Le destin de Leldo Tara
61 pages
Français

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Le destin de Leldo Tara , livre ebook

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Description

Tara aurait-elle eu tort de croire au retour de son fils Leldo Tara et de le dire ? Le jeune Hamidiatou serait-il assez fou pour rester planté là à tout jamais à la lisière du village ? Et Karmako aurait-il dit un mensonge en murmurant qu'aucun des aînés ne pouvait devenir le successeur de son père ? Vous aurez la réponse à toutes ces questions en lisant ce conte poétique empreint de magie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2007
Nombre de lectures 50
EAN13 9782296916340
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE DESTIN DE LELDO TARA

Prince Peuhl du Fouta Damga

Sénégal
La Légende Des Mondes
Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland,
Joëlle et Marcelle Chassin


Dernières parutions

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Oumar Abderrahmane Diallo


LE DESTIN DE LELDO TARA


Prince Peuhl du Fouta Damga

Sénégal





L’Harmattan
© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’EcoIe polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-04151-6
EAN : 9782296041516

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
LE SERMENT DU ROI GUÉLADIO
Guéladio Hamet, le roi du village de Dalla {1} , avait sept épouses. Chacune, sauf la belle Tara qu’il venait d’épouser, avait déjà mis au monde un fils, un petit Hamady. Ce prénom, la coutume peuhle le veut, est toujours réservé au garçon premier-né. Pour distinguer chacun de ses fils, le roi leur ajouta le nom de celle qui l’avait mis au monde.
La belle Tara, la diombadio {2} , attendait impatiemment que son ventre mûrisse et qu’elle aussi ait son garçon, son Hamady.

Le nom de Tara, la belle Tara, quelques mois seulement après son mariage, s’était répandu partout dans la région du Fouta Damga. On peut le dire, son nom était devenu le cure-dent de toutes les bouches et cela la nuit comme le jour. Tara ! Avec son allure de gazelle et sa peau toute douce, elle pouvait apaiser la soif de n’importe quel homme devenu son époux. Son visage et son corps brillaient, même dans l’obscurité.
A elle seule, elle prouvait à tous que la femme peuhle pouvait être la plus belle des femmes d’Afrique, comme l’avaient répété les vieux sages. Ses traits étaient doux et elle pouvait lisser ses cheveux comme les femmes hindoues. Sa taille si fine lui permettait de se courber avec élégance, comme une branche de palmier sous le vent. Celui qui la découvrait dans la fraîcheur du matin, seule au moment de la prière, pouvait croire qu’elle était une apparition, en porcelaine. Celui-là, s’il apercevait ses yeux sous son voile remarquait le blanc aussi blanc qu’un œuf d’autruche dans lequel se perdait une pupille noire, étincelante. Oui, celle-là, cette dernière épouse du roi Guéladio, n’avait pas besoin de s’orner de colliers en or pour être belle !

Tara avait aussi bien d’autres mérites. Elle savait toujours à qui elle s’adressait et comment parler ; elle mesurait ses mots ; elle n’ignorait jamais où elle mettait les pieds et elle ne se mêlait jamais de ce qui ne la regardait pas. Jamais Tara n’élevait la voix et jamais elle ne prononçait un seul mot vulgaire qui écorche la bouche de celui qui le lance et l’oreille de celui qui l’entend. Toujours, elle était au service de son mari et de ses beaux-parents qu’elle aimait respectueusement comme son propre père ou sa propre mère.
Elle était appréciée donc, et pas seulement pour sa beauté.

Le roi Guéladio dans aucun de ses rêves n’avait osé espérer une épouse si parfaite et tout ce qui se disait de Tara plaisait au roi Guéladio.
Un soir, alors que le vent dormait dans une de ses cachettes, le roi Guéladio appela toutes ses épouses. Il savait que ses paroles ne s’envoleraient pas. Les sept femmes se présentèrent et s’assirent autour de lui, sous l’apatam {3} royal. Bien sûr, les six premières épouses avaient, chacune près d’elle, leur petit Hamady. Ces garçons-là avaient déjà tous entre cinq et dix ans. Tara, elle, n’avait pour se distinguer que son gros ventre qui depuis six ou sept mois s’arrondissait.
Le roi, après avoir un instant fermé les yeux, après avoir respiré profondément la douceur du soir, informa ses épouses :
Si je vous ai réunies ce soir, c’est pour que vous sachiez, sans plus tarder, ma décision concernant mon héritage royal et donc le trône de Dalla.

C’était juste après le crépuscule, le soleil s’apprêtait, à l’ouest, à se coucher derrière les grandes collines. Les reines écoutaient de toutes leurs oreilles. Le roi continua :
Je parle devant Dieu le miséricordieux, devant Dieu notre créateur qui inventa tout l’univers et je parle devant vous et mes enfants. Je parle devant le ventre rond de Tara aussi. Je parle sur l’honneur du royaume de Dalla. Voici. Quand j’en serai à mon dernier souffle, quand mon cœur cessera de battre du tam-tam dans ma poitrine, ce sera le fils de Tara, celui qui va naître bientôt, qui me succédera sur le trône.
Pendant tout son discours ses yeux avaient scruté la petite assemblée silencieuse. Puis il resta un instant muet avant de reprendre :
Je le sais, celui-là n’est pas encore né et Tara n’en est qu’à six ou sept mois de grossesse. Avant l’arrivée de ce petit tout peut se passer. Seul Allah le tout-puissant, le clairvoyant sait ce qui va arriver. Moi, je voulais vous informer à temps. Je voulais que chacune sache ma volonté dès aujourd’hui. Je voulais et je veux que ma parole éteigne toute flamme qui allumerait une dispute à propos de mon héritage. Que chacune de vous tienne compte de mon choix et sache que j’ai beaucoup réfléchi. Tara fait l’unanimité de tous les cœurs. Elle est une bonne et digne épouse.
Il sembla au roi Guéladio que toutes ses femmes étaient d’accord avec son choix. En vérité, toutes auraient voulu pouvoir se lever et partir sans dire mot. Leur lourd silence cachait leur hypocrisie. Ce que le roi ne percevait pas, Tara l’avait tout de suite deviné. Elle posa ses yeux sur chacune d’elles et chaque visage fermé lui laissa entendre les paroles qui n’osaient pas sortir des bouches : « D’accord roi Guéladio, vous avez fait votre choix, nous n’y pouvons rien, mais nous ferons tout pour empêcher le fils de Tara de prendre possession de cet héritage… »

Tara souriait. Elle s’adressa d’abord au roi :
Honorable époux, permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour votre choix et de faire ainsi de mon fils votre futur héritier. Sachez bien que d’ici là, je ne manquerai jamais d’accomplir mes devoirs d’épouse. Je vous serai fidèle et je vous rendrai heureux jusqu’au dernier souffle de ma vie.
Tara se tourna vers ses co-épouses et leur dit :
Je souhaite que vous soyez dans les mêmes dispositions et que vous aurez jusqu’à votre dernier souffle la dignité de bonnes épouses.
Elle conclut en regardant son roi au fond des yeux :
Honorable époux, seul le Dieu très haut est infaillible, aussi n’oubliez jamais roi de Dalla qu’il faut se méfier des paroles ramassées aux sabots du cheval.
Son beau sourire adressé à tous mit un point final à ces quelques mots que même le sable du désert aurait pris comme un avertissement.
LA NAISSANCE DE LELDO TARA
Trois lunes passèrent. Tout le village remarqua pendant une longue semaine l’absence de Tara. Un soir, elle sentit arriver les premières douleurs. C’était un dimanche et des vagues de souffrance remuaien

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