Ir y quedarse: note à un sonnet de Góngora ¡A la mamora, militares, cruces! - article ; n°1 ; vol.17, pg 205-222
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Ir y quedarse: note à un sonnet de Góngora ¡A la mamora, militares, cruces! - article ; n°1 ; vol.17, pg 205-222

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Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1981 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 205-222
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 80
Langue Catalan
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Michel Moner
Ir y quedarse: note à un sonnet de Góngora ¡A la mamora,
militares, cruces!
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 17, 1981. pp. 205-222.
Citer ce document / Cite this document :
Moner Michel. Ir y quedarse: note à un sonnet de Góngora ¡A la mamora, militares, cruces!. In: Mélanges de la Casa de
Velázquez. Tome 17, 1981. pp. 205-222.
doi : 10.3406/casa.1981.2346
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1981_num_17_1_2346IR Y QUEDARSE : NOTE A UN SONNET DE GONGORA
jA LA MAMORA, MILITARES, CRUCES!
Par Michel MONER
Membre de la Section Scientifique
Une note de Salcedo Coronel, reprise par Biruté Ciplijauskaité dans son
édition aux Sonetos completos de Don Luis de Gôngora nous propose la
lecture suivante du sonnet consacré à l'épisode guerrier de la Mamora :
El afio de 1614 se apoderô el Armada Real ... del rio de la Mamora que ... esta poco mâs
adelante del Puerto y Castillo de Larache en la costa de Africa ... Poco después de haberse
apoderado los nuestros de aquel sitio, vino nueva a la corte de que lo habia sitiado con
grande multitud de gente el enemigo ... No hubo caballero ni sefior que no desamparase la
corte bajando a la Andalucia para pasar al socorro ... Mas don Luis ... describe la partida
de algunos, introduciendo cuatro personajes que hablan en él: uno que da la nueva y
exhorta al socorro; otro que manda prévenir algunas cosas para el viaje; un criado Bufôn
que le pregunta y responde, y una dama que queda llorosa"1.
Voici le texte du sonnet, tel qu'il a été retranscrit dans cette même édition :
— jA la Mamora, militares cruces!
jGalanes de la Corte, a la Mamora!
Sed capitanes en latin ahora
los que en romance ha tanto que sois duces.
iArma, arma ensilla, carga! - iQué? ^Arcabuces?
— No, gofo, sino aquesa cantimplora,
Las plumas riza, las espuelas dora.
— ^Armase Espafta ya contra avestruces?
— Pica, Bufôn. jOh tû, mi dulce dueflo!
Partiendo me quedé, y quedando paso
a acumularte en Africa despojos.
— jOh tû, cualquier que la agua pisas leflo!
jEscuche la vitoria yo, o el fracaso
a la lengua del agua de mis ojos2!
L. de Gôngora, Sonetos completos, Ediciôn, introducciôn y notas de B. Ciplijauskaité,
Madrid, Castalia, 1969, Clâsicos Castalia ns 1, p. 187. Voir également Garcia de Salcedo
Coronel, Obras de don Luis de Gôngora comentadas, Madrid, 1636-1644 et 1648 (3 vol.),
vol. II, p. 531-532.
B. Ciplijauskaité, op. cit., p. 187. Il s'agit du sonnet nQ 122. 206 MICHEL MONER
II est clair qu'il s'agit d'un dialogue; mais, sait-on qui se cache exactement
derrière chaque réplique?
Selon Salcedo Coronel, quatre personnages prennent successivement la
parole : le premier lance un appel à la mobilisation; le second -un "galant de
Madrid"- donne des ordres à son valet pour les préparatifs du voyage; le
troisième -nommé Bufôn- n'est autre que ce même valet, qui donne, en
l'occurrence, la réplique à son maître; et le quatrième est une dame éplorée que
le galant délaisse pour voler au secours des assiégés de la Mamora1.
Fidèle, semble-t-il, aux éditions antérieures, Biruté Ciplijauskaité signale,
comme tous les éditeurs, le passage d'une réplique à l'autre en matérialisant
chaque changement de voix par un tiret. On relèvera, néanmoins, à cet égard,
une première anomalie : il n'y a pas de tiret au début du deuxième quatrain. Il
s'agit vraisemblablement d'une omission puisque Ciplijauskaité semble par
ailleurs accepter l'interprétation de Salcedo Coronel, dont elle reproduit la
note en bas de page. Or, pour ce dernier, il ne fait aucun doute que ce sont deux
personnages distincts qui s'expriment respectivement dans le premier et le
deuxième quatrain : "uno que da la nueva... otro que manda prévenir algunas
cosas para èl viaje2..." il y a donc, à l'évidence, un changement de voix qui
devrait être signalé ici par un tiret, comme c'est le cas, du reste, dans l'édition
d'Isabel et Juan Mille y Giménez :
— jArma, arma ensilla, carga! - iqué? jArcabuces?3.
Cette défaillance de la ponctuation n'est cependant pas très gênante et le
lecteur, éclairé par la note, a tôt fait de la rétablir.
Nous serons beaucoup plus réservés, en revanche, en ce qui concerne le tiret
qui figure en tête du deuxième tercet :
— /Oh tu, cualquier que la agua pisas leno4!
A vrai dire, ce tiret est tout à fait pertinent si l'on s'en tient -avec Mille y
Giménez et Ciplijauskaité à la note de Salcedo Coronel qui nous propose
d'interpréter cette dernière strophe comme l'adieu à l'amant de la dame
éplorée : "una dama que queda llorosa5". Mais s'agit-il bien de cela?
1 Voir supra. Cette interprétation est reprise par I. et J. Mille y Giménez. Voir L. de Gôngora,
Obras complétas, Madrid, Aguilar, 1956. (4* ediciôn), p. 1155.
2 Voir supra.
3 Mille y Giménez, op. cit., p. 503-503.
4 Ce tiret figure également dans l'édition de Mille y Giménez, op. cit., p. 503.
5 Voir supra. IR Y QUEDARSE : NOTE A UN SONNET DE GONGORA 207
On aura remarqué, au premier abord, le parallélisme entre les deux vocatifs
lancés, dans une même emphase, au premier et au deuxième tercet :
/ Oh tu, mi dulce dueno!
/Oh tu, cualquier que la agua pisas leno!
Faut-il voir dans cette symétrie que renforce l'identité de la rime une sorte
de jeu d'écho qui ferait coïncider dans un élan réciproque les adieux de l'amant
(1er tercet) et ceux de la dame (2e tercet)? Nous serions tout prêt de l'admettre
avec Salcedo Coronel si l'on retrouvait cette même réciprocité au niveau des
pronoms représentatifs. Or, si la première apostrophe -\ Oh tu, mi dulce dueHol-
s'adresse bien à la dame, celle qui semble lui faire écho -\Oh tû, cualquier...
leno\- ne s'adresse pas à l'amant. On aura reconnu, en effet, dans la
métaphore, gongorine, une variante métonynique du cliché qui consiste à
nommer l'arbre pour désigner la nef1. Certes, on pourrait admettre que, par
un double glissement métonymique, le leno soit, tout à la fois, et le vaisseau et
l'amant qu'il emporte; mais il y a une objection qui nous empêche de souscrire
à cette interprétation.
Il convient de rappeler, en effet, que ce dialogue a initialement pour cadre la
ville de Madrid : c'est aux galanes de la Corte que s'adresse le premier quatrain
et il est indéniable que c'est à Madrid même que se font les préparatifs du départ
et les adieux. C'est donc là, au moment de donner le premier coup d'éperon à la
monture qui doit le conduire dans quelque port d'Andalousie -Pica, Bufôn-
que notre galant se tourne une dernière fois vers sa belle pour un ultime
compliment : \Oh tû, mi dulce dueno... ! II faut donc se rendre à l'évidence : les
adieux ont bien lieu sur le pavé madrilène et non a la lengua del agua. On voit
mal, dans ces contidions, comment la belle délaissée pourrait, du haut de son
balcon de Castille, interpeller un voilier, absent -et pour cause-. L'image -que
nous suggère Salcedo Coronel- de la dame éplorée, agitant son mouchoir sur
les quais de Cadix, en regardant s'éloigner sur les flots le navire qui emporte
son amant, n'est donc absolument pas compatible, on en conviendra, avec la
C'est, généralement, le pin ou le sapin. Dans Le siège de Paris par les Normands (IXe S.), on
voit ainsi toute une flotte littéralement transformée en forêt: "rien n'apparaissait, couvert
qu'il était comme d'un voile par les sapins, les chênes, les aulnes, les ormes trempés dans les
eaux..." Voir Manuel d'Histoire Littéraire de la France, Paris, Editions Sociales, 1971 (4 vol.),
tome I, p. 116. 208 MICHEL MONER
lecture des trois premières strophes. Faut-il incriminer Gôngora pour cette
incohérence "géographique"? Nous ne saurions, pour notre part, aller jusque
là. De fait, tout s'éclaire si l'on s'écarte de la lecture proposée par Salcedo
Coronel et si l'on admet que ce n'est pas la dame qui s'exprime dans le deuxième
tercet mais le galant lui-même.
Comment serait-ce possible, dira-t-on, puisque notre homme devait se
trouver à bord du navire, en route pour l'Afrique? Mais, précisément, telle est
la question : était-il bien à bord? Tout nous porte à croire, pour notre part, que

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