que le premier r�sultat de ces efforts encore si incertains fut de rejeter du positivisme l'�l�ment mystique, et en m�me temps de conserver, de raffermir, de d�velopper ses deux autres principes constitutifs?[5]
* * * * *
II [p.19]
La philosophie�volutionniste nous d�couvre une autre face de la contradiction fondamentale entre l'agnosticisme et le monisme. Destin�e, au dire de ses adeptes,�r�volutionner la philosophie, la science, l'art et jusqu'�la vie collective, cette grande doctrine pr�tend inaugurer une m�thode neuve, originale. Infiniment soucieuse des racines et des commencements, elle suit�la trace, elle note avec soin, �travers les temps et les milieux, la marche graduelle des choses et des�tres. Mais l'histoire de tous les�vangiles se ressemble, [p.20] d'une fa�on�tonnante. Celui que divulguent aujourd'hui les ap�tres de l'�volution s'accompagne d'une esp�rance robuste, d'une foi na�ve. Ainsi �voque-t-il le souvenir de la bonne nouvelle qui, partie jadis d'une infime bourgade de Jud�e, rayonna dans le monde antique. Un Dieu nous est n�, annon�ait-on alors avec un enthousiasme plus sinc�re et plus communicatif sans doute, mais de nature pareille�l'engouement contemporain, et un chemin fonci�rement nouveau s'ouvre au salut de l'�me humaine. On oubliait, on n�gligeait un d�tail qui ne manque pourtant pas d'importance: les incarnations divines pr�c�dentes, le
grand souffle bouddhique de charit�, le courant d'amour universel entra�nant et sauvant des millions d'�mes anc�tres! L'illusion du vieux-neuf est tenace dans l'humanit�; aucune croyance ne l'�vite. Elle se loge au coeur m�me de la th�orie qui aspire�la dissiper en l'expliquant, elle s'empare de la doctrine qui enseigne que tout a son germe [p.21] en tout. Mais, brouillant la vue claire du pass�, elle emp�che de saisir le sens direct des modalit�s pr�sentes. Il est peut-�tre temps de mettre un peu d'eau dans le vin qui enivre les �volutionnistes. Non, leur fameuse th�se n'est pas le verbe nouveau qu'ils disent, la lueur subite venant illuminer les sciences connexes de la vie, de l'�me et des soci�t�s humaines. C'est l�, au contraire, une v�rit�tr�s ancienne, tr�s�prouv�e et tr�s g�n�rale, qui suscita des luttes innombrables, qui eut ses p�riodes de vigueur et ses�poques de d�faillance, ses�clipses et ses r�apparitions triomphales;--une v�rit�, en somme, qui, loin d'imposer�notre esprit une discipline et des r�gles jusque-l�inconnues, le contraint plut�t�suivre docilement, en ses explorations r�centes, la voie scientifique depuis longtemps ouverte. Les choses et leurs apparences, les ph�nom�nes, coulent, changent, deviennent,�voluent: nul dogme d'envergure plus vaste ne [p.22] pr�c�da cette g�n�ralisation solidement�tablie par la science du nombre, par la m�canique c�leste et terrestre, par la physique et la chimie rudimentaires. Le concept de mouvement qui relie et unifie ces diverses recherches, nous apporte�cet�gard un t�moignage irr�cusable; car c'est au m�canisme que les th�ories�volutives modernes, forc�es dans leurs derniers refuges m�taphysiques, ram�nent les changements quelconques et les mutations d'existence si all�grement r�sum�s par elles en leur vocable pr�f�r�. Un second t�moignage, et non moins pr�cieux, nous est fourni par la m�taphysique�difiant sur le concept du �devenir�une foule de d�ductions extr�mement ing�nieuses. Mais d'o� pouvait-elle tenir ce concept central, sinon de l'exp�rience contemporaine, et comment, sans l'appui des hypoth�ses particuli�res, des sp�culations scientifiques de l'�poque, e�t-elle r�ussi�maintenir des affirmations aussi hasard�es? On d�savoue et condamne l'esprit m�me de la doctrine [p.23]�volutionniste en supposant possible une br�che, une solution de continuit�de cette sorte. L'id�e d'un d�veloppement successif appara�t comme une des plus vieilles notions qui dirig�rent le savoir particulier. C'est�ce dernier que la m�taphysique emprunta l'abstraction correspondante. Succ�dant�la th�ologie, elle installa sur les ruines des croyances confus�ment int�grales des premiers�ges de la pens�e, la diff�renciation classique des�trois devenirs�,--celui de la mati�re ou du mouvement, celui de la vie ou de la sensation, et celui de l'esprit ou de l'id�e. Mais la science la plus primitive et la m�taphysique la plus pu�rile se sont toujours inspir�es d'un autre principe encore, que toutes deux pla�aient, clans l'�chelle abstractive, au-dessus de l'id�e d'�volution, et que toutes deux consid�raient, par le fait, comme le but supr�me de la connaissance. Je veux parler du concept d'unit�. L'id�e d'�volution offrait un moyen s�r pour [p.24] ramener la multiplicit�effective des ph�nom�nes�leur identit�essentielle. Le principe inf�rieur symbolisait l'ensemble des m�thodes rationnelles capables de nous conduire�une telle fin. Il se pliait de lui-m�me aux exigences du principe sup�rieur. On entra donc de prime abord et r�solument dans la voie monistique. Le devenir, diff�rentiel et multiple par d�finition, de l'�tre toujours un et semblable�lui-m�me, ou, en d'autres termes, l'unit�de l'univers et son explication scientifique la plus plausible, l'�volution des
choses, se pr�sentent ainsi, avec�vidence, comme les deux grandes id�es r�gulatrices de toute sp�culation g�n�rale. Un rapport logiquement n�cessaire, exp�rimentalement v�rifiable, relie l'id�e d'unit��, l'id�e d'�volution. Si l'une constitue l'�me de la philosophie, l'autre en forme le corps, la condition apparente, le rev�tement sensible. Accumuler les donn�es et les faits diff�rentiels, multiplier les exp�riences, se servir de l'id�e d'�volution sans perdre de vue la fin unitaire [p.25] supr�est, tel demeure le lot de la scienceme, tel imparfaite. Quant�l'id�al,�la science parachev�e, elle souhaite la fusion intime de ces deux principes d'abord vaguement distingu�s et plus tard pos�s, par l'analyse verbale, comme contraires r�els. La m�canique s'appuie sur la base des math�matiques, la physique s'�taye des v�rit�s m�caniques, la chimie se d�veloppe sur les fondements �tablis par la physique; et la s�rie se prolonge pour toutes les cr�ations mentales venues�temps sur la pente qui conduit l'esprit du plus connu au moins connu, des apparences simples et�l�mentaires aux apparences complexes et difficiles. Par contre, la discipline qui ne voulut pas se conformer�cette marche n�cessaire ignora, de parti pris, l'id�e d'�volution. Toute science h�tive et pr�matur�e pr�tendit pouvoir se passer de la m�thode exp�rimentale, de l'examen attentif des faits concrets, individuels. Telles s'offrent�nos yeux la biologie avant l'�panouissement des connaissances [p.26] physico-chimiques, et, a _ _�surtout fortiori , la sociologie et la psychologie; et telle se d voile la synth�se philosophique qui jamais ne r�alisa les conditions exigibles d'une formule savante de l'univers. Conception b�tarde, rivale d�j�trop faible de la th�ologie plus simpliste, plus vivante, elle se s�para des sciences pleinement constitu�es et se rapprocha des branches naissantes du savoir. Elle conclut avec celles-ci une alliance si�troite qu'� certaines�poques il e�t�t�vraiment difficile de dire, par exemple, o� finissaient la psychologie et la morale, la r�gle sociologique, et o� commen�ait l'ontologie, la th�orie des principes essentiels du monde. Aussi cette sorte de philosophie demeura-t-elle longtemps, sinon hostile au principe�volutif et�la m�thode exp�rimentale, du moins incapable de faire fructifier le premier, ou d'appliquer s�rieusement la seconde. La progression de l'id�e moniste en�prouva un retard sensible. Cet effet ne pouvait manquer de se produire, puisque le principe�volutif [p.27] joue�l'�gard de l'id�e d'unit�le r�le d'un coefficient qui en d�cuple la valeur. Le monisme scientifique s'arr�ta m�me brusquement dans sa marche vers le conqu�te de l'inconnu; il n'osa pas franchir les �cueris myst�rieux qui se dressent entre le monde de la vie et la nature inorganique. Et le monisme philosophique, d�viant de plus en plus de la route qui m�ne�l'unit�rationnelle, finit par se transformer en un monisme transcendant[6]. Tout cela�tait in�vitable. L'id�e d'unit�ou d'identit�sert de principe r�gulateur�notre savoir, et l'id�e d'�volution constitue notre m�thode la plus efficace pour justifier et v�rifier ce crit�rium supr�me. Car l'unit�se pose tout d'abord en postulat, en hypoth�se; mais peu�peu elle se transforme en v�rit�d'ordre exp�rimental et rationnel�la fois. Ces deux grandes id�es devaient donc, forc�ment, traverser la m�me crise et subir la m�me alt�ration. [p.28] Plus haut, nous n'avons pas ni�la r�alit�du mouvement intellectuel qui entra�na dans le sillage m�taphysique le tron�on isol� des sciences dites sup�rieures. Mais nous n'y pouvons voir qu'une agitation factice et inf�conde, et quelquefois m�me un recul, un v�ritable retour�l'ignorance des temps primitifs. En effet, un troisi�me�l�ment formateur de la connaissance--ou d�formateur, selon le point de vue--s'est toujours joint aux id�es d'unit�et d'�volution et a tenu,�leurs c�t�s, une large place. Le savoir qui m�ritait ce nom par son d�veloppement r�gulier, acceptait
pour seul guide l'exp�rience. Il�tait conduit par les id�es d'�volution et d'unit�. Mais le savoir inchoatif et la m�taphysique qui l'accueillait avec faveur en lui donnant le pas sur les branches constitu�es de la connaissance, admettaient encore un troisi�me principe: l'id�e de l'au-del�, de l'universel myst�re, fond intime des _ _ conceptions religieuses et de toute foi a priori . Ainsi [p.29] s'expliquent les nombreux essais qui pr�tendirent concilier l'infini, l'absolu, l'inconnaissable avec l'�volution et l'unit�. Ces tentatives devaient demeurer vaines, logiquement parlant. Mais elles remplirent de leur bruit l'histoire de la philosophie, elles donn�rent naissance�une interminable suite de contrastes st�riles, d'affirmations surabstraites accompagn�es de leurs n�gations fictives, couples�tranges qui tous d�rivent,�videmment, de l'antinomie primordiale entre l'immanence (l'unit�d�voil�e par l'�volution des choses et des�tres) et la transcendance (l'en-dehors hyperphysique),--opposition quintessenci�e entre l'exp�rience et sa n�gation pure, la non-exp�rience. Or donc, d'o�vient et comment s'infiltre dans le cerveau de l'homme, comment s'impose�la m�taphysique en particulier, l'id�e de transcendance, destructive de tout vrai savoir envisag�dans ses conclusions ultimes, et essentiellement limitative si l'on ne d�passe [p.30] pas les degr�s interm�diaires, les g�n�ralisations inf�rieures de la connaissance? A cette question nous r�pond�mes par deux fois: dans notre livre sur l' Inconnaissable_ et dans celui sur l'_Agnosticisme . La gen�se, les _ _ origines de cette id�e�clairent son action inhibitoire sur la pens�e. Elle est la survivance des�ges lointains de l'humanit�, le reliquat des fausses certitudes, des illogismes, des craintes superstitieuses des temps�coul�s, le signe g�n�ral�voquant l'ensemble des m�thodes irrationnelles o�se fourvoya l'esprit de recherche. Elle fut toujours et demeure encore, par cons�quent, une n�gation directe de l'id�e d'�volution.
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III [p.31]
R�sumons bri�vement la double analyse pr�c�dente. Trois id�es-forces, pour parler comme M. Fouill�e, ont guid�la � �_�_ _�_ t philosophie du pass . Les id es d' unit et d' volution appartiennen �la science. Elles expriment le fonds propre de celle-ci, elles figurent ou symbolisent la recherche exp�rimentale. L'id�e de l'_au-del�_ appartient�la m�taphysique qui la re�ut en h�ritage de la th�ologie. Elle forme l'apport atavique de l'ignorance primitive, elle figure ou symbolise l'incertitude initiale, ins�parable de l'esprit de cr�dulit�. [p.32] Mais ces m�mes id�es directrices manifestent en outre deux tendances fondamentales qui, dans l'ordre intellectuel, s'opposent comme l'affirmation et la n�gation, et, dans l'ordre�motif, comme l'optimisme et le pessimisme du savoir. Certes, nous sommes loin de m�priser les avantages qui se peuvent retirer du pessimisme ou de la n�gation contenus en de justes bornes. Nous sommes loin aussi de contester l'utilit�relative du mythe religieux. Mais cela ne saurait nous emp�cher de reconna�tre la v�rit�de l'observation selon laquelle l'agnosticisme, p�n�trant dans le milieu fa�onn�par les d�couvertes de la science, y d�termina toujours une forte fermentation m�taphysique. Dans la philosophie du temps actuel, ces trois grandes id�es sont